chap 1 : Ariston et le don de soi

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Ariston, de stature modeste et une barbe poivre et sel naissante, avait décidé, des années auparavant de devenir architecte. Aujourd’hui, il était un artisan architecte de l’espace. Sa passion était de mettre en design les intérieurs des habitats pour les ériger en œuvres d’art, selon son inspiration et sa vision. Ses clients lui confiaient le soin de réinventer leur chez eux, de leur donner une âme et une personnalité. Ariston ne se contentait pas d’avoir en tête les tendances ou les goûts du moment, il permettait des univers singuliers et originaux, dont sa sensibilité et son goût pour les bonnes choses le mettaient sur un piédestal. Ses créations étaient si enviées qu’il pouvait se permettre de fixer ses tarifs en fonction du défi qu’il relevait pour chaque intérieur d’une salle.

Il vivotait de sa passion et de son art. Il représentait, en outre, un phénomène artistique dans sa cité de Chachatan et un fin designer pour ceux qu’il avait cotoyé. Il avait établi sa résidence dans une villa qu’il avait lui-même conçue et décorée selon son penchant pour tel ou tel ambiance.

Il était payé en plusieurs trimestres par ses clients, qu’il atteignait dans leur sensibilité par la métamorphose de leur intérieur. Il fonctionnait tel un usurier : un acompte au début du projet, et le solde à la fin. Si le projet prenait plus de temps que prévu, il exigeait un supplément de manière à profiter de l’aubaine. Ses clients étaient appelés les gens fortunés ou aisés, dont les touches artistiques d’Ariston lui faisaient obtenir de multitudes récompenses, en argent cash ou en cadeaux somptueux. Nous étions à une époque où la créativité était valorisée et où les artistes les plus renommés étaient bien rémunérés. Il disposait de ces trois atouts : un chouia de prédispositions, de la passion et de la formation pour amener les gens à le solliciter.

Ariston énumérait ses innombrables succès tel un gestionnaire mais il était heureux et épanoui : comment la vie l’avait gâté par ses dons ! Il savait qu’il avait de la chance de faire ce qu’il adorait et d’en partager les sommes gagnées avec sa famille. Il habitait à Chachatan, dans la région de Burnet en nouvelle Papinée. C’était une ville chaude et ensoleillée, où il fallait éviter de sortir aux heures les plus chaudes de la journée. Toujours caniculaire mais les hivers pénétraient dans les chaumières comme une bise glacée car les températures frôlaient la décence humaine. Mais Ariston n’avait pas ce problème, car il travaillait chez lui l’hiver et il avait aménagé des pièces climatisées et isolées pour l’été. Il avait créé des espaces de vie agréables et harmonieux, où il se sentait confortable. Cela lui permettait de panser ses tracas et de donner libre cours à son imagination.

Ariston était en partenariat avec Gustave et Aristide, deux entrepreneurs du bâtiment : des appels incessants aux services d’Ariston pour acheminer les matériaux et la main d’œuvre pour rénover des habitats. Ils formaient une équipe soudée et complémentaire. Ariston foisonnait de créativité et était le plus ambitieux des trois. Il apportait souvent sa touche personnelle et originale à chaque projet. Son métier payait bien et Il était le mieux payé, car son travail demandait plus de recherche et d’innovation. Mais personne ne lui en voulait, car tous reconnaissaient son talent et son apport essentiel à la réussite des chantiers. Il travaillait sur des projets variés et passionnants, comme des mansardes, des jardins stylés, des escaliers tournoyants, etc. Chaque jour, il émerveillait les habitants avec ses œuvres d’art. Il recevait des louanges pour son talent exceptionnel. Il faisait de sa ville un lieu unique et artistique. Son rêve était de la faire rayonner dans le monde entier. Pour cela, il s’appuyait sur son imagination, sa curiosité et son savoir-faire incomparable. Il avait tout pour être heureux, mais parfois il sombrait dans la dépression. Il était si perfectionniste qu’il en oubliait parfois l’essence de son art. Son humeur reflétait le spleen que ressentent tous les artistes avant de commencer une nouvelle œuvre. Des œuvres, il en avait créé beaucoup. Tout avait commencé quand il était enfant, quand il sculptait des tours avec du sable et un peu d’eau. A ce moment là, il avait ressenti une joie immense et une excitation sans pareille. Il avait compris qu’il voulait faire de sa passion son métier, et créer des icônes. Cette passion ne l’avait jamais quitté, et à chaque fois qu’il devait laisser libre cours à son imagination, il se sentait revivre. Ainsi naquit Ariston, l’architecte au tempérament joyeux quand il s’agissait de concevoir un habitat. Il était fier de son travail et pensait que le cerveau était un outil merveilleux pour celui qui voulait exprimer sa personnalité. Il était heureux, mais il lui manquait quelque chose d’essentiel : l’amour conjugale. En effet, malgré ses œuvres et leurs satisfactions intenses, il n’avait personne intimement proche pour partager sa vie. Depuis la mort de sa femme, il n’avait plus eu le courage de se mettre en valeur pour séduire une autre femme qu’il aurait épousée. Il était fidèle à ses principes et veuf avec deux enfants dont la cadette était encore à sa charge. Il partageait une double vision dans sa personnalité: il aimait créer ses œuvres, mais il voulait une partenaire pour créer encore davantage.

