dB 17

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L’été sous la surface, entre ciel et carrelage, un azur sans orage. L’eau fendue par la main parfaitement sûre et stable. Les rayons dispersent la vague en fractales.

J’ai vécu quelques mois en tapisserie persane, rien qu’à faire jolie dans une chambre boisée d’amour. Fleur factice, j’aurais décoré à merveille aussi dans un cendrier, le pétale branlant, la chlorophylle qui s’échappe des poussières de sourires. Le plafond soûl me lançait des sales regards chaque fois qu’il s’approchait de mes pieds, on m’accusait de lui tendre la bouteille et de crier pour des broutilles.

J’imaginais l’été sous la surface, je me voyais plonger, mains tendues vers le sabre du La qu’il donne au zénith. Sur une corde pincée en goutte à goutte, flotter dans un fond sans faille, observer les cuisses briser l’absurde et gigoter dans un monde où la forme n’a plus d’importance. Ne restait plus que l’idée.

On pourrait rester des heures à voguer ainsi, des siècles ou, peut-être, deux années. Mais là encore, le magnétoscope rembobine, ma plume brume et le souvenir d’un été coagule avec la comptine d’un autre hiver.

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Souffle d’un nuage passant sur la cime des pins, souffle grandissant jusque par dessus bord et le frimas de mars englue les sommets dans un collant glacial trop serré. Ça crée une friction étrange dont on se passerait. Les mains suent, les gants de latex y adhérent, et le bruit des bulles qui éclatent entre la peau et le plastique me répugne.

J’ai rêvé d’un pic d’où crevait le soleil. À passer tout ce temps dans ma tête, souvent, je me sens comme un rêve qui n’aurait jamais existé. Cette heure d’hiver, je la regrette quand mon soleil m’étouffe. Il est doux d’être un bout fugace de quelqu’un d’autre. On s’efface rapidement. Une bribe d’un essai.

Mais voilà le magnétoscope débobine, mon enveloppe hurle, ne reste plus que cette cithare sur un air doux-vaseux qui joue le même rythme depuis des années. L’été revient, l’hiver et le plafond soupirent de concert qu’on les draine et que la voûte n’est plus soutenue que par le fil d’une timide volonté.

L’été revient, de là d’où crevait le soleil, l’orange disséquée entre les bras du marbre des nu.es. On se rappelle, je plongeais mes doigts dedans et j’aimais la texture du réel, ça me changeait.

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