dB 19
- Tu feras attention, il y a des nuages dans ton ciel. -
Juste sous le zénith, entre soleil et cimetière, des gros amas moelleux de vapeur. Ce jour, quel sournois ! J’ai des réponses à mes questions mais surtout des questions à ronces qui s’agglutinent en supplément et mettent ma peau à rouge, pourpoint du cœur au masculin. Le temps fait un doux sous pull aux âmes empruntées, que de manières ! Et quand tu vogueras, raconte-moi le voyage, les fesses en jean qui se baladent et te bloquent le passage, les mains aux anses de valises qui se crispent aux crissements des trains arrivant en gare, raconte-moi le naufrage des humains contre un vent de fer.
Aujourd’hui est un dimanche. Le premier dimanche de l’année qui ne fane pas, la rosée pétille de l’éclat de l’or. Fichtre que Mars s’égare déjà sans naître encore… il y aura une sauvage dans le ciel du bourg, juste sous les vanités, des heures frissonnant du sacre du joli temps. Les mots sont barges, je les aime, ô que je les aime, et ma bouche-papier ! Je m’attable à l’avenir. Il a les yeux multiples, grand ouverts sur la quête du sens.
- Faites attention, il y a des nuages dans votre ciel. -
Dimanche se pose enfin sur l’oscillant du trottoir comme les grands-pères dans leur valse de vieux fauteuils. Mes amis s’en vont vers le Couchant du dimanche, ils se noient dans la lumière et je leur octroie un regard en arrière. Qu’ils sont beaux ces jeunes médecins en polaires miteuses et binocles enfoncées sur la racine du nez. Ils courent au devant des saisons, quatre années passent, cinq et bientôt six heures sonneront comme le glas de l’ancien monde. Après la guerre, je partirai. Mais là encore, il faut d’abord voir passer l’été et le monde ici est ailleurs, il réjouit ma plume. Racontez-moi donc le voyage, les vélos qui roulent à bon port d’échines courbées, les corps qui font paysage, et les pages blanches qui se promènent à grande vitesse dans les couloirs.
Aujourd’hui était un dimanche, les gros nuages ronflaient entre soleil et pierre.
Annotations
Versions