dB 32.2 : le temps des perles 

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partie 2 : Fièvre Fleur Porte

Mon klaxon est tombé, mon vélo roule aphone. J’aime son silence absurde de ferraille qui rugit contre les pavés trop abrupts. Fine ligne rouge, je tranche l’air de Strasbourg et reviens aussitôt sur le parvis, munie d’un papier tunisien, les tissus y oscillant dans la bise tiède du Sud au soir. La danse sensuelle de Cheddadi m’opère, je luis sous l’écume d’un bitume sans rivage, sans mer, sans paysage. Dis-moi ce que tu sèmes. Je lis, m’y perds et m’y troue de peur de n’être qu’un souffle sans âme. J’espère y puiser l’étincelle d’une cage atone, j’y crois comme on croit en Dieu, clinophile qui regarde la voûte mourir et s'écrouler. Mais les étoiles, les a-t-on correctement admirées ?

Les lunettes passent, leurs pas claquent sur les marches près de moi. Un remous de la roche jusque sur mes chevilles. J’attends ma cigarette pour m’y brûler les doigts, faire le joli cœur qui ne l’aimera pas mais qui lui met le rose aux joues quand j’y pose mes lèvres. Une douceur dans mon brutalisme crasseux. Si l'on construisait une ville à partir de tout ce qui imprègne ma caboche, on traverserait plus d'un quartier soviétique. Sais-tu que dans le ciel pastel, les nuages frissonnent, explosent et s’enfuient ? J’en ferai flotter une proésie écorchée par la suite. Et dis-moi ce que tu sèmes. Quel était son nom ce soir ? Qu’on en gigote, les corbeaux baisent bien comme des acharnés juste derrière la fenêtre. Je peux tout entendre.

Minute scribouillon ! Reviens sur terre, suivre la file indienne de nuages. Le grotesque de l’être sourd, muet et aveugle - nous toustes. Le jour s’évapore, je goûte sa fleur qu’elle m’offre sans honte, le store levé et conscient. Puis elle prend la poudre, s'enfuit, bravant le rire, et je bascule dans une ville de Magnolias. Trois longs manteaux dégomment les murs et les bourgeons se cueillent au détour d'un pont de pensées quand les caméras nous ignorent. J'ai dans les mains un pétale dont le fuchsia s'efface d'un tour de magie centrifuge. J'ai dans les mains un pétale dont le fuchsia meurt au matin sous mon regard de méduse.

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