Chapitre 2
Alors que Noël et la Saint-Sylvestre lui avait laissé du répit, voilà qu’Henri revenait à la charge, offrant tant de cadeaux et d’attentions qu’elle voulait fuir le plus vite possible.
Dans son malheur, Gavin subissait également la totale indifférence de ses parents sur l’attitude déplacée d’Henri.
Une main posée sur sa taille ou frôlant l’arrondi de ses fesses…
Gavin en avait la nausée et l’absence de réaction de sa famille n’aidait en rien à la rassurer sur une probable aide, afin de refuser une éventuelle demande en mariage de la part de cet homme répugnant.
Le mois de janvier était passé de façon effroyablement lente pour la jeune femme qui désespérait de trouver un moment de répit.
Elisa ne resterait pas toute sa vie à son service et Gavin le savait. Elle s’était préparée à ce que son amie trouve chaussure à son pied et quitte le château pour vivre sa vie de famille.
Mais était-elle vraiment prête à vivre sans Elisa à ses côtés ? Égoïstement, non.
Mais ainsi allait la vie.
Durant un après-midi d’hiver à la fin janvier, Gavin se trouvait en présence d’Henri, subissant ses discours sur sa beauté, ainsi que sur leur futur qui, pour lui, était déjà acquis.
— Ma chère, je nous y vois déjà, nous promenant, vous grossie par notre premier enfant et moi vous tenant contre moi pour…
— Cela suffit ! s’exclama la jeune femme en fermant les yeux, cherchant à effacer cette image qu’il avait créée. Messire, sachez ceci. Je ne vous épouserai pas. Que ce soit par amour ou par force, car nous le savons, cette affaire n'a rien à voir avec le cœur. Jamais je ne me marierai avec vous. Maintenant que vous le savez, veuillez cesser vos manigances avec mon père, afin de me laisser en paix.
Partant en direction du village, Gavin espérait l’avoir semé, se faufilant à travers les étals du marché dont on entendait les marchands crier pour vanter les mérites de leurs produits, faisant concurrence aux autres.
Cherchant de l’aide à travers les regards curieux qui lui étaient jetés, Gavin espérait une main secourable, mais ne s’attendait pas à ce que cette main vienne d’Henri qui agrippa fermement sa taille, afin de la plaquer contre lui, le regard furieux.
— Ma douce, voyons ! s’exclama-t-il.
Cherchant à endormir la vigilance des passants, Henri avait souri, approchant sa bouche de son cou délicat pour y murmurer :
— Refaites ceci, ma douce, et je vous briserai.
Apeurée, Gavin gémissait intérieurement, priant très fort pour que quelqu’un lui vienne en aide.
Henri put profiter de cet instant pour découvrir le corps de ce qu’il espérait être sa future femme, mais alors qu’il s’approchait de cette zone que Gavin réfutait, elle lui donna un coup de pied dans le tibia, faisant reculer celui-ci qui la lâcha.
Gavin souleva ses jupes et prit la fuite à nouveau, cherchant un endroit où elle pourrait être en sécurité.
Elle l’entendit hurler son nom, jurant tellement fort qu’elle en aurait rougi si la peur ne l’avait pas poussée à continuer de courir.
Soudain, alors qu’elle s’approchait de la sortie du village, elle aperçut plusieurs chevaux.
— Chevaliers ! l’entendit-elle hurler derrière elle. Veuillez arrêter ma fiancée !
Le cavalier qui se trouvait à la tête du petit groupe lança son destrier au trot jusqu’à arriver à Gavin qu’il trouva totalement pétrifiée.
La jeune femme se sentit soudainement soulevée de terre et positionnée sur une selle de cuir.
— Veuillez rester calme, Milady, murmura une voix grave et chaude contre son oreille, faisant frissonner tout son être.
Gavin releva la tête et leurs regards se croisèrent.
— Ah, merci, Sire chevalier, d’avoir retenu ma fiancée.
Le chevalier tiqua, mais quand cette dernière sentit une main lui agripper la cheville, elle sursauta, effrayant le destrier qui se cabra.
— Oh ! fit le chevalier. Tout doux, Cade, tout doux, tu vas faire peur à la Damoiselle.
— Veuillez vous écarter, vous rendez nos chevaux nerveux, fit un autre cavalier en arrière.
Gavin se tendit, réalisant où elle était et pourquoi elle se trouvait sur cette selle.
— M-Merci, Messire… murmura-t-elle en baissant la tête.
Grave erreur, car sur le pourpoint qui recouvrait son armure, elle pouvait y voir le blason du Roi d’Angleterre.
— Êtes-vous l’un des chevaliers au service de sa Majesté, Messire ? demanda-t-elle.
— Si fait, Milady. répondit-il sans la quitter des yeux.
— Pouvez-vous me ramener chez moi ?
— Avez-vous peur de votre fiancé ?
— Il n’est point mon fiancé, gronda la voix de Gavin qui tremblait dans ses bras.
Jetant un coup d’œil à l’importun, le cavalier se décida à lancer son cheval en direction du château, ses hommes sur ses pas.
— Êtes vous la dame de ce château ? la questionna l’un des hommes.
— Je suis en effet la fille du Comte Twudel, répondit Gavin en se penchant légèrement, retenue par le bras puissant du cavalier contre lequel elle était assise. Revenez-vous de campagne ?
Deux des cavaliers du groupe pouffèrent devant sa douce curiosité.
— C’est exact, Milady. Nous rentrons tout juste du Nord du pays.
— Les Saxons sont féroces à ce que l’on raconte.
— Vous voilà bien informée.
— Beaucoup de voyageurs passent par notre village, aussi j’aime écouter ce qu’il se dit.
— Vous devez vous ennuyer, ici.
Entendant le soupir de la jeune femme, les hommes éclatèrent de rire. Lancés au pas, les chevaux évoluaient doucement à travers le marché.
— Milady ! s’écria Elisa en accourant vers elle.
— Elisa !
Le cavalier tira sur les rênes, ordonnant ainsi à son cheval de s’arrêter. Il se pencha en avant, collant son torse contre le bras de Gavin qui retint son souffle pendant qu’il passait une jambe par-dessus la croupe de son cheval, mettant pieds à terre, avant de lever les bras vers elle et l’aider à descendre.
S’appuyant sur les épaules robustes du cavalier, Gavin sentit son cœur battre la chamade. Elle ne voyait que ses yeux d’un brun foncé qui la réchauffaient malgré la température basse.
Une fois au sol, Gavin se lança vers son amie qui lui attrapa les mains, totalement affolée.
— Milady ! J’étais si inquiète ! Messire le Comte a commencé à boire, il nous faut nous hâter.
— Damoiselle Gavin ! entendirent-elles hurler derrière elles.
— Oh non, soupira Gavin. Vite, rentrons.
Elle s’arrêta soudain, risquant sa sécurité pour se tourner vers le groupe de cavaliers et dire à leur chef :
— Pour vous remercier de m’avoir secourue, puis-je vous proposer notre tablée, Sires chevaliers ?
Entendant Henri beugler, essoufflé par sa course, l’homme tourna la tête vers la jeune femme et accepta.
— Dans ce cas, nous vous suivons. Erik, prends la Damoiselle avec toi, nous nous rendons au château des Twudel.
Un gros cheval baie s’approcha d’Elisa qui sursauta, reculant de quelques pas. L’homme arrêta l’animal et tendit une main vers la suivante qui envoya un regard terrorisé à sa maîtresse.
— Vas-y, lui ordonna-t-elle gentiment. Mieux vaut ne pas traîner.
— Sages paroles, Milady, lui adressa le cavalier en grimpant à son tour.
— Je préfère cent fois la senteur d’un cheval que celle de cet infect…
Elle n’eut pas le temps d’en dire plus qu’il la souleva pour l’installer de nouveau sur le devant de sa selle.
— Allons-y.
Il talonna son cheval, le lançant au petit trot jusqu’au château. Elisa se cramponna au tissu du pourpoint de l’homme avec qui elle était montée, bravant le froid et l’inquiétude de sa position.
— Ne craignez rien, Ma Dame, fit le dénommé Erik d’une voix calme. Saphire est un cheval effrayant de prime abord, mais c'est un compagnon très doux.
— M-Merci, je… Veuillez excuser mon attitude, Messire.
— N’en faites rien, Ma Dame, c’est normal.
Malgré leur ton bourru, ces hommes étaient éduqués et calmes. Elisa put se détendre quelque peu jusqu’à ce qu’ils arrivent devant le château et qu’ils entendent des cris, faisant trembler les deux femmes.
Gavin se pencha en avant.
— Elisa, rentre tout de suite dans tes appartements ! Ordonna-t-elle.
— Mais Milady…
— Non ! gronda-t-elle. S’il a bu comme tu l’as dit, alors il va recommencer. Je préfère que tu sois à l’abri.
Erik descