dB 7.1 : Blanc solaire
- Sale temps du poète -
Partie 1 : Blanc solaire
Les corbeaux huent les matelots, c'est un fait. Un reproche jamais vraiment compris quand on vogue à contre-tournant. Chemin droit comme un piquet, ça ne part à la dérive que sur les berges, la tête claire - je crache ça aux autres mais la bête bourgeonne, à quasi-midi, le dos voûté, coeur mugissant. On m'a promis le monde, qu'il était doux ce sourire de moineau... Mais je tirerais une balle sur le reflet des pastels si la fleur venait à se charger d'épines, à me répéter que je préfère le gras des craies, un soleil de printemps tout blanc, tout blanc. Tout blanc sur le bois, son sang joyeux sur ma main pâle, le rayon âpre et méchant toque sur l'os effrité des arcades comme les piverts.
On m'a promis le monde, qu'il était doux ce sourire de moineau... Là, j'agite la crème du matin sur ma peau et j'écoute les corbeaux derrière la fenêtre huer les matelots, ombres chinoises embrassées sur la toile atone du ciel. La poésie du banc scolaire un matin de mars dessiné d'une main calme. Nous étions las, aux dernières nouvelles, alors je me suis tue et j'ai perçu le ressac de nos voix si frêles de ce tout petit champignon qui pousse sur la glotte et qui tremblote quand je te regarde. Bonjour, vous. Bonjour, toi.
Ô de m'imaginer qu'ils me picorent mon matin...
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