Les Sentiments de Véphurnia et les Projets du Matin
Ariston prit congé de son hôte et s’en retourna chez lui : fier et triomphateur. Nous ne l’avions jamais vu de cette façon. En effet, aujourd’hui sonnait le glas pour tous ceux qui doutaient de lui et de sa possible future collaboration avec le maire. Mais nous avons vu que, malgré des tempéraments opposés, on pourrait croire que les contraires s’attirent comme deux pôles magnétiques opposés.
Ariston traversa Chachatan à une heure assez tardive mais il ne croyait pas que sa fille fût au lit car elle lui avait promis de veiller jusqu’à son retour. Il franchit la petite barrière blanche mise tout le long de sa propriété pour rejoindre la confortable salle de séjour qu’il avait construit au moment de la naissance de Véphurnia. Mais il avait été nostalgique et n’avait pas changé beaucoup de mobilier depuis de très nombreuses années. Il s’avança dans la salle de séjour et s’adressa à sa fille : « Y a-t-il eu des messages importants pour moi pendant mon absence ? » Véphurnia répondit : « Je crois qu’Adhipo t’attend le lendemain chez Préludo et que les travaux sont en bonne voie de finition sinon rien d’autre. Et toi ? Comment s’est passé cet évènement. » Ariston répondit d’un ton enthousiasme : « C’était sensationnel. Ils ont célébré ce sur quoi nous avons travaillé plus d’une année. Je suis monté sur scène et j’en ai profité pour remercier tout le monde. Mais, encore une fois, un moment magique, inoubliable. Et puis, je pense que la collaboration avec Transakin se passera bien. » Véphurnia rétorqua : « Je suis content. En as-tu profité pour parler de ton projet pour les plus démunis. »
Ariston donna la réplique : « Non, je pense que c’est au bourgmestre de le faire. Il le fera en temps utile. Maintenant, je penserai à ce nouveau travail après la rénovation chez Préludo. Il se fait tard. Il est temps d’aller dormir car nous sommes épuisés. J’ai les pupilles fermés et les yeux brillent teintés d'un rouge vif. » Tous deux se séparèrent. Ils prirent chacun leur chambre à coucher, l'une en face de l'autre pour souligner la différenciation entre le père et la fille.
Le lendemain matin, sous un ciel complètement couvert mais aux températures plus clémentes, Ariston se leva d’un air enjoué, impatient de retrouver son ami Adhipo. Sa fille Véphurnia était déjà dans la cuisine, et préparait les féculents pour toute la journée. Elle trépignait intérieurement, désireuse de communiquer un message à son père. Puis, elle attendit qu'il soit assis pour lui faire une confidence : « Papa, je peux t’accompagner chez Préludo aujourd’hui. J’ai une envie irrésistible de bouger et de pouvoir te seconder, tout comme le fait Adhipo. » D'un air hésitant, Ariston répondit : « Je ne te l’avais jamais demandé pour ne pas t’embêter avec mon travail. Mais si tu y tiens, c’est d’accord. J’espère que cette nouvelle approche t’ouvrira la voie pour ta future carrière. »
Véphurnia, très émue car elle avait quelque chose derrière la tête, embrassa son père sur la joue et lui dit : « Merci, Papa. Je ferai de mon mieux pour ne pas déranger et pour être utile en cas de besoin. » Après avoir avalé le petit déjeuner, ils se rendirent tous deux chez Préludo, dont la résidence se trouvait à la paroisse de Chachatan. Il n’y en avait qu’une, impossible de se tromper. Au loin, le clocher teinté dont il hurlait à chaque heure de la journée un tintamarre assourdissant.
Adhipo était déjà sur place avec ses deux ouvriers et ne manquait pas de saluer le courage de Véphurnia d'épauler son père en cas de besoin. Véphurnia n'avait d'yeux que pour Adhipo et cherchait un prétexte pour lui parler. Elle dit à Adhipo : « Mon père est dans la pièce à côté. Qu’est-ce qui te rend si intrépide dans tes tâches ? »
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