53. Le baptême du canapé
Sacha
— Voilà tes clés, Sacha. On a signé tous les documents, on avait fait l’état des lieux la dernière fois et te voilà donc maintenant chez toi. Enfin, presque chez toi car tu restes locataire de l’association, mais au moins, tu n’as plus à vivre avec des règles super strictes. Je suis contente pour toi. Tu es sûr que tu n’as pas besoin de notre aide pour l’emménagement ?
Je prends le trousseau des mains d’Aurélie et essaie d’arrêter de sourire comme un abruti qui ne comprend rien à ce qu’on lui dit. Je n’en reviens pas que tout s’enchaîne aussi simplement pour moi. Le Bon Dieu, s’il existe, aurait-il changé de camp ? Je ne vois pas d’autre explication pour tout ce qui est en train d’arriver de manière positive dans ma vie.
— Non, ne t’inquiète pas, j’ai juste ces deux sacs et cette valise à ramener. Et les meubles sont livrés directement sur place. Franchement, cette Banque Solidaire de l’Equipement vers laquelle tu m’as orienté pour me meubler, ils font des miracles. J’ai payé même pas cinq cents euros et j’aurai tout ce qu’il me faut. Et puis ma sœur et ma collègue vont m’aider à tout mettre en place, tout va bien, tu vois.
— Très bien, comme tu le sens. Tu choisis des filles pour monter des meubles, toi ? Remarque, mieux vaut ça… Je passerai boire un café dans quelques jours, j'espère que tu as prévu la cafetière dans tes achats, sourit-elle.
— Tu es sexiste, toi, maintenant ? demandé-je, amusé. Tout le monde peut monter un meuble, voyons ! Enfin, peut-être que tu as raison, je vais leur demander de faire le ménage et à manger pendant que je fais le mec avec les outils. Je vais leur dire que c’est toi qui as proposé cette répartition ! Et bien entendu que j’ai la cafetière ! Il faut bien que j’accueille comme il faut mon éducatrice préférée !
— Moi, sexiste ? Mais non, j'ai vu les bras de ta sœur et ta collègue, par contre, rit-elle. Je ne ferais sans doute pas mieux qu'elles, tu me diras, mais bon… Tu veux bien arrêter de sourire comme ça ? C'est un peu flippant, en fait. J'ai l'impression de ne plus avoir le même Sacha devant moi qu'il y a deux mois…
Je lui tire la langue et fais mine de bouder avant de retrouver le sourire malgré moi.
— C’est juste que la vie est belle, Aurélie. Merci pour tout. Appelle-moi avant de venir que je sois sûr que tout soit propre. Je t’envoie les photos une fois qu’on a monté les meubles.
Je récupère mes sacs et ma valise et la salue avant de sortir sous son regard bienveillant. Elle a l’air contente pour moi et je me promets de tout faire pour ne pas la décevoir. Lorsque j’arrive sur place, j’ouvre la porte avec ma clé et me sens tout fier, même si les deux pièces sont vides pour l’instant. Il n’y a que le coin cuisine et la salle de bain qui sont aménagés, mais tout cela me suffit amplement. Je n’ai pas vraiment le temps de faire quoi que ce soit car déjà le camion de livraison arrive et je descends à leur rencontre. Tout le monde arrive en même temps car j’ai à peine mis les pieds dehors que Mathis me saute dans les bras et me fait un gros câlin tandis que sa mère et ma sœur nous rejoignent. On dirait presque deux sœurs tellement leurs tenues sont similaires. Un tee-shirt blanc et un jean avec des baskets, c’est la tenue officielle du jour.
— Eh bien, vous voilà juste à temps pour nous aider à tout installer ! Merci d’être venus ! Et toi, Mat’, tu vas t’assurer que la porte ne se referme pas sur nous, d’accord mon Grand ?
— Oui, Chef ! rit le petit.
— Tu restes bien dans le bâtiment, hein, Mathis, ajoute sa mère avant de déposer un baiser sur ma joue. Y a beaucoup de choses à monter ?
— Ne vous inquiétez pas, Madame, intervient un des deux costauds qui font la livraison non sans avoir jeté un regard appréciateur sur elle. On vous met tout dans l’appartement, vous n’aurez qu’à tout assembler. Je suis Marco et mon collègue, là, ce n’est pas Paulo mais Liviu. Il faut l’excuser, il parle pas français, mais c’est pas grave, c’est moi le beau mec dans les deux. Vous me donnerez votre numéro avant que je parte ?
Purée, le gars, il n’y va pas par quatre chemins ! Et pourquoi je suis si jaloux, moi, je ne peux rien dire mais je serai content quand ils seront partis, tous les deux. Ce n’est pas pire qu’au café en plus.
— Merci pour la proposition, mais je ne suis pas de ce bord-là, aussi beau mec soyez-vous, sourit poliment Livia.
— Ah merde alors, pourquoi toutes les jolies meufs sont des lesbiennes ? demande Marco à son acolyte qui se contente de lever les épaules.
