Véphurnia et Ariston en débat face à Transakin : les promesses sociales

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Il était 9 heures du matin le lendemain. Tandis qu’Ariston, se confrontait à son rituel matinal, il s'accorda, en effet, une cigarette au réveil, une trasngression de ses bonnes résolutions à laquelle il ne pouvait se soustraire, surtout qu'il se sentait vulnérable comme un agneau devant un loup, privé de son arme secrète, le cube. En effet, ce dernier demeurait emprisonné dans la poche de son manteau toute la nuit et n'était pas encore à portée de main.

Bien conscient de son importance, Ariston commençait toutefois à entrevoir une lueur d'espoir, notamment dans sa réflexion et suggérait que désormais, le cube ne serait jamais loin de lui.

Maintenant qu’il faisait preuve de fermeté et de détermination, Ariston avait l'intention de surmonter son addiction au tabac et les conséquences néfastes qu'elle avait sur sa santé. La simple idée d'inspirer de la peur à ses proches le secouait profondément, et suscitait en lui une farouche prise de conscience sans précédent. Avec une pincée de réflexion et une poignée de créativité, il se préparait à atteindre sa plus haute distinction : se libérer du tabac et de ses envies impétueuses.

Ariston se dirigea vers la chambre de sa fille, Véphurnia, dans l'intention de la réveiller. Cependant, il la trouva déjà levée et avait déjà préparé un en-cas copieux pour satisfaire les appétits d’ogres, tels que celui d'Ariston.

Après un déjeuner plein de féculents, ils entamèrent leur trajet vers le chantier. Bras dessus bras dessous, ils arpentaient les rues encombrées par la circulation matinale. Mis à part quelques chauffards en quête de reconnaissance des règles de priorité à droite, rien d'exceptionnel était à signaler.

Une demi-heure plus tard, ils atteignirent enfin le chantier. Ariston tournait son regard fier vers sa fille et demanda : « Alors, qu'en penses-tu ? » Véphurnia répondit avec élégance : « Papa, tu as véritablement mis tout ton talent dans la construction de cette gigantesque œuvre d’art. J'espère que Transakin saura reconnaître à sa juste valeur ton travail. » Ariston, illuminé par une fierté éclatante, répliqua avec modestie : « La véritable reconnaissance revient à tous ces travailleurs de l'ombre. Sans eux, aucun terrassement n'aurait été possible, et cette magnifique apothéose n'aurait pas vu le jour. Ils l'ont réalisé, et moi, je n'étais que l'architecte, le berger de ses brebis » Sa fille répliqua avec sagesse : « Ne sois pas trop modeste. Les hommes brillants et talentueux peuvent s'épanouir à condition d'avoir une boussole compétente pour les guider, et c'est exactement ce que tu as fait. »

Alors qu’ils parcouraient l'immensité du parc, ils croisèrent des badauds curieux et enthousiastes face à l'œuvre ainsi créée. « Il est maintenant temps d'appeler Transakin pour lui annoncer la bonne nouvelle. Nous sommes le 15 décembre, et la menace au-dessus de ma tête a disparu », reprit Ariston d'un ton jovial.

Au moment où il s'apprêtait à composer le numéro de Transakin en compagnie de sa fille, une envie pressante de cigarette vint perturber ce moment festif. Désireux de rompre avec ce poison, Ariston coupa court et se réfugia auprès de son cube, son visage éclairé par la lumière jaune, pour annoncer que ses émotions étaient aujourd'hui apaisées par la clarté du jour. Il résista à la tentation de fumer et appela Transakin.

Il entendit deux fois la sonnerie, puis une voix rauque l’interpela : « Bonjour Ariston, j'espère que tu as une bonne nouvelle à m'annoncer. » Ariston, d'un ton enjoué, répondit : « Oui, Monseigneur, l'ensemble des travaux est désormais achevé. Vous êtes invité à venir inspecter à l'heure qui vous conviendra. » Transakin, pressé, répliqua : « J'arrive immédiatement. Ne bougez pas, dans dix minutes, je serai sur les lieux. »

Préoccupé par la rapidité de son arrivée mais réconforté par la présence de sa fille à ses côtés, Ariston s'approcha de la fontaine où l'eau ne coulait pas encore des orifices en bas du cadran solaire qu'il avait installé. Bien qu’il devait Attendre quelques minutes, il en profita pour s'appuyer sur le bord convexe de la représentation du cadran solaire, conçu pour offrir un siège de confort absolu. Même s'il aurait pu utiliser les bancs dispersés le long du parc, il jugea plus judicieux d'attendre près de la plus belle œuvre du parc, dont la mise en route dépendait exclusivement du maire, dont l'arrivée était imminente. Il était toujours accompagné de sa fille, dont la beauté et la bonté attiraient les oiseaux en quête de miettes de pain jetées avec parcimonie.

À évoquer le loup, on le voit apparaître. Ainsi, le maire arriva comme à son habitude, à bord d'une voiture noire aux vitres teintées, en compagnie de son chauffeur, chargé de le conduire et de lui ouvrir la porte pour marquer son arrivée. Ariston distingua au loin la petite silhouette ventripotente du maire et s'avançait à travers la végétation qui, pour l'instant, n'avait pas encore bénéficié d'un entretien.

Ils se rejoignirent à quelques mètres des statues imposantes et des emplacements destinés aux kiosques de commerce.

« Bonjour Ariston », commença le maire. « Quand j'ai arpenté cette allée, je me suis senti catapulté dans un champ de fantaisie et de divertissement dont l’imaginaire en est intensifié. Vous avez réussi à insuffler une personnalité singulière à ce chef-d'œuvre. Je ne peux que vous adressez mes félicitations », s'exclama-t-il. « Je suis véritablement honoré que cela vous ravisse. Si vous le souhaitez, n'hésitez pas à explorer en détail. » répliqua Ariston.

Les trois individus se dirigèrent vers l'une des huit entrées du parc, chacune menait au centre où se dressaient les sculptures monumentales et précédemment érigé par Ariston et ses hommes. L'ornement en marbre de ces édifices imposants laissait place à la praticité de l'œuvre et propulsait les observateurs dans les prémices des souvenirs et la commodité d'avoir une montre en guise de repère temporel. Naturellement, toutes ces créations éblouissaient de leur éclat en plein jour par un temps idéal. La nuit, cependant, elle perdait de son éclat malgré la présence de lampadaires. Mais l'œuvre prenait tout son sens lorsque l'on cherchait à échapper aux tracas quotidiens. La végétation, associée à des images évocatrices de Chachatan, et le fait que le soleil ait élu domicile en ces lieux, créaient une atmosphère propice à la réflexion, à la béatitude et à la stupéfaction. Tous ces sentiments offraient à Ariston une impression de confort inégalée.

Alors qu'il parcourait la propriété, immergé dans une ambiance joyeuse et éblouie par la lumière impressionniste de cet endroit, Véphurnia saisit l'occasion pour interpeller Monsieur le Maire : « Monsieur, ne pensez-vous pas que cette mise en scène fantastique, orchestrée dans la nature et par le biais d'un homme soutenu par une équipe d'ouvriers d'une bravoure exemplaire, mérite un geste de votre part, que ce soit sous la forme d'une reconnaissance financière substantielle ou d'une reconnaissance publique de leurs sacrifices? »

Le Maire réfléchit un moment avant de répondre : « Bien, je vois. Pour vous dire sincèrement, nous avons déjà eu l’occasion de parler Ariston et moi et cela avait tourné en faveur d’Ariston. Aujourd’hui, il est vrai que ce magnifique parc va m’aider pour être réélu. Je suis prêt à vous concéder les marchés publics de Chachatan jusqu’à votre pension et vous pourrez réengager les mêmes ouvriers que vous êtes si fiers dans la manière que vous en parlez. Qu’en pensez-vous? »

Ariston prit la parole à la place de Véphurnia : « C’est un beau geste de votre part. Je vous en remercie. Ce que je souhaiterais en plus, c’est que vous fassiez, si vous êtes réélu, contribuer à éviter des inégalités sociales trop importantes et que vous créiez des pôles financiers dont le but serait de subventionner des familles pour atteindre un niveau confortable de vie, comme vous ou moi. Qu’en pensez-vous? »

Perplexe par rapport à cette demande et conscient de faire un pas vers une réforme profonde de la misère sociale, le Maire répondit : « J’accepte à condition bien sûr d’être réélu. Normalement, cela doit passer au sein de mon conseil, mais comme vous avez su me montrer un tel dévouement, je me sens également redevable et j’approuve votre demande. Elle sera mise en place aussi tôt que je sois réélu au mois de mars de l’année prochaine. Votez pour moi et j’utiliserai nos propos comme slogan de campagne pour mettre sous mon aile la partie la plus défavorisée de la strate sociale. »

Après avoir fait le tour du parc, ils se saluèrent. Ariston et Véphurnia en profitèrent pour se laisser à quelques délices. Cependant, Ariston ne put se retenir et prit une cigarette dans sa poche pour aller la fumer assis sur un banc, et laissait sa fille retourner seule chez eux.

Porté par une euphorie inattendue, il acceptait de céder à la tentation de la cigarette. Dans une posture méditative, il entama une réflexion profonde sur ce qui lui manquait : un horizon à atteindre, un confort amélioré. Pour lui, c'était l'ensemble de ces éléments qui devait être réalisé simultanément.

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