Epilogue
Nous entamons notre épilogue avec Transakin. Il avait déployé une stratégie publicitaire intense et audacieuse pour assurer sa réélection. Cette campagne effrénée s'est poursuivie jusqu'aux derniers jours du scrutin et laissait présager une bataille acharnée. Finalement, le triomphe de Transakin ne tenait pas du destin écrit, mais plutôt de l'opportunité qu'il offrait aux jeunes générations d’enrichir leurs expériences sur la terre de Chachatan. Ces dernières percevaient en son programme de soutien un moyen de s'épanouir. Face à une augmentation vertigineuse du coût de la vie, le fonds créé pour soutenir les plus démunis s’est élargi à l’ensemble de la population et a également bénéficié aux classes plus aisées que la pauvreté.
Ce programme d'aide a permis à la population de retrouver une qualité de vie pleine et entière et mettait ainsi fin aux années de restrictions économiques pour les classes les moins nantis subies pendant son premier mandat. Bien entendu, cela engendrait des coûts, et le fonds était alimenté d'une part par le travail assidu des citoyens, dont l'excédent venait directement en aide aux plus défavorisés. D'autre part, Transakin lui-même avait changé. Il n'était plus l'homme méfiant que redoutaient les gens, mais plutôt une personne qui a généreusement contribué de sa propre fortune pour soutenir le fonds. Il se montrait humble dans ses décisions, et allait jusqu'à instaurer fréquemment des référendums pour sonder l'humeur de sa cité, Chachatan.
Quant à Enestor, il s'appliquait à développer chez son nouveau-né la faculté d'aimer son prochain et surtout à considérer l'art comme faisant partie intégrante de la vie au sein de la société. Il savait que sans l'art, il n'aurait jamais eu l'occasion de s'épanouir aux côtés de son père durant ses tendres années. Par la suite, Enestor eut deux autres garçons et décida d'agrandir le lieu familial où ils résidaient déjà. Ils déménagèrent non loin de leurs salles de jeux. Enestor, assisté de sa femme, continua à poursuivre leur route et accumula une belle fortune. Malgré cela, ils se consacrèrent corps et âme au soutien de projets caritatifs en vue d'une société meilleure. Ils étaient heureux et fiers d'apporter leur contribution à cette noble cause.
Ensuite, Véphurnia et Adhipo, deux êtres inséparables, décidèrent de se mettre en coupe et de fonder une famille. Adhipo avait eu l'intention de se marier, et ce n’était pas un petit mariage. Presque toute la ville de Chachatan y avait participé. Ils annoncèrent leur intention de déménager, mais où ? En réalité, Véphurnia et Adhipo eurent une discussion avec Ariston. Adhipo considérait Ariston plus comme un ami que comme un beau-père, tandis que Véphurnia ne pouvait oublier toute sa vie passée aux côtés de celui qu'elle chérissait autant que son mari.
Finalement, ils décidèrent d'acheter une maison près de la résidence d'Ariston, à une rue voisine. Ainsi, Ariston aurait toujours la possibilité de voir grandir ses petits-enfants. Après le mariage, Véphurnia tomba enceinte et mit au monde une fille qu'elle nomma Cirthia, en hommage à sa défunte mère décédée trop tôt dans la vie de Véphurnia, alors qu'elle n'avait que 10 ans. Bien que son frère et elle aient vécu une enfance heureuse, elle était toujours marquée par cet événement. Elle n'en parlait jamais, mais dans son petit jardin secret, une place demeurait toujours réservée à sa chère maman.
Après leur emménagement, à côté d'Ariston, ils laissèrent passer quelques années avant d'avoir de nouveaux enfants, Théovore et Centula. Ils les aimèrent intensément et vécurent dans un amour baignant dans l'harmonie et l'allégresse. Ils ne divulguèrent jamais au monde extérieur les détails de leur vie de couple, preuve que cela fonctionnait plutôt bien.Véphurnia, avec son tempérament affirmé, prit le dessus sur son mari et put ainsi le façonner selon ses souhaits, avec ses hauts et ses bas. Arison, quant à lui, fut dévasté au début, éloigné de sa fille. Cependant, avec le temps, les choses s'arrangèrent pour le bien de tous. Il n'eut jamais l'occasion d'avoir une compagne, car il pensait qu'il devait endurer la solitude aussi souffrante que celle qu'il avait connue lorsque sa femme était partie vers l'au-delà. C'était une mentalité particulière, mais au moins il avait à jamais gravé le souvenir de sa femme près de son cœur, et lui rendait hommage chaque jour de son existence avec de magnifiques décorations et des œuvres d'art pour égayer sa vie.
