dB 15
Et soudain, Hermès engloutissait le rêve, ne restait que son corps aux mouvements erratiques en proie à l’infini et poussaient tout autour de mon cœur les frontières des étoiles qu’on n’a jamais pourvu de la poussière toute singulière et capricieuse du soi et des autres. J’ai serré la main de son ombre, après minuit. Elle avait froid, me faisait trembler, me rappelait le vide et comme il m’étouffe, et comme il crie des phrases aux yeux sans pupille qui m’angoissent.
La chair nue comme un marbre fragile entre les draps, kaolin pseudo-malléable. // Il y a des choses plus fragiles que des boucles, sais-tu ? // On pense être sûr d’une terre gravide mais on tape du plat de la main et les œillets s’écrabouillent comme des œufs brouillés dans une gueule cannibale. La chair nue comme un marbre fragile, la pulpe de l’orange dégouline de sa poitrine béante. J’aimerais souffler // on ne sait comment se coudre alors // l’oiseau bleu et l’observer valser dans le frisson de la fuite.
J’ai serré le cadavre de son ombre, après minuit, juste avant que le sommeil ne les emporte l’un dans l’autre, et j’ai soufflé un rêve sur sa tempe comme il m’appartient d’en offrir aux fantoches du réel. Un sable un peu trop sage qui dérive en pensées. Je l’ai étreint, à la dernière heure, mais sous le lit grognait un monstre dont je n’ai jamais pu me dérober. Un petit sable en rouge de déraille, une plage et les couteaux sur le rivage. Une île sous mes pieds qu’on n’atteint que les yeux grand ouverts au décours d’un grand vertige, presque la mort. La sueur des dos de jeunesse, le piaf qui dégueule en pleine nuit qu’on le serre trop fort. Le monde est d’une immensité qui m’obsède mais j’ai les boucles fragiles, le moi redondant, et il a l’agrume percé dans la poitrine.
Pour E.
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