65. Se réfugier dans ses bras
Sacha
J’essuie les verres et les range sur les étagères prévues à cet effet derrière le comptoir. J’aime bien ces moments où je suis seul dans le café avec seulement quelques clients. J’ai un peu l’impression que c’est moi le patron, que je gère l’endroit et peux par conséquent y faire ce que bon me semble. C’est fou comme je me verrais bien là dans quelques années, à cette même place, sans chef, sans contraintes autres que celles nécessaires à la bonne tenue du café et à sa survie financière.
Je regarde ma montre et me dis que le temps passe plus lentement quand Livia n’est pas là. Elle a fini son service à midi aujourd’hui alors que moi, j’en ai jusqu’à quatorze heures et l’arrivée de sa mère qui va prendre ma suite. J’ai hâte que ce soit l’heure car cet après-midi, Mathis est à l’école et nous allons pouvoir profiter de notre temps ensemble de la plus agréable des manières, j’espère.
Alors que je suis en train de servir une petite dame qui souhaite déguster un thé, je constate avec surprise que ma patronne est déjà arrivée. Elle m’observe sans discrétion avec un air méfiant. Comme si depuis que j’ai fait ma garde à vue, il fallait encore plus faire attention à moi. Alors que je passe derrière le comptoir pour préparer la commande de thé, elle me scrute et je ne peux m’empêcher de réagir.
.— J’espère que vous allez bien recompter la caisse avant que je ne parte. Au cas où il manquerait un ou deux milliers d’euros, on ne sait jamais, peut-être que je suis aussi un voleur ?
— Sait-on jamais, d’après les rumeurs, c’est une histoire de braquage qui t’a conduit au poste, non ? grimace-t-elle.
— Non, ce qui m’a conduit au poste, c’est la bêtise de certains fonctionnaires de police qui pensent que l’on n’a jamais le droit à une deuxième chance. Si ça avait été un braquage, je serais encore au poste. Bref, vous verrez, il ne manque pas un centime.
— Je n’ai jamais dit une telle chose, c’est toi qui interprètes, Sacha, soupire-t-elle.
Je ne préfère pas insister et retourne dans la salle où je sers la dame avec un sourire qu’elle me rend sans hésiter. C’est fou ce que ça fait du bien d’être juste considéré pour mon travail et pas pour mon passé ou mes bêtises de ce passé que je veux oublier. Avant de partir et quitter mon service, je m’amuse à compter et recompter de manière ostensible l’argent qui est dans la caisse et suis content de constater que tout est juste. Je salue ma patronne avant de me diriger sans me cacher vers les escaliers qui mènent chez Livia. C’est au moins un des points positifs de ma garde à vue, plus besoin de nous cacher, tout le monde est au courant.
— Tiens donc, t’es sorti, toi ? me surprend une voix alors que je referme le porche de la cour derrière moi. Je peux savoir ce que tu viens faire ici ?
Je me retourne et j’ai la surprise de voir Louis, le frère de Livia, me dévisager alors qu’il sort de chez lui en uniforme.
— Pourquoi je ne serais pas sorti ? Je n’ai rien fait de mal et même les flics à l’intelligence moyenne s’en sont rendu compte.
Je sais, j’y vais un peu fort, surtout avec le frère de celle que j’aime, mais quel plaisir de l’offusquer, douce consolation au fait de ne pas pouvoir lui en mettre une.
— Je crois surtout que tu as bien entourloupé ma sœur, un brin naïve, histoire qu’elle te couvre. Mais bon, si ce n’est pas cette fois que tu finis en taule, ça arrivera sans doute bientôt quand même.
— “Entourloupé ta sœur” ? Tu la crois vraiment si bête et si crédule que ça ? Eh bien, vive l’amour fraternel, dis-donc.
— Justement, le grand frère aimerait bien que tu arrêtes de tourner autour de ma sœur et de mon neveu. Si vraiment t’es pas un petit con, tu comprendras qu’ils seraient bien mieux sans toi, tous les deux.
— Ce n’est pas à toi de juger ce qui est bien pour eux, à ce que je sache. Tu veux quoi ? Que l’on arrête de s’aimer ? Même la garde à vue n’y est pas parvenue ! Il va falloir que tu te fasses à l’idée, mais pour l’instant, le petit copain de ta sœur, c’est moi.
— Je vais te pourrir la vie, tu sais ? Je te rappelle où je bosse ? Quitte la avant que tes conneries ne la blessent trop, avant que Mathis ne soit trop attaché. Au fond de toi, tu sais que c’est ce que tu devrais faire, n’est-ce pas ? Franchement, elle mérite quand même mieux qu’un petit délinquant, ex-taulard sans diplôme, non ?
— Qu’est-ce qui te fait dire que je n’ai pas de diplôme ? Et elle mérite quoi ? Un mec comme toi qui ne sait pas respecter les autres, c’est ça ? Laisse-moi vivre ma vie et ne t’en occupe pas. Ni de celle de Livia, ça vaudrait mieux pour tout le monde.
— Parce que tu respectes les autres, toi, peut-être ? s’esclaffe-t-il. En refourguant de la drogue à des gamins ? En embarquant ta sœur dans tes conneries au point qu’elle se retrouve à l’ASE ? Tu peux me parler de respect, je crois que tu n’as rien à m’apprendre.
— Et si chacun s’occupait de ses affaires, ce serait peut-être mieux, non ? nous surprend Livia depuis l’étage. Je suis une grande fille, je sors avec qui je veux et tu n’as aucun droit sur ma vie, en fait, Louis.
Nous levons tous les deux les yeux vers elle et j’avoue que ça me fait plaisir qu’elle prenne ma défense sur ce coup-là. Son regard est dur et dirigé vers son frère qui serre les poings.
— Si tu n’avais pas ta famille avec toi pour t’aider, tu serais à la rue, Livia. Tu ferais mieux de t’en souvenir, grogne-t-il.
— Et alors ? Sous prétexte que Papa et Maman m’ont vendu l’appartement du deuxième, je devrais dire Amen à toutes tes conneries de vieux réac’ ? Je te signale que tu vis dans le même bâtiment. Fous la paix à Sacha, c’est ma vie et ça ne te regarde pas. A un moment donné, il faut aussi savoir lâcher du lest, Grand Frère, tu vas finir par te causer un ulcère à t’en prendre aux autres comme ça parce que tu t’emmerdes dans ton petit boulot de flic et dans ton pieu.
— Je crois que la prochaine fois, tu me laisseras monter tranquillement, non ? me moqué-je gentiment.
— Ce serait bien aimable, oui, ajoute Livia, j’attends au lit depuis un quart d’heure, c’est l’heure de me faire plaisir, moi. Bon après-midi, Grand Frère ! Je t’attends, Sacha, ne traîne pas trop, je me refroidis à vitesse grand V !
— Tu le regretteras, Livia, ne viens pas pleurnicher ! Et toi, me lance-t-il en approchant d’un pas. Le moindre écart et je te colle au trou sans une once d’hésitation. Clair ?
— Je crois que je vais aller me coller à un autre trou, si tu veux tout savoir, rétorqué-je en reprenant ma montée vers l’étage supérieur. Bon après-midi, monsieur le policier !
— Tu me le paieras, Moretti, compte là-dessus, petit enfoiré ! grogne-t-il dans mon dos en claquant la porte derrière lui.
Eh bien, le beau-frère n’a pas l’air d’avoir envie de le devenir, on dirait ! pensé-je en montant les escaliers quatre à quatre afin de rejoindre au plus vite Livia qui a laissé la porte de son appartement ouverte.
— Livia ? Tu es là ?
— Bien sûr que je suis là ! Je t’attends, encore et encore, sourit-elle depuis la porte de sa chambre, uniquement vêtue de son tee-shirt qui couvre à peine le haut de ses cuisses.
Immédiatement, à cette vue magnifique, mon corps réagit et je me sens tout de suite à l’étroit dans mon jean. Je m’approche d’elle doucement mais dès que je me penche pour l’embrasser, elle se contente de frôler mes lèvres avec les siennes avant de filer dans sa chambre et s’allonger dans son lit.
— Tu sais que tu es belle, toi ? Et que tu me rends fou ?
— Ah oui ? Moi, j’attends de voir la marchandise pour me prononcer à ton sujet… Je peux en voir plus ?
— Tu peux tout voir et tout toucher ! Je te fais un prix d’amant, c’est gratuit pour toi ! ris-je en me défaisant prestement de mon tee-shirt.
Je continue en déboutonnant lentement mon pantalon à l’entrée de sa chambre. Je me retrouve ainsi nu, mon sexe dressé fièrement devant moi, et je l’observe qui se mordille la lèvre.
— La marchandise convient à Madame ?
— Le côté pile est vraiment très prometteur, lâche-t-elle en glissant sa main entre ses cuisses. Je peux voir le côté face ?
Je m’approche du lit et je fais un tour complet sur moi-même sous son regard gourmand avant de m’arrêter près d’elle.
— Madame est-elle satisfaite ? Le spectacle lui convient-il ?
— J’ai vraiment hâte de pouvoir agripper ce joli fessier pendant que tu me feras l’amour, Beau Barbu.
— Je prends ça comme une invitation au plaisir, ma chérie.
Je lui saute dessus et elle m’accueille les bras ouverts pour que je me niche contre elle. Je glisse mes mains sous son tee-shirt et elles parcourent sa peau nue alors que nos bouches se retrouvent sans hésitation. Comme à chaque fois que nous nous serrons l’un contre l’autre, c’est comme si une incroyable alchimie se produisait. Fébrilement, elle retire son tee-shirt et s’empare de ma verge qu’elle se met à caresser lentement alors que mes doigts viennent fouiller son intimité. Nous marions nos mouvements sans même nous concerter et je ne peux m’arrêter de l’embrasser alors que nous roulons ensemble sur son lit.
Tandis que je la surplombe et que je l’admire nue sous moi, je sens ses mains me caresser et se poser sur mes fesses qu’elle malaxe avec appétit et gourmandise. J’adore la voir ainsi se mordiller la lèvre, dévorée par l’envie de me sentir en elle.
— Et alors, ce fessier est-il à la hauteur de tes attentes ? Je peux t’assurer que de mon côté, j’ai tout ce que je pourrais espérer !
— Le fessier vaut le coup, je confirme. J’attends la suite avec beaucoup d’impatience, je l’avoue… Tu comptes blablater longtemps ou tu te colles enfin à ce trou dont tu as parlé à mon frère, rit-elle en pressant mon bassin contre le sien.
Son mouvement a le mérite de nous rapprocher et je sens ma verge commencer à s’insérer entre ses lèvres. Elle est tellement excitée que je m’enfonce sans difficulté et lorsque je recule, je constate que mon sexe est couvert de ce si merveilleux nectar qu’elle semble produire à profusion lors de nos étreintes ardentes et sensuelles. Je ne lui laisse aucun répit et continue mes mouvements de va-et-vient lents et profonds. Elle essaie de retenir mes lèvres avec les siennes mais, gourmand, je m’éloigne de sa bouche et m’occupe de ses seins dont je suçote les tétons avec délectation. J’adore sentir sa peau ferme et douce, son sexe qui s’adapte peu à peu à la taille du mien, sa poitrine ronde et voluptueuse. Cette femme est une véritable déesse et lui faire l’amour est un délice sans pareil.
— Est-ce que je suis assez collé, là ? lui murmuré-je alors qu’elle essaie de me faire accélérer le mouvement en pressant sur ce fessier qu’elle admirait tout à l’heure.
— C’est beaucoup mieux, oui, même si j’ai vraiment l’impression que ce n’est jamais assez.
Je la rejoins dans ce constat et m’empresse de remédier à ce souci en intensifiant le rythme. Nos souffles s’accélèrent et les gémissements qu’elle pousse sans retenue me donnent la prétention de croire qu’elle apprécie autant que moi ces moments où nos corps ne font qu’un, où nos désirs se rejoignent sur des nuages de plaisir que chacun de nos mouvements intensifie. Elle se cambre sous moi et j’enfouis ma tête sur sa poitrine alors qu’elle me caresse les cheveux et la nuque. Elle m’écrase contre elle alors que je sens les vagues de la jouissance déferler sur elle. Tout son corps ondule sous le mien et lorsqu’elle passe sa main entre nous pour venir titiller son petit bouton d’amour, je sens son intimité se contracter autour de moi. Nous ne pouvons plus nous retenir et je jouis le premier, ce qui déclenche son orgasme. Le plaisir est intense, partagé et toujours aussi exceptionnel.
— Je t’aime, ma Chérie. Je veux que chacune de nos journées jusqu’à la fin des temps soit aussi sensuelle que ça…
— Je vote pour, chuchote-t-elle, même si je ne sais plus comment je m’appelle, là. Je t’aime, Sacha.
Moi, je sais comment elle s’appelle : Aimée, Désirée, Magique, Sensuelle. Ce sont des moments comme ça qui me permettent d’oublier les doutes de sa mère ou les attaques de son frère. Quand nous nous aimons tous les deux, rien ne peut nous toucher ou nous faire craindre l’avenir. Le futur à ses côtés est rayonnant, du moins je l’espère. Qui vivra verra, et c’est avec elle que je veux voir.
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