dB 38

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M’Adonies s’alanguit tout contre le frimas de l’aurore, avide de soleil. Elle a tout d’une fête. Les paupières violacées tombantes, les nœuds dans le blond, les points d’exclamation en satin poinçonneurs de mots, elle a tout d’une fête et son parfum se danse en poussière. J’ai ensemencé sur moi le jardin de l’élégance, la mue de l’année, je l’ai plantée elle, en huile sur roseraie.

De Byblos à ici, Aphrodite, on ne parle que de ta main lasse qui se pose sur les peaux de fleurs. La mienne jacasse, tu lui rendrais hommage. Et si l’été passe, mon corps va et vient dans l’écume, tinte à l’appel d’un coquillage. Je pépie sur ma branche et le matin crisse contre ma bouche de bois. [Elle] s’épanche et je bois.

Aphrodite, les jours trépassent et le jardin fleurit. On jetait pétale sur pétale et la ville en est maintenant recouverte. C’est ainsi que les adonis naissent, d’une pile de chiffes défaites, au décours d’une noce funèbre, de l’hiver et des couleurs. J’ai son musc en note de fête, tout danse, tout claque comme les Elles du Tabac d’Espagne.

M’Adonies s’agite, swingue les pieds plongés dans le midi, à vif de merveilles. Elle a tout d’une fête. Les paupières fragiles et charmantes, les yeux soufflés des eaux, les pointes d’appréciation en marin de peau douce, elle a tout d’une fête et son parfum s’échappe des pépinières, et j’ai ensemencé sur moi son jardin d’élégance, en plume sur papier.

Pour D.


[See Her - Julia Romana]

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