Les deux avec notre aide ont vite fait de monter à l’appartement tous les meubles que j’ai commandés et ne s’attardent pas.
— Bien joué, Livia, il faudra que je me souvienne de ton truc quand j’aurai un mec qui m'emmerde, rigole ma sœur en défaisant le plastique autour de la table qu’elle commence immédiatement à monter.
— Oui, pas mal, avoué-je en m’attaquant avec elle au lit qui a l’air un peu plus compliqué à assembler. Je suis content que vous soyez là toutes les deux. Ça tombe bien que le café soit fermé pour les vacances, je trouve.
— J’ai eu de la chance qu’il ne me propose pas de venir mater, il a vite lâché l’affaire, ricane Livia. Et effectivement, c’est bien tombé. Ça aurait été compliqué d’être là au même moment, sinon. Tu as le sourire d’un gamin devant le sapin de Noël depuis tout à l’heure, t’es trop mignon.
— Que veux-tu, j’ai mon appart, ma sœur est là et ma merveilleuse et splendide collègue avec son super héros de fils aussi. Que demander de plus ?
— Des meubles montés et une bonne pizza pour fêter ça ?
— Oui, au boulot. Mathis, tu viens m’aider à trier toutes ces pièces ? C’est pas facile et j’ai besoin de toi pour tout mettre par taille. Tu crois que tu saurais faire ça ?
— Ben oui ! Je suis fort, moi, je vais t’aider !
— Bon courage, souffle Livia. Tu ne sais pas dans quoi tu t’embarques.
Effectivement, je vois le petit garçon qui s’installe sur mes genoux, m’empêchant ainsi d’être très efficace, et s’amuse avec toutes les pièces avant de les poser. Je le laisse faire un instant, amusé, et constate que Marina et Livia ont elles aussi stoppé leur travail pour nous observer.
— Ecoute, Mathis, lui chuchoté-je assez fort pour qu’elles l’entendent, tu es trop fort, regarde. Ces dames sont subjuguées, il faut que j’aille les aider sinon ce soir, je vais dormir par terre. Tu me rends un peu ma liberté ?
— D’accord, je vais aller dessiner. Sinon, je peux vous aider aussi !
— Non, c’est une très bonne idée d’aller dessiner, Mathis, répond ma sœur. On veut garder un souvenir de cette journée, essaie donc de nous dessiner !
— D’accord ! s’enthousiasme-t-il en allant fouiller dans son sac à dos.
Nous échangeons un regard complice et nous mettons au travail de manière plus efficace. Rapidement, les meubles se montent et nous les installons. Il n’y a pas grand-chose mais le peu que je mets rend déjà la pièce plus agréable à vivre. Quand nous terminons et nous installons pour manger les pizzas, Mathis me tend, tout fier, son beau dessin. On ne reconnaît pas tout, mais il y a clairement trois grands personnages dont un barbu et deux femmes et un petit, tous avec des sourires plus grands que leurs visages. C’est plein de couleurs, surtout.
— Wow ! Bravo ! Tu me le donnes ? demandé-je en le regardant avec attention. Je vais l’afficher là au-dessus de la table si tu veux bien, comme ça, tous ceux qui viendront chez moi pourront l’admirer.
J’ai toujours un petit frisson qui me parcourt quand je dis “chez moi”, c’est fou mais c’est aussi super agréable.
— D’accord, tu peux le garder. Comme ça, ta maison sera décorée !
— Oui, grâce à toi, merci ! Maintenant, bon appétit ! On doit reprendre des forces. Merci à vous trois, vraiment, sans vous, je serais encore en train d’essayer d’assembler la pièce A avec l’embout B.
— Rien ne vaut un cerveau de femme, que veux-tu, sourit Livia en caressant ma nuque. Alors, deux, c’est encore mieux.
— Disons que certains éléments magnifiques dans la pièce m’ont bien déconcentré. Mais c’était vraiment un bon moment pour moi.
— Tu m’étonnes. Tu vas pouvoir respirer maintenant, et avoir moins de pression sur les épaules. Tu es plus plante verte ou cactus ? Parce que j’ai un peu honte, mon fils t’a offert quelque chose pour ton emménagement et pas moi.
— Eh bien, il faudra que tu reviennes pour me le faire, ce cadeau. Quoique. T’avoir ici toute la journée avec moi, c’est déjà un beau présent !
— Il ne te faut pas grand-chose, dis-donc, s’esclaffe Marina. Vous êtes mignons, tous les deux…
— Non, j’ai tout ce qu’il me faut et c’est déjà beaucoup. Il y a encore quelques mois, j’étais enfermé et en colère, je suis maintenant libre et heureux. Franchement, je l’ai dit et je vous le répète, la vie est belle !
Nous terminons le repas dans cette belle entente et Marina est la première à partir, prétextant une demande de sa famille d’accueil de passer la soirée avec elle, même si je la soupçonne de vouloir nous laisser profiter de notre intimité. Alors que je lave les quelques ustensiles que nous avons utilisés pour le repas, je vois du coin de l’œil Livia câliner son fils et jouer avec lui sur le canapé, mais la journée a l’air de l’avoir épuisé car il ne fait que bailler. Elle le soulève et va dans ma chambre. D'où je suis, je la vois le cajoler et le déposer doucement sur le lit avant de lui déposer un bisou sur le front et de ressortir sur la pointe des pieds.
