- Le temps des perles -

Je pédalais à grande vitesse, dépassais le TGV lui-même, et dans mon dos le soleil se dessinait parfois, les jours où il ne faisait pas assez froid pour roupiller sept heures passées. Au devant de la route cabossée, le mazout fleurissait en touffes grignotées par les baby bust en mal de queue-leu-leu quotidienne dans leurs coquilles en toc, et les nuages migrateurs s’élançaient dans la peinture du ciel. J’emportais d’un côté et de l’autre du boulevard les effluves des croûtes de pain calciné et le pétrole épais qui coagulait dans les narines, ça me faisait des stalactites noirâtres en boucle de nez et une cape de brûlé sur la chevelure.

J’avais l’image de mon corps comme d’un torse appendu au vent, une cage qui bringuebale sur le vélo au même son que le guidon dont le métal tinte quand on s’attaque aux racines des chênes civilisés. Ouverte au monde, une fenêtre sur le vide. En janvier, je me sortais tous les matins de l’armoire, les perles décoraient les murs. Des mots partout qu’on mérite à peine, j’avais du mal à les croire, comme les lys dans le verre, mes yeux sondant son âme, les langoustes sur la poudreuse, les croix qui se déhanchent en pixel. Je prenais mon prêt-à-porter de chair et d’os dans l’armoire, les perles ponctuaient les murs. Une plage de Bohème dans ma piaule, les Sables Blancs, les un.es, les autres.

[Eight - Haux , Rosie Carney]

Pour Mathilde, Paul, Rafael, Matei et celleux qui ne sont pas nommé.es mais bien retenu.es.

Pour Noée, Henri, Jacques, Eliott et celleux qui suivront.

Pour mes internes, mes co externes, et les séniors qui m'auront accordé quelques brins de connaissance.