dB 5 : bacchantes

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Chère fille soul(e), chers jazzeux,

Je goûte votre fièvre ; votre cadence contre l’hiver me bouscule alors laissez-moi vous offrir cette image : des mains instables dans l’eau mièvre, les montagnes en sourdine, épaisses masses rouges qui s’agglutinent en fond de paysage. Hier tout était calme, les abysses avaient déjà flambé au matin. Une flaque d’encens sous mon poignet, le genre qui ne se voit pas. Mais vous apportez le grincement des portes enfoncées, quelque chose de pas tout à fait subtil qui se veut de fer, un môme en costume de guerrier devant le miroir de sa mère. Chère fille soul(e), chers jazzeux, Demain de sable, ô ciel, que ne rit-on de mes Ariane que j’estime semer mais qui ne voguent jamais à bon port ? Buvez, enfants, buvez, j’aime votre soif, votre cadence contre l’hiver.

L’inconnu nous étrangle peut-être mais je vois en ce petit sable un mirage qui se répète et je crois l’aimer. On ira amasser les grains du joli soir cet été, on le lancera sur le ciel et on verra bien si ça remplace les Pléiades. Enfilons la voûte sur nos peaux de vive voix, écoutons Polina qui dit // c’est comme s’accrocher d’une main à un nuage et voir le ciel s’effilocher // Une prise d’éther. Faudrait vraiment la tendre, cette clé, l’offrir même avec la main qui tremble, laisser les autres explorer nos enfers. Tout comme le marbre nu d’Hermès, de grâce les sillons d’agrume sur les poignets, canicule des étreintes fictives... L’Arche de rage, couvrir la perfection de boue parce que ça fait joli de transpirer, d’insectes, couper le noisettier.

Chère fille soul(e), chers jazzeux, on travaille toustes à poncer les corps, alourdir nos épaules pour y cacher quelques lignes de nos têtes et la note de fond, la peur des heures moroses où le vide s’installe. Vos bacchantes, l’humeur ivre de chanson de marin sous terre. Alors laissez une place sur vos paillassons à l’avenir, je viendrai y poser mes chaussures. Et que l’inconnu nous étrangle donc, un jour, que les Ariane se passent les fils et qu’ils s’emmêlent, mais ne bridez pas votre cadence. Je vois, me noie, m’abandonne, à votre exploit du rythme du corps qui s’espère vivant loin des vastes serres.

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