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- Attends, quoi ?

Zachary – c’était son nom – la regardait avec sollicitude. Cela l’agaça un peu, lui donnait l’impression d’être folle. De sa voix calme, teintée d’urgence, il lui répéta ce qu’il venait de lui expliquer.

Ses rêves n’étaient pas des rêves. En tout cas pas au sens propre du terme. Il s’agissait en fait de ses existences parallèles, qu’Ellie pouvait entrevoir par le biais du sommeil. Apparemment, c’était fréquent.

- En gros, à chaque fois que je prends une décision, le choix rejeté donne naissance à une version de moi-même, dans un autre univers, qui a opéré ce choix-là.

- C’est ça.

- C’est complètement barge. Et quand je dors, j’ai accès à ces univers parallèles où j’ai choisi les trucs que j’ai pas choisi ici ? Et tu viens de l’un de ces univers ?

- Grosso modo, oui, c’est ça.

- Et tu t’attends vraiment à ce que je croie un truc pareil ? Je fais des cauchemars mais je suis pas encore bonne à enfermer ! Je me demande ce que je fiche encore sur ce banc.

- T’es encore là parce que tu sais que j’ai raison. Je te connais, et une part de toi me reconnait aussi.

Ellie, les coudes sur les genoux, se prit la tête entre les mains. Le pire, c’était que Zachary avait raison. Elle ne pouvait s’empêcher de croire ce qu’il venait de lui déballer, aussi saugrenu que cela pouvait paraître à la lueur du jour.

Le parc était désert désormais. Il n’y avait plus qu’eux et une myriade de corbeaux qui s’ébattaient dans un arbre proche. Le soleil allait bientôt caresser la courbe de l’horizon ; pour l’instant, il nimbait d’une lumière rassurante les deux jeunes gens. Et dans quelques heures, la nuit tomberait tout à fait. Ellie frissonna.

- Ce rêve que j’ai fait cette nuit… c’est pas juste un cauchemar, si je comprends bien ? Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est pas la première fois que je le fais.

La mine de Zachary s’assombrit davantage. Dans la lumière du soleil couchant, ses yeux avait la couleur de l’ambre.

- Le sans-visage s’est accroché à toi. Je ne sais pas pourquoi, s’empressa-t-il de répondre alors qu’Ellie ouvrait la bouche. C’est comme un parasite, une fois qu’on l’a, il ne nous lâche pas. Sauf si on s’en débrasse.

- Mais je ne comprends pas, si ce sont mes autres existences qui sont infestées, en quoi ça me concerne ici et maintenant ?

- Le sommeil est la porte. À chaque fois qu’il te tue dans un de tes cauchemars, c’est une version de toi qui meurt. Tu es déjà morte. Plusieurs fois. Il progresse, comme une maladie. Tu te réveilles toujours avant de vraiment le voir de près, avant qu’il n’aie fini son sale boulot. Mais il se rapproche, et ton réveil est de plus en plus difficile. Tu as senti la douleur cette nuit, non ?

- Comment tu…

- C’est un signe. C’est à peine si tu arrives encore à te réveiller à temps. À chaque cauchemar, il se rapproche, chaque mort, il se nourrit de toi. Une fois qu’il t’aura tuée dans tous tes univers, ce sera la fin. Tu cesseras d’exister.

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