Les papilles s'envolent et le temps se gâte, goutte à goûte l'aurore, nez fourré dans l'amertume des cardamines. Ce soir l'homme part, la femme vogue, toustes fêtent. Il est elle, dansent, bière en main, séparés par l'inconnue qui tressaille d'absences. Il est tel qu'on déguste le fiel des fleurs tandis qu'à ma fenêtre j'épuise la fatigue à coups de couette molletonnée.

Les papillons entonnent le triangle des points casse-pieds. Elle veut lécher l'assiduité des groseilles mais il fait tard, ma jolie, je m'enfuis de cerne en cerne. Il veut une peau, ne sait pas laquelle, toutes peut-être mais c'est l'hiver, mon chou, ses seins baignés de sel feront l'affaire ce soir aussi. J'épouse leur intrigue, tout de même, chasse sirène et marin par câble interposé.

Les pas pillent, encrent les prairies lisses de janvier, tassent l'éther dont je les enveloppe. Elle est il, mes ailes, mon souffle, mes fleurs. Je goûte ma part qui se gâte, tout plein de secondes saupoudrées sur le moelleux de leur bas-ventre, la trace de mes doigts sur leurs cuisses. Toustes défont l'immonde, le macabre du soi, les corps impitoyables dans le gras de l'orage.

Les papillons s'envolent. Je les admire danser, bière en main, quelque part, au loin.

Pour D. 

Pour E. 

[Lucky for You - Novo Amor, Gia Margaret]