L'art comme artéfact du slogan pour le meilleur et le pire
Véphurnia et Adhipo avaient des projets débordants d'idées et, involontairement, négligeaient Ariston, dont la tâche future serait de rendre hommage à Transakin. En effet, ce dernier lui avait confié la mission de promouvoir et d'éveiller son électorat à la bataille des prochaines élections. Face au tempérament sulfureux de Transakin, Ariston devait mettre en œuvre toute sa science politique pour présenter le profil de Transakin de manière avantageuse.
C'est exactement ce qu'il entreprit dès le lendemain. Il rejeta toute proposition de nouveaux projets d’intérieurs pour se consacrer pleinement à son objectif. Il souhaitait le mener à bien sans recourir à des drogues. Il avait pris conscience que la cigarette pouvait tuer et qu'elle ne permettait pas de mettre en évidence ses véritables émotions. Ariston avait besoin d'émotions pures, non altérées par des substances addictives.
Il se mis à élaborer, dans son atelier, plusieurs slogans pour la campagne électorale, tels que : "Votez pour un homme aux intentions sociales pour la cité" ou encore "Votez Transakin, l'aventure sociale paraîtra plus propice que jamais". Il hésitait, comme il considérait Transakin comme un homme en dehors des réalités économiques. Sa mission consistait à le ramener sur terre, et partager les ressources de la ville avec les plus défavorisés, notamment par la création d’ un fonds de soutien.
Cependant, une idée percutante sur le slogan germa dans l'esprit d'Ariston, orientée vers l'avenir de la cité : "Avec Transakin, homme de notoriété notable, transformons l'abondance économique en Pôle Social Solidaire. La richesse de la cité deviendra le berceau d'une aide aux plus démunis." Ariston passa des heures à peaufiner cette idée, et pensait qu'elle pourrait servir de point d'allumage de sa campagne et de rassemblement citoyen. Il restait à convaincre Transakin de la pertinence de ce slogan.
Ariston appela son employeur, Transakin. À l'autre bout du fil, une voix rauque répondit : "Allo, Ariston, avez-vous progressé concernant ma réélection ?" Ariston répondit avec assurance : "Oui, Monseigneur, je pense avoir trouvé un point d'accroche pour les plans que vous m'avez communiqués. Voici le slogan : 'Avec Transakin, homme de notoriété notable, transformons l'abondance économique en Pôle Social Solidaire. La richesse de la cité deviendra le berceau d'une aide aux plus démunis.' Qu'en pensez-vous ?" Transakin répliqua : "Je pense que c'est prometteur. Il faut le peaufiner, lui donner un impact retentissant et l'emplir d'émotions véritables et persuasives et surtout moins d'arrogances. Sinon, c'est déjà un bon début."
Ariston répondit : "Merci de votre retour, je vais immédiatement y travailler. Pour quand avez-vous besoin de ce slogan ?" Transakin répondit : "Disons que si vous pouvez me le fournir d'ici la fin de la semaine, ce serait parfait. J'utiliserai mon réseau pour le diffuser au plus grand nombre. Ce sera un véritable tournant politique pour moi. Je relèverai ce défi avec votre aide, bien sûr, Ariston."
Pendant que Transakin raccrochait, Véphurnia vint lui prêter main-forte. Bien que son père n'ait pas spécialement besoin d'aide, le souci du détail de sa fille était toujours le bienvenu. Elle suggéra un slogan pour venir en aide à son père : "En tant qu'homme de notoriété citoyen, Transakin imagine un avenir avec vous. L'abondance économique se matérialisera en Pôle Social Solidaire. Le surplus financier de la cité se projettera en berceau d'une aide aux plus démunis."
Véphurnia expliquait à son père que le slogan se décomposait en deux parties : l'une pour attirer l'attention et l'autre pour faire une promesse électorale. Ariston était convaincu que la proposition de Véphurnia était la bonne et saluait son talent pour trouver les mots justes pour décrire la situation actuelle.
Ariston était satisfait. Il avait accompli une partie de son travail et attendait avec impatience la rencontre avec son chef pour en discuter. Il était persuadé que Transakin serait ravi de la nouvelle version.
Le vendredi arriva, et Ariston se leva du bon pied et savait qu'aujourd'hui, il aurait la réponse de Transakin concernant les quelques mots imaginés en collaboration avec sa fille. Il se hâta de se rendre à la demeure de son bourgmestre en vue d'une réélection vers 11 heures du matin.
Il entra sans crier gare et se dirigeait vers le troisième étage, où se trouvait le quartier général du bourgmestre. Il frappa à la porte et entra après avoir reçu la permission de son interlocuteur. "Alors, Ariston, avez-vous du neuf pour moi ?" s'exclama Transakin. "Oui, je pense que ceci pourrait vous plaire." Il lui dicta les quelques phrases imaginées pour sa campagne.
"Bravo, Ariston, c'est exactement ce que j'attendais de vous. Dans ce slogan, vous invitez les concitoyens à s'identifier à moi et leur proposez un avenir commun. Bravo. Vous offrez également une solution financière aux besoins de la population, ce qui, je n'ai aucun doute, attisera l'intérêt des plus réticents et convaincra davantage les plus convaincus. Je vais le noter et le placer sur toutes les pancartes publicitaires de la ville. Merci, vous avez fait votre travail, et maintenant, soutenez-moi. Voici la carte de mon parti et les différentes instructions pour devenir membre."
Ariston remercia Transakin mais déclina son invitation et promettait toutefois de soutenir sa candidature avec une grande affiche sur les fenêtres de sa véranda pendant la période électorale. L’idée d’une rémunération pour les plus démunis venait de lui. Sur ce point, son bourgmestre semblait être sur la même longueur d'onde.
Il rentra chez lu et espérait voir Véphurnia à ses côtés. Malheureusement, elle était absorbée par son amour continu avec Adhipo. Bien qu'elle ne délaissât pas son père, ses priorités étaient désormais centrées sur Adhipo.
Ariston souhaitait tout de même rester aux côtés de sa fille, car il ne lui restait plus qu'elle. Il envisageait de lui parler pour comprendre ses intentions pour l'avenir. D'une part, elle n'avait pas encore terminé sa formation, et d'autre part, elle lui manquait énormément.
En effet, elle filait sur l'astre bleuté de l'amour continu et profond. Néanmoins, elle n'était pas seulement là pour son père lorsqu'il était sur le point de sombrer, elle était son roc, sa bouée de sauvetage dans les tempêtes de la vie. Elle l'avait félicité avec une intensité débordante lorsque, avec bravoure, il avait surmonté la menace des vagues de stress. Cependant, dans le récit actuel de son existence, une nouvelle page s'apprêtait à se tourner. Elle avait décidé de consacrer tout son être à un amour unique, à celui qui faisait battre son cœur avec une passion dévorante : Adhipo.
Il était clair que des discussions franches et ouvertes devraient avoir lieu. La forme que prendrait l'avenir restait à définir, mais les fondations étaient là, prêtes à être solidifiées par la compréhension mutuelle et l'amour familial.
L'histoire de tous les protegonistes, les interrogations (amour famillial ou amour singulier?) et les enjeux politiques de Transakin, allait trouver sa conclusion dans le dernier chapitre ouvert intitulé "Epilogue".
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