le ressenti d'Ariston et ses promesses

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La situation d'Ariston, plongé dans l'addiction par son laisser-aller, était d'une complexité extrême. Alors qu'il luttait acharnement contre ses démons, sa vie professionnelle suivait son cours. En attente des résultats des analystes patrimoniaux depuis quelques jours, l'enjeu était de décider s'il fallait procéder à des fouilles approfondies ou mettre fin à l'enquête. Malgré cela, Ariston trouva réconfort dans la présence apaisante de sa fille, elle purifiait son énergie.

A côté de l’aventureuse et imposante rénovation du parc municipal, Ariston s'imprégnait de la mode pour élargir ses horizons moins tortueux. Ainsi, il conçut des intérieurs pour ses clients, imprégnés d'un engagement, de dynamisme, et de luxe. Conscient de ne pouvoir offrir ces plans à tous, il demeurait convaincu que ses œuvres, des plans de salon aux chambres à coucher, avec une touche extérieure y compris la véranda, le garage, et des jardins attenants, étaient exceptionnelles. Son imagination, fertile et adaptable au changement, le poussait à rénover ses plans chaque année en fonction des circonstances.

Il créait des pièces spéciales pour les familles touchées par une tragédie ou effectuait des rénovations pour élargir le panorama des maisons. Lorsqu'il était immergé dans la création, son enthousiasme le guidait et passait des heures à perfectionner son travail. Cependant, quand les émotions prenaient les rênes de sa raison, un obstacle majeur se dressait, surtout face aux sirènes de la cigarette. Malgré la complexité de rester insensible à ce moment, il avait fait la promesse de se questionner avant chaque inhalation de ce petit cylindre.

Quand Trankakin frappa à sa porte, une grande nervosité s'empara d'Ariston. Lorsque le patron se déplaçait jusqu'à un employé, ce n'était jamais porteur de bonnes nouvelles.

Trankakin entra, vêtu d'un pardessus vert pistache, adapté à la saison des fortes pluies dans la cité. Il adressa un salut formel à Ariston et demanda : « N'avez-vous pas encore de nouvelles concernant la relique ? » Ariston, d'un ton honnête, répondit : « Non, Monseigneur. Les ouvriers sont à pied d'œuvre. Il est fort probable que nous recevions les résultats du service du patrimoine demain ou après-demain. »

« Bien, alors, nous devrons reprendre les travaux mercredi, car j'ai promis que ce nouvel aménagement de notre parc sera une fête pour tous. D'ici la fin de l'année, avant les fêtes, nous pourrons déjà installer les premiers kiosques de commerce. » Trankakin, d'un ton acerbe, ajouta : « Je ne veux pas de nouvelles épreuves. Il en va de votre réputation, de celle de vos hommes, des paiements et de la mienne. » Il quitta les lieux dans sa voiture teintée de noir, accompagné de son chauffeur, car il était coutume que jamais un haut fonctionnaire ne prenne sa voiture personnelle lorsqu'il était en service.

De son côté, Ariston comprit la gravité de l'instant. Il s'empressa d'allumer une nouvelle cigarette, et prenait soin de noter les attributs de sa dépendance. Il remarqua, entre autres, que la nervosité le faisait se déraciner de son siège moelleux et confortable, établis par sa présence. Les cris et les remontrances le poussaient vers une assisse, une prise en main de l’inconnu plus restrictive, moins douillet. Il fumait pour retrouver son aura antérieure, la cigarette devenait ainsi le pont unique entre l'ancien et le nouveau confort. Ce qu'il ignorait, c'est que la cigarette procurait un lit confortable temporaire, très temporaire où l’allongement et la mise debout se faisait très rapidement.

Il devait conjurer ce pont et traverser le fleuve, l'étang, avec la même barque qu'il utilisait pour actionner sa raison quand tout était harmonieux dans son esprit. Perdu dans ses émotions, il inhalait la cigarette comme s'il s'agissait de sa première de la journée. Malgré ses résolutions de traverser avec les mêmes outils qu'auparavant, il se délectait toujours autant des émotions procurées par l'inhalation de ces substances. Dans sa famille, à part son fils, personne n'allumait de cigarettes. Ariston le faisait de manière régulière, tellement régulièrement que parfois il arrivait en retard à ses réunions avec les membres du projet du parc. Ce n'étaient pas de gros retards, mais cela montrait que son esprit était totalement accaparé. Désormais, il se promit de se questionner sur les raisons qui le poussent à fumer avant d'allumer une nouvelle cigarette. Il avait déjà identifié ce confort douillet auquel on l'arrachait.

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