Quiproquo

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- Madame Walker ! Nous sommes vraiment désolés, c'est ce paillasson qui vous a fait trébucher ?

- Mais pas du tout, c'est de ma faute, vous savez, à mon âge, on perd facilement l'équilibre.

- Etes-vous blessée ? Désirez-vous que j'appelle un médecin ? proposa Mike, aussi sincèrement embêté par la situation qu'il l'était la veille, remarqua Iris.

- Mais non, mais non, ça y est, vous voyez ? Tout va bien, je suis juste très maladroite aujourd'hui. Je n'ai rien, parlons d'autre chose, voulez-vous.

Iris avait de nouveau cette désagréable sensation de déjà-vu, mais une fois de plus, elle chassa cette impression avec la pensée que chacun a des habitudes de langage et de réaction. Il ne s'agissait évidemment que de coïncidences. Un problème plus grave la rendait soucieuse, la perte du livre de poésie de monsieur Edwards. Mais c'était la vieille madame Walker qui allait attirer son attention définitivement.

- Alors, ma petite Iris, ma commande est-elle terminée ? En avez-vous profité pour regarder mes recettes ? Certaines vous plairaient, j'en suis certaine.

- Mais, madame, je vous ai déjà rendu votre livre hier.

Pendant que Mike remuait la tête de gauche à droite pour lui rappeler que ce n'était pas le cas, madame Walker se rapprocha d'Iris, et lui prit les mains dans les siennes.

- Vous ne vous sentez pas bien, Iris ? Qu'avez-vous ?

- Madame Walker, vous êtes venue hier et je vous ai donné votre livre de recettes, et vous sembliez très heureuse de mon travail, alors pourquoi me redemandez-vous votre livre ?

- Iris, je ne suis pas venue hier, j'étais chez mon fils...

- Non madame, ce n'est pas possible, hier, vous êtes tombée en entrant, comme aujourd'hui, puis je vous ai rendu votre livre et je vous ai promis de vous demander des conseils culinaires par la suite.

- Oh que c'est gentil à vous de vous intéresser à ma cuisine ! Mais, ma petite Iris, hier, comme tous les mercredis, j'étais chez mon fils.

Iris lâcha les mains de la dame, regarda Mike qui la fixait d'un air inquiet, et debout au milieu de la bibliothèque, la jeune femme sentit qu'elle perdait l'équilibre. Elle se rapprocha du comptoir, posa les deux mains sur celles de Mike et lui demanda en séparant chaque syllabe :

- Quel jour sommes-nous ?

- Jeudi, ma belle ! Qu'est-ce que tu as ce matin ?

- Ce n'est pas possible, non ! Nous sommes vendredi.

- Non, Iris, nous sommes jeudi.

Iris ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Elle devint très pâle, et semblait perdre pied, autant physiquement que mentalement. Devant son air ahuri, Mike essaya de dédramatiser :

- Tu sais ce qu'on dit sur la pleine lune ? Qu'elle aurait une influence sur le sommeil paradoxal, qu'elle pourrait même provoquer des comportements différents chez les personnes les plus sensibles.

- Mais rien n'est différent, c'est bien là le problème !

Et Iris sortit en courant, et se dirigea vers le kiosquier qui ne l'attendait plus. Elle saisit le premier journal qui lui tomba sous la main pour regarder la date quand elle entendit Eric lui dire :

- J'ai cherché à décrocher la lune pour vous cette nuit, mais elle s'était éclipsée...

Iris le regarda bouche bée, puis baissa la tête pour lire la date :

"Jeudi 28 octobre 2004"

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