Mais il savait qu’il n’était pas facile à vivre. Il avait ses habitudes et ses exigences qu’une femme pourrait ne pas tolérer. Il aimait la nuit plus que le jour. Il devenait plus productif dès que le soleil se couchait. Ses enfants, issus de sa chair, n’avaient jamais été dérangés par son comportement nocturne. Mais peut-être que cela pourrait nuire à une vie conjugale. Avant la mort de sa femme, il était jeune et au fil des années, il avait développé une vie nocturne que peu de personnes supporteraient.

L’atelier d’Ariston fonctionnait la nuit plutôt que le jour. Ses clients ne s’en rendaient même pas compte, car il faisait comme si de rien n’était et le travail suivait. Ariston n’était pas un simple artisan, mais un créateur passionné. Il avait des projets plein la tête, qu’il réalisait avec soin et dévouement. Ses clients appréciaient les touches personnelles qu’il apportait à chacune de ses œuvres, personnelles et visionnaires. En effet, Ariston ne se contentait pas de transformer la matière, il cherchait à élever son art hors du commun. Il pensait que c’était le meilleur moyen de s’adapter aux aléas de l’existence. Il croyait que, plus on avait l’esprit vif et combatif, plus on pouvait faire face à la diversité des situations. Il parcourait les villes et espérait découvrir le secret de l’art ultime. Il aspirait à un état exceptionnel de sa conscience, où il resterait reposé même lorsqu’il travaillerait ou serait stressé. Il devrait savoir doser son effort efficacement. Cela lui donnerait un avantage de concentration, d’endurance et de santé. Il aurait accédé à cet état s’il avait trouvé le nirvana de la conscience. C’était dans son art, qu’il souhaiterait transmettre une conscience exceptionnelle et le partager à d’autres, comme ses enfants. Il frôlait un état de grâce, qu’il le ressentait comme un défi. S’il voulait donner à ses œuvres plus de splendeur, il devait trouver des mécènes, susceptible d’accrocher de nouveaux trophées à sa liste déjà longue d’œuvres exceptionnelles. Comme les grands pirates à la recherche du trésor, il suivait les indices d’une nouvelle piste à travailler.

Il savait qu’il devait se remettre en question pour changer de perspective et renouveler l’expérience pour atteindre de nouveaux horizons. Il cherchait et cherchait comment y parvenir. Son œuvre principale, c’était cela. Se donner les moyens de rompre avec la tradition et embraser un feu nouveau qu’il aurait pu sublimer de toute sa classe. Il avait dans sa tête un sac d’idées lumineuses pour atteindre ses objectifs. Il s’agissait de se lancer des défis toujours plus exigeants et de les relever avec son esprit de feu. Chaque jour, il produisait des œuvres et structuraient sa pensée afin de la rendre imperméable aux aléas du monde. Il était convaincu que seul l’expérience lui ouvrirait la voie vers le Graal. Voilà qu’un bon jour, Transakin le bourgmestre de la cité, son mécène, vint frapper à sa porte.

'Le premier chapitre, je l'avais dans un coin de mon ordinateur que je suis en train de modifier ainsi que les parties partagées au sein de la communauté'

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