dB 47
Ô sournoises persiennes
Quelles merveilleuses dorures déposez-vous donc
Sur son torse offert au frais matin de janvier…
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Je somnolais, le sein battant par sa présence et le soleil s’étirait contre le volet, j’en voyais la graisse poindre par les interstices, s’écouler jusqu’à son dos tourné au mur qui fut autrefois tout contre le jour. Le premier matin de janvier, la fraîcheur du jour cueillait mes pieds et la douceur de sa peau taquinait la mienne, sans qu’il ne s’en rende vraiment compte. Il était encore, et serait toujours, prisonnier d’un autre monde, quelque part sur un fil de frontière, en funambule du rêve. J’obtenais malgré tout de lui quelques murmures comme signes de vie, quelques éclats provenant du fin fond d’un champ de moutardes.
Au réveil, les yeux clos, il m’enlace. Au réveil, le cœur faux, il m’enlasse.
Je me raccrochais au zonzonnement du réfrigérateur et repassais d’un regard les entailles brûlées de mon mur pour en lisser le pixel. Douce lueur, qu’es-tu sinon le détail qui me retient, chaque graisseuse matinée, d’espérer après une folie des grandeurs ? Je gardais du soleil, depuis si longtemps en mémoire, sa main chaude, et de la houle, la berceuse de bambin qui m’apaisait. Mais ici, le vent rougit et le zénith pleure - quand il ne crache pas ses rayons. Et mon lit est devenu ce rafiot sur lequel tout un est autre, tout moi est nôtre ; bien sot, le monde qui ne sait pas l’existence sous mes draps, entre mes murs, sous mes doigts, de ce secret de dune et d’hiver.
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Je n’ai jamais fumé mais je me disais - il était presque dix heures et je l’attendais sur les berges de la belle endormie - qu’entre la poudre et le cendrier, il n’y jamais que le vide et la clope se suppose grande duchesse de la chaîne, n’est pourtant qu’une chienne crasse.
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Et, ô sournoises perces-siennes, quelles vermeilles gerçures creusez-vous donc sur ma poitrine offerte au frais matin de janvier ?
pour E.
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