dB 28
- L'aube d'un doute -
Une goutte s’est échappée. Je ne l’ai pas retenue, l’ai sentie dévaler le monde d’une joue. C’était aussi la mienne. Ma larme, ta peine, ma peau et la tienne.
Dans mon écrin de mauvaise virtuose au réfrigérateur survolté, j’invente un mythe qui ne sera jamais que l’onde de ce que tu peux connaître. J’écris pour ne pas vivre, voilà mon excuse. Des fioritures vomies en excès pour ne pas crever à ciel découvert. J’offre déjà ma charogne, comme ci comme ça, thorax béant tout en pixel, gorge qui glougloute qu’elle aime les épines plantées en pleine chair. Yeux, mains, bouches sur vos brisures.
Vos éclisses de vie transpercent vos costumes, ça fait joli et j’ai pas ça, moi. On me sort tout juste de l’éther, éternel nouveau-né. Les années passent, j’apprends encore à expirer. Une goutte s’échappe sans qu’on ne la retienne, un oubli de l’univers. L’entité qui n’existe que pour s’égarer. Elle était sur ma joue, jamais sur la tienne, mes conjonctives brûlent, tes pupilles jacassent. Mon miroir a la même gueule cassée, pile et face grimacent de concert chacune de son côté, en toute saison. L’envers du décor, mais il y a aussi les autres, les eaux-vives, cœurs en charpie, vos brèches mal colmatées. Il y a les autres et ce qu’il faut faire avec toute cette matière qui nous pend aux doigts, un fabuleux fardeau. Le chaos déterministe de l’éphémère. Tout toi. Et vaudrait mieux pas mourir les deux pieds sur terre.
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