dB 40
J’ai léché une larme salée entre ses cuisses.
Il y a des jours où la terre dépourvue d’homme pleure à ses côtés. Je me recueille contre sa chair, m’essaie à la tendresse, rien ne me réussit. On dirait une pièce absurde où les mannequins prennent les beaux rôles et je suis le buste, et je porte la cape, et je tiens le sceptre.
Je dois être née au masculin, peut-être, ma sensibilité est exacerbée en parallèle du monde, jamais tout à fait contre. Lèche cette larme entre ses cuisses et dis-moi comment tourner dans le vague et croire bien faire. Ainsi, j’y ressemblerai étrangement, peut-être.
Peut-être
Qu’il faut manger une lame entre ses cuisses, la digérer, souffrir son trajet jusqu’au plus profond de soi pour devenir comme une femme, mais ne pas encore l’être tout à fait.
Pour moi. On écrit probablement rarement assez pour soi.
[Coline Rio - Les gens qui doutent]
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