dB 18
La dameuse est passée dehors, en pleine nuit, c’était glauque de la voir tasser mon cœur et les débris avec les flocons noirs et blancs de poudreuse sur le trottoir. Il y avait dans la savane du grand Nord un animal peu commode et le voilà modelé selon l’humeur du jour et le temps n’est peut être pas à l’amour.
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Sur l’amour, sur l’amour on dit plein de choses mais il n’y a rien de plus vrai que la guerre en-bas sur le macadam trempé d’hiver qui prend feu un lundi comme un autre, à ça près qu’au réveil il nous semblait déjà un peu bizarre. Le sourire-tigre, un papillon coincé dans le palpitant, l’embuscade. En attendant, j’ai dit : crache ce plastique. Il ne mérite pas ta gorge. Vomis-le pour qu’il ne soit plus que le cauchemar d’une autre.
Ce fantôme d’un toi à jamais brûlé prendra tes coups de rage quand il le faudra, s’il le faut. Jusqu’à ce que tes coups de rage, tes coups de peine et tes coups de poing contre l'air soient ses côtes. Et sa colonne, mais plus la tienne.
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J’ai menti un jour, moi-aussi. Peut-être qu’on ment toujours mais qu’on ne se sait plus. Amnésie lacunaire qui nous arrange, nous habille d’ellipses. J’ai parcouru la savane sans m’y faire manger, j’ai semé le bonjour, alors qu’attend le zèbre pour voler ? Mais on s’avance, le non grogne et quelqu’un murmure comme un secret : tu vas pas si mal, juste tu pleures. Et la rivière déborde de plastique nauséabond qui coule de tous les pores, une soupe épaisse et grumeleuse de corps fauchés par le tort de l’âge.
Je préconise alors les remèdes de grand-mère. Laisse couler, bourre-roi des cœurs d’un peu de teint synthé, sors sous le nuage qui pleure sa poudreuse. Le monde nous reflète, s’il bulle alors faut se mettre à rêver tout doux, tout quiet.
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