— Eh bien, c’est lui qui inaugure mon lit ! dis-je en souriant, attendri par la scène. J’aurais pensé être le premier à dormir chez moi, mais non, je suis battu par un enfant ! Quelle honte !
— Désolée, il te vole la vedette. Tu as de quoi essuyer la vaisselle ? Ou on s’en fiche et… on baptise ton canapé ? sourit-elle en m’enlaçant.
Je suis un peu surpris car depuis ma dernière colère, même si nous nous sommes vus plusieurs fois, elle m’a toujours repoussé à chaque fois que je lui ai fait des avances. J’avoue que je ne boude pas mon plaisir et passe mes bras autour de sa taille.
— Je pense qu’il faudrait en effet vérifier s’il est confortable et pas trop bruyant. Je t’aime, Livia et je suis vraiment heureux que tu sois là.
— Je t’aime, ne l’oublie pas, chuchote-t-elle à mon oreille avant de m’embrasser tendrement.
Heureux de la retrouver aussi câline, je passe mes mains sous son tee-shirt pour caresser la peau nue de son dos. Nous continuons à échanger des baisers et je n’ose brusquer les choses tellement j’ai peur que tout ça ne soit qu’un rêve dont je vais sortir à la sonnerie de mon réveil. Mais non, tout ça est bien réel. La frustration que je ressens quand elle s’éloigne de moi est forte et je m’apprête à m’excuser, croyant que j’ai fait une bêtise, mais elle s’est juste un peu reculée pour se déshabiller sous mes yeux admirateurs.
— Tu es si belle, ma chérie. Je… je t’aime, dis-je d’une voix un peu rauque alors qu’elle s’attaque à mes habits pour faire taire toutes mes hésitations.
Mutine, elle me pousse sur le canapé sur lequel je m’assois, nu, mon sexe bien tendu, témoin de mon excitation. Elle le caresse en m’embrassant avant de venir me chevaucher. Ses genoux glissent contre mes hanches et je sens ses lèvres intimes s’ouvrir pour accueillir mon gland alors qu’elle s’installe confortablement sur moi. Enfin, je la retrouve. Enfin, nos corps ne font plus qu’un et je ne résiste pas à la tentation de l’embrasser à nouveau avec toute la passion et le désir qu’elle provoque chez moi. Nous essayons de rester le plus silencieux possible afin de ne pas réveiller Mathis, mais le plaisir augmente si vite et si fort que ni elle, ni moi ne parvenons à maîtriser les choses. Notre étreinte se fait rapidement plus intense, provoquant chez nous des ondes de plaisir qui nous font gémir et râler. Je vais à la rencontre de chacun de ses mouvements dans une harmonie parfaite et je suis le premier à céder à l’orgasme qui vient me faucher alors qu’elle offre à ma bouche un de ses seins bien gonflés. Je jouis en elle alors qu’elle continue sa folle chevauchée. Une de ses mains se pose sur son clitoris et en très peu de temps, elle atteint à son tour le nirvana et se cambre contre mon torse en jouissant. Elle enfouit sa tête dans mon cou pour étouffer ses gémissements et je la serre fort contre moi pour profiter de ce moment magique que je suis ravi de pouvoir retrouver.
— Je t’aime Livia. Et j’adore la façon que tu as de baptiser les choses. Il y a tellement de trucs, ici, à baptiser. Tu crois que tu vas pouvoir y arriver ?
— Je te propose de reprendre un peu de forces avant d’aller tester la douche. Tu vas voir si je risque de ne pas tenir le coup, non mais, glousse-t-elle.
— Tu restes ici cette nuit ? C’est vrai qu’on ne va pas prendre le risque de réveiller Mathis quand même…
— Je reste si tu m’y invites, je ne veux pas m’imposer. Si tu veux être tranquille pour ta première nuit ici, je comprendrais.
— Bien sûr que je t’invite ! Je suis tellement heureux que tu sois là. Je t’aime et tu fais de moi le plus chanceux des hommes, mon Amour.
— Rien que ça ? Je suis contente de ne pas t’apporter que d’agréables parties de jambes en l’air, sourit-elle en déposant des baisers dans mon cou. Je t’aime.
— Rien que ça et encore plus que ça, soufflé-je en la soulevant dans mes bras.
Nous passons tous les deux rapidement à la salle de bain avant de nous retrouver devant la porte de ma chambre que Livia ouvre doucement. Je la suis en silence et elle se couche contre Mathis qu’elle repousse sans qu’il se réveille afin de nous faire un peu de place. Je me love contre elle et dépose plein de bisous dans son cou alors que ma main empaume son sein. J’ai le plus merveilleux des doudous et je m’endors en me disant que je vais prendre beaucoup de plaisir à baptiser tout ce qui peut l’être chez moi.
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