Il était sept heures, je crois, de l'autre côté du quadrant, les sept heures passées douze, les sept de quand les déments s'éveillent et les gamins baillent. Je me souviens des soviets de famille par câbles interposés et ma voix rendue molle par la fièvre. J'étais aussi confuse que mon grand-père, sous une couette de pages, un cadavre masqué par autant de draps-mages que j'avais pu trouver. Il était sept heures, je crois, de l'autre côté des passants de rue, à couvert du froid mais sous la plus grande crue de l'année, l'univers me pissait dessus et j'étais tout sous-rire. Je me souviens, de fait, avoir senti la fièvre revenir, remporter un combat inégal contre le dafalgan 500 - c'était une course de f1 en deux-chevaux et j'étais à un cheveu de vomir.



Je revenais à cet œil, gravé dans l'escalier. J'y pensais depuis mon lit, le voyais bien gober mes ancêtres sans trop s'attarder, des en-cas parmi d'autres. Au téléphone, ça barbotait "et tu penses que ça ira ?". J'avais les réponses, les donnais du bout des lèvres, avec précaution. La discussion marchait avec des béquilles, je l'équilibrais lentement, sans me précipiter. Au téléphone, papa disait "je le savais, je ne suis pas idiot, tu sais."

Il était sept heures, et les minutes passaient comme des soufflets aux joues, nous les rendaient rouges de tension. Les sept heures des savants qui annoncent et les gamins baillaient, je crois, dans mes souvenirs ; les gamins baillaient, pendant les soviets de famille, perdus dans un gouffre de radio fréquences.

Moi, j'étais aussi confuse que mon grand-père, ne savais plus trouver juillet et Noël approchait, on me perdait en plein hiver.