Introduction

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Petite réecriture de ce texte qui ne me plaisait qu'à moitié, je m'excuse auprès de ceux qui avaient lu le texte original mais je vous rassure, il n'y a pas de grands changements.

Bonne lecture ;)

Cette nuit, froide, violente, sanglante, pareille à celle de la veille et du lendemain, permit à l'esprit d'une fille que l''espoir n'avait pas encore abandonnée d'avoir un rêve dans lequel elle marchait dans une rue semblable à milles autres sans entendre des cris de souffrance de malheureux, ces fragiles loups de la ville qui répétaient, amplifiaient le hurlement, chacun leur tour, dans une douce mélodie qui annonçait un deuil proche. Sans que la crainte ne lui fasse baisser les yeux devant chaque individu qui croisait son chemin. Sans que des inconnus ne l'effraient par leur simple regard intriguant. Sans que même les enfants n'aient dans leurs yeux cette étincelle de colère, de rage et de désespoir qui les maintenait en vie.

  Mais cela n'existait que dans l'illusion du rêve. Des heures passées à imaginer la vie sans la Libération. La jeune utopiste se questionnait sur des faits qui ne lui inspiraient qu'incompréhension, comme l'éducation qui était obligatoire, ou l'ordre qui se maintenait sans que le meurtre et la torture ne soient autorisés voire encouragés.

  Malheureusement, comme à chaque fois qu'elle laissait son esprit divaguer, la réalité toujours plus dure s'imposait à elle. Réentendant les pleurs qui inondaient son ouïe, la jeune femme sentait de nouveau l'odeur de putréfaction qui semblait avoir façonné ce pays qu'elle exécrait, comprenant, avec toujours plus de gravité, ce que le concept même de « liberté » signifiait. Ce mot semblait avoir comme écho mort et souffrance.

  Pour comprendre cette vie si on peut encore l'appeler ainsi, il faut se souvenir de la révolution qui a éclatée en France, 19 ans auparavant et qui fut nommée plus tard la Libération. Le peuple, enragé, ne supportant plus de vivre sous le règne du gouvernement qui ne cessait d'accroître son pouvoir, décida que celui-ci, devenu trop important, devait disparaître. Ainsi, des habitants prirent les armes, du sang recouvrit bientôt les lois et l'anarchie s'empara du territoire. Un monde libre, égalitaire et indépendant était le rêve, un monde dangereux, sanglant et chaotique fut la réalité.

  La liberté pour les hommes est comme un sachet de bonbons pour un enfant. S'il a un libre accès à ce qu'il convoite, il en prend plus qu'il ne devrait et finit par ne plus en avoir. Aussi, en manque de bonbons, certains commencèrent à en chercher chez les autres, privant ces derniers de la gourmandise.

  Sasha, elle, faisait partie de ceux qui n'avaient jamais eu de sucreries mais faisaient semblant d'en avoir. Comme tous les enfants nés depuis la Libération, elle n'avait ni papiers ni même d'identité légale et ne pouvait donc jeter un regard désireux hors du territoire.

  Elle ne savait pas grand chose du monde hors Libération. Elle vivait dans un ancien salon de coiffure à la façade délavée qui empestait le rat crevé, à moins que ce ne soit l'humain crevé, à dire vrai, elle n'a jamais vraiment su et préférait ne pas le découvrir. Au moins, n'attirait-il pas l'attention, c'était d'ailleurs là son avantage. Au sous-sol se trouvait même une pièce dépourvue de fenêtre, permettant, durant les nuits les plus glaciales d'hiver, de préparer un léger feu dont la fumée apportait chaleur aux corps meurtris des habitants, tout en restant dissimulés de l’extérieur.

  Les chanceux n'étaient autre que Léonard, le chef de famille ainsi qu'Ethan, Aaron et Jade, tous cadets de Sasha. De temps à autre, une femme agrandissait ce petit cercle avant de disparaître un matin. Quand un enfant l'interrogeait sur ces étranges départs soudains, le père voyait son visage déformé par la colère et il arrivait que ce soit la violence qui fasse taire les questions. Depuis qu'elle avait compris, quelques années auparavant, que ces pauvres femmes étaient vendues comme esclaves, Sasha redoutait cet homme répugnant dépourvu, d'après elle, d'humanité. Malgré cela, elle continuait de s'opposer à la violence dont il semblait souffrir, tentant de garder sa fratrie à l'écart de ce mal. Heureusement, cela n'arrivait qu'une à deux fois par semaine.

  Quant à leurs plus proches voisins, ce mal sévissait plusieurs fois par jour, le bruit de la douleur parvenant aux oreilles de la famille. Sans parler des jeunes qui subissaient le même sort que les femmes de Léonard, privés du peu de liberté qui leur restait, vendus par leurs parents, arrachés de force ou trouvés errant dans les rues. La mort restait pour tous préférable au triste sort que réservaient les ventes. Les vendus subissaient torture, viol, mort ou pire encore, sans que personne ne leur vienne en aide. Sasha-même les ignorait. Dans la vie qu'elle n'avait d'autre choix que de mener, c'était comme ça. Personne ne pouvait s'y opposer. La révolte avait déjà eu lieu, il était maintenant l'heure de subir les conséquences. C'était la loi du plus fort, du plus meurtrier. « Marche ou crève » comme dirait Stephen King. Tuer ou être tué, tel était la devise dans ce monde « Libre » .

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