SANS SUITE 35/ Jour 6 : Défi des cinq sens (1)

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John se lève et demande notre attention à tous :

— Les questions-vérité représentaient une mise en bouche. Passons au plat de résistance. Nous allons tous nous concerter pour écrire ce qu’on aimerait faire à une personne du sexe opposé, des trucs un peu sensuels et en rapport avec les cinq sens. Ces gages seront tirés au sort comme nous l’avons fait durant le jeu précédent. Les autres petits bouts de papier comportent nos prénoms, que j’ai séparés en deux groupes : les filles, les mecs. Nous tournons comme tout à l’heure, dans le sens des aiguilles d’une montre. Celui qui lit, tire au sort le nom d’un nominé. Par exemple, je dois caresser les seins de ? Je pioche : Sybille.

Les propositions fusent, certains râlent qu’untel lui a piqué son idée, d’autres s’offusquent du caractère un peu trop osé d’une offre.

Premier tirage au sort pour déterminer qui commence. Ma meilleure amie est désignée pour entamer le premier tour.

Léandra abandonne son siège et attire ainsi notre attention :

— Je vous souhaite une bonne soirée. Ce jeu ne s’adapte pas à une femme mariée, comme moi, vous en conviendrez.

— Pas de soucis, approuve John. Quelqu’un d’autre souhaite se retirer ?

Nous nous regardons tous. Je voudrais quitter la table, mais une force inconnue me cloue à ma chaise et entrave ma bouche avec un bâillon.

Sybille a déjà son petit papier en main :

— Les yeux bandés, reconnaître le nominé à l’odorat. Le nominé est… Mickaël !

John trouve un cache-œil récupéré à bord d’un avion et le positionne sur les yeux de mon amie. Les trois hommes se rassemblent ensuite jusqu’au bout de la terrasse, où Angie leur propose de s'asseoir. Je guide Sybille jusqu'à eux :

— On ne touche pas, Sybille, et vous, les gars, pas un mot.

Je dirige sa tête vers le cou du premier sujet. Elle sourit lorsqu'elle reconnait John et dépose plusieurs baisers sous son oreille avant de se redresser. Ensuite, elle hésite. Elle croit reconnaître le parfum de Lukas et désigne Mickaël par déduction.

John doit masser les épaules d’Angie qui refuse et se demande pourquoi le sort lui impose un tel supplice. Néanmoins, elle se prête au jeu et semble commencer à apprécier les mains de son collaborateur. Jusqu’à ce que ses doigts s’aventurent au-dessus de sa poitrine.

Je tremble quand je pioche mon défi :

— Les yeux bandés, reconnaître la respiration du nominé.

Les battements accélérés de mon cœur s’ajoutent à mes tremblements. Pas John ! Surtout pas John. Il risquerait d'en profiter. Pas Mickaël non plus, car ce serait une torture pour lui et moi. Reste Lukas. Pas lui non plus ; je ne sais pas si je pourrai lui résister. L’un ou l’autre, je vais me retrouver dans une situation inconfortable et malsaine. Verdict :

— Lukas.

Comme par hasard. Ils applaudissent tous, sauf mon partenaire qui me défie du regard, ravi. Sybille me rappelle que je dois respecter les mêmes règles qu'elle alors que la scène est prête à être jouée.

J'imagine que ça doit exciter John, amuser Lukas et stresser Mickaël, puis je chasse ces idées qui vont me faire perdre courage.

J’approche mon oreille du premier et tourne lentement la tête en effleurant ses lèvres de ma joue, jusqu’à ce que nos bouches se frôlent. On me rappelle à l’ordre, mais je précise que je ne touche ni avec les mains, ni avec la bouche.

Même exercice pour le second, puis le troisième. Lukas ! C’est lui, j’en suis sûre. Sa respiration est plus tendue, et ses lèvres se sont rapprochées des miennes. C’est presque imperceptible, mais elles se touchent. Recule, Carly ! Tout de suite ! D'instinct, ma main se pose sur sa nuque, tandis que je retire mon masque de l’autre. Nos yeux se rencontrent. Ils se jaugent, attendent le consentement de l'autre. Nos visages s’inclinent. Nos lèvres s’entrouvrent, nos souffles affolés se mêlent. Je me redresse d’un seul coup et prends une profonde inspiration.

— Trouvé !

Ils soupirent ; leur déception est presque palpable. Et la mienne, alors ? Lukas partage-t-il ma frustration ? Je ne dois pas chercher à le savoir.