La passion d'Ariston devint irrésistible. Il se lia d'amitié avec le bourgmestre. Les félicitations de ce dernier demeuraient mémorables pour Ariston et sa manière de vivre, sa créativité et son originalité.
Ariston était souvent sollicité pour donner des conseils sur des enjeux politiques majeurs. Notamment, il fut consulté lorsqu'il fut question d'unifier tous les partis de la cité pour en faire un parti unique mais pluriel.
Ariston s'entendait bien avec tout le monde. Il avait mis de côté son addiction à la cigarette, même s'il n'en avait fumé que pendant quelques mois, car cela avait eu des effets néfastes sur sa santé intérieure. Il apprenait à mieux gérer son stress, notamment dans le soutien de sa famille et lors des journées interminables passées dans son atelier. En conversation, il ne laissait jamais un mot plus haut que l'autre, et espérait que ses enfants puissent vivre assez longtemps pour se rappeler combien il était bon et inculquer à leurs enfant le respect et l'amour de la famille et des autres. Car, pour mener une vie heureuse, il fallait se forger aussi bien intérieurement qu’extérieurement
Ariston, devenu grand-père à de nombreuses reprises, en était comblé de bonheur. Avant de se rendre sur un chantier ou un autre, il venait fréquemment chez Véphurnia pour la saluer de bon matin et ainsi apprendre à connaître les progénitures de sa fille. En somme, Ariston mena une vie confortable sans terrible accroc. Malgré les hauts et les bas, il en tira toujours une leçon de ses expériences et ne répéta jamais les mêmes erreurs.
Quant à Préludo, il était ravi de voir autant de monde dans sa paroisse. Les gens achetaient énormément dans son magasin et affirmait qu'il avait un endroit extraordinaire où l'on se sentait chez soi lorsqu'on venait prier. Il célébra le mariage de Véphurnia et reçut en retour une énorme chaleur humaine. Il continua à officier jusqu'à l'âge de 78 ans, puis se retira dans une maison de repos où les habitants le décrivaient comme un homme heureux et fier de ce qu'il avait accompli pour le bien de l'humanité. En somme, pas un jour de sa vie ne fut marqué par une quelconque lassitude dans la prière et dans sa dévotion. On disait même qu'il priait si intensément qu'il avait l'impression de voir Dieu sur les murs.
Ariston fit don de son petit objet, le cube magique, à ses petits-enfants, leur promettant une vie merveilleuse. Ce cube avait le pouvoir d'ordonner le désordre, de rendre agréable l'inconfort, mais surtout de rendre une addiction aussi légère que l'air. Bien qu'il ait eu du mal à comprendre pourquoi cela fonctionnait et comment l'utiliser à bon escient, une fois compris, il enveloppait ses émotions positives. Dès qu'il touchait le cube, un moment de joie se répandait dans tout son corps.
En ce qui concerne la cigarette, Ariston avait fini par comprendre les ravages que cela entraînait, non seulement physiquement mais aussi mentalement. Il pensait philosophiquement que la cigarette avait une naissance : l'absorption de la substance, une vie : l'emprisonnement des personnes, et une mort : la libération. C'est ainsi qu'Ariston se tenait éloigné de cette dépendance et n'avait plus retouché à une cigarette de toute sa vie. En somme, elle menait sa vie indépendamment de la sienne. Si toutes les personnes dépendantes pouvaient vivre leur vie sans chaîne et avec plus de liberté, cette addiction n'aurait pas lieu. En effet, les contraintes imposantes de la société, la permissivité entraînent les gens à se précipiter sur ce produit de manière volontaire et consciente. Il ne faut pas se laisser avoir et garder le cap sur ses émotions et sa détresse intérieure.
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