dB 7.5 : Le scandale
- Sale temps du poète -
Partie 5 : Le scandale
Soudain, ce n'était plus l'hiver. La guillotine à roulettes accolée à ma résidence tranche dans le lard de la grisaille. Sale temps pour les poètes qui devient printemps de fête, une obligation que j'aimerais goûter mais l'amer sur mes papilles gache les jolies gouaches toutes neuves que le soleil s'escrime à balancer partout à la volière des oiseaux-fusées. L'heure de la voile, le présent embarqué sur un esquif bizarre, naviroïde complaisant pour les aveugles. Tant qu’on ne voit pas le pied bot qui s’agite vainement dans les eaux superficielles, on croit pouvoir naviguer.
D’ailleurs, ç’avait fait scandale une fois : les enfants ne devraient vouloir mourir que s’ils ont été adultes d’abord. Car soudain ce n’est plus l’hiver et on voit sa bouche tordue humanoïde de gosse malingre qui répond / dans le fond de la baignoire, la faucheuse fait des bulles. Et si je l’embrasse, est-ce que j’en tombe amoureuse ? / La môme qui fait friser plus d’un cheveu. On a pris la colle uhu extraforte, coupé une mèche et collé l’ensemble sur le dessin, pour plus de réalisme. La maîtresse n’a pas apprécié, Maman non plus.
Printemps 2025, les drisses des ailes de papillons qui ne volent pas encore tissent ma pensée euflorique. À mi-chemin entre la guerre des épaves et l’apogée du moi grandiloquent - Madame, quel sourire, la révérence ! -, mon sable baigne en eaux tièdes et quand il prend la forme d’une main c’est pour s’éparpiller dans le courant presque aussitôt. La guillotine savoure son miel de brutalisme juste à côté, elle ne se tait qu’entre midi et une heure. Un tintamarre incessant d’acier sur le mazout qui creuse jusqu’à l’autre côté du globe. Pas plus loin, car ensuite on atterrit sur les genoux du soleil.
Un conseil : mettre des lunettes pour voir flou. On se sent beaucoup mieux après. Au pire, ça fera scandale, une énième fois.
Annotations
Versions