Je me détourne pour inviter Mickaël à entamer son tour. Il doit manger une banane. Avec Sybille. Elle caresse le bras d’un John déçu, je ne l’imaginais pas capable d’une telle émotion, avant de s’asseoir devant mon ami. Face à son hésitation évidente, elle s’empare du fruit épluché que Lukas lui propose et entoure l’une des extrémités de sa bouche. Résigné, Mickaël l’imite avec l’autre bout, mais ses dents entrent en contact avec l’aliment qui rompt. Il prononce un juron alors que nous rions tous et que Sybille éprouve des difficultés pour ne pas mordre à son tour. Enfin prêts, yeux dans les yeux, Mickaël reste immobile tandis que sa nominée enfonce la banane dans sa bouche. Elle s’amuse comme une folle ; elle mime une fellation, ce qui embarrasse son partenaire. De fines gouttelettes de transpiration brillent sur son front et il ferme les yeux. Plus que quelques millimètres. Quand leurs lèvres se touchent, elle glisse son index dans celles de son équipier.

John fulmine :

— Bravo, vous avez réussi, au suivant.

Malicieuse, mon amie retourne s'asseoir, et à peine à ses côté, il passe un bras possessif autour de sa taille.

— Dis donc, Mickaël, tu ne m’as pas beaucoup aidée ! Pourtant, c’était ton défi, pas le mien.

— Je n’aurais pas fait ça aussi bien que toi, Sybille. Manque d’expérience, tu ne m’en voudras pas.

Sardonique, Angie nous fait part de son gage et dédie une œillade à Mickael quand elle nous informe qu'elle va devoir ôter un vêtement au nominé.

— Doucement, ma belle ! Tu n’as pas déterminé lequel d’entre nous, prévient John.

Le dégout se peint sur son visage lorsqu'elle découvre le prénom :

— Lukas ! Non ! Je ne vais pas déshabiller mon frère !

— Tout dépend ce que tu lui enlèves ; c’est jouable, analyse John.

— On se calme ; je ne suis pas d’accord non plus. Pioche encore, Angie.

— John ! Non ! Je refuse !

— Le hasard a décidé, ma belle. Je ne suis pas ton frère, alors action !

À contrecœur, elle s’approche de lui, le regard mauvais :

— Tu vas le regretter.

Face à lui, à quelques centimètres seulement, elle passe sa langue sur ses lèvres en lui adressant un regard aguicheur. Puis elle baisse les yeux à hauteur de son sexe et le regarde à nouveau en humidifiant encore ses lèvres. Elle laisse ses mains glisser sur son torse, jusqu’à la ceinture de son pantalon militaire ; elle se colle à lui, balance les hanches et ses doigts agiles défont boutons et braguette, avant de s’infiltrer sous le vêtement. Alors que son visage entame une lente descente le long de son corps, ses paumes rampent sur ses jambes et entraînent avec elles le pantalon. La bouche de la jeune femme est pile à hauteur du membre gonflé de John.

Sybille ne dit rien, mais je sais à son visage fermé que la situation lui déplait. À juste titre, d’ailleurs. Je ne suis pas très à l’aise, moi non plus, et je n’apprécierais pas qu’une autre femme agisse ainsi avec Lukas. Même s’il n’est pas vraiment mon partenaire.

Angie se relève, s’éloigne d’un pas et presse subitement le sexe de John à travers le caleçon. Le pauvre ne peut retenir un râle, pas plus qu’il ne peut empêcher ses traits de se crisper.

— Je crois que c’est bon, Angie. Si tu as l’intention d’aller plus loin, il y a des chambres, avertit Lukas.

— Le but de ce jeu n’est-il pas l’excitation ? Tu as insisté, John ; tu as perdu. Tu sauras qu’il vaut mieux ne pas jouer avec moi. Désolée, Sybille.

— Lukas, c’est à toi. Au fait, on fait combien de tour ? intervient l'interpellée.

— On verra.

Lécher du miel dans le cou, lit Lukas.

Comment empêcher mon esprit de rêver à cette évocation ? Sans m'en rendre compte, je retiens ma respiration alors qu’il prend connaissance de la nominée. Il sourit. J’ai l’impression que tous attendent le verdict avec le même espoir que moi. C’est comme si nous étions suspendus à ses lèvres. Pas un bruit ; pas un souffle. Je vais défaillir. Dans un murmure, je le presse d’abréger mon impatience :

— Lukas ?

Il redresse la tête et pose lentement son regard pétillant sur moi. Je vais être déçue de le voir se pencher au-dessus d’une autre, même s'il s'agit de sa sœur. Car si je devais assister à ça, ça confirmerait ma conviction de ne pas jouer dans la même cour. Si j'en suis déjà convaincue, le seul fait d'y penser me donne la nausée. Je n'aimerais pas non plus qu'il s'agisse de mon amie ; pas plus qu'elle n'accepte l'intérêt de John pour d'autres femmes. Je me demande d'ailleurs jusqu'à quel point elle s'est attachée à lui...

Lukas révèle tout bas le prénom de sa nominée.

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