Dès le début, l'ardent désir d'Ariston de mettre à l'épreuve son petit objet se révéla obsessionnel quant aux preuves que cela pouvait s’appliquer facilement à lui. Un arrêt définitif du tabac se mettait en branle dans son esprit. Animé par cette quête, il se dirigea vers le chantier, sans cigarette à la main, une habitude pour lequel il ne s’accoutumait pas. Son petit objet était délicatement tenu par sa main gauche, car il était gaucher, avec la face tournée vers le côté gris-noir, orné d'un point jaune au coin extérieur gauche.

Alors qu’il déambulait sur les pavés étroits jusqu'au parc municipal, il réalisa qu'il n’avait pas touché à ses cigarettes. C’était le résultat d'une réssurgence de ses émotions positives dans cet petit objet de bois qu’il portait dans sa veste en jeans. Comme un fait remarquable, il était en proie à la stupéfaction dans son désir d'arrêter, mais il savait qu'il devait continuer à travailler. Un premier pas vers la libération s'était manifesté à ce moment là, un chemin qu'il devait encore parcourir se disait-il. La sélection par le tâtonnement de ses pouces de la face cachée de son cube lui procurait une douceur émotionnelle, un apaisement sans violence dans son esprit, une expérience enrichissante. C’est ainsi que les émotions lui parcoururent le corps et l’invitèrent à décliner toute prise d’une quelconque drogue. Parallèlement à son travail, il avait accompli quelque chose d'extraordinaire avec son esprit, une réalisation dans sa chair dont la finitude le rendait fier et motivé pour poursuivre son expérience. Bien sûr, l'échec n'était pas exclu, mais il reconnaissait que ces émotions étaient la clé de son chemin vers l'abstinence totale.

Arrivé sur le chantier désert, il se perdit dans des rêveries sur le travail accompli et à venir pour Transakin. Il décida de rentrer chez lui, il reproduisait la routine initiale et tenait toujours le bois dans sa main gauche. Parce que ses émotions se modifiaient au cours du temps, Il avait choisi pour le chemin du retour une scène réconfortante, baignée dans la douceur des bonbons au chocolat, associée à la face bleue du cube. Ce choix évoquait et était ressenti par Ariston comme des moments délicieux et esquissait un sourire jovial sur son visage. Bien qu'il ait apprivoisé son obsession jusqu’à un certain point, l'espoir de retrouver de la liberté alimentait une révolte de sa volonté, jadis presque inerte. Son esprit en redemandait et oscillait entre l'arrêt définitif et la rechute, sans méfiance.

Ariston rentra chez lui et avait évité deux cigarettes, mais finit par succomber à la tentation de la récompense car il avait réussi une prouesse se disait-il. Sur sa terrasse couverte, il alluma une cigarette et s'asseyait en triomphe comme un homme paradoxal, bras levés, cigarette à la main et récompensait par son attitude son ennemi organique. La fumée envahissait son corps, mais il ne rompit pas la cigarette, il ne faisait pas preuve d’un renouveau intérieur usé par des mois de toxicité et la fumant jusqu'au bout.

Sa victoire éclatante fut obscurcie par ce trépas spontané, car il n'était pas encore prêt mentalement à renoncer. Alors qu’il chercha le soutien de sa fille, il partagea son aventure, entre résistance et capitulation. Sa fille, sereine, lui dit : "Papa, courage. Tu surmonteras ton addiction. Si ce n'est pas aujourd'hui, ce sera bientôt. Tu es intelligent et entreprenant, tu y arriveras." Réconforté, Ariston relativisa sa chute et espérait que cela ne se reproduirait plus.

Bien qu’il poursuivait son chemin, il aspirait à un renouveau, une version plus épanouie d'Ariston. Malgré une satisfaction inférieure à 100%, son engagement et ses progrès ne devaient pas être sous-estimés. La conclusion de cette première expérience marquait le début d'un nouveau chapitre pour Ariston, conscient qu'il pouvait faire mieux.

Allongé dans son lit, il ferma la porte de sa chambre, fier de lui mais légèrement déçu. Il savait qu'il ne devait pas négliger sa découverte, car elle portait un potentiel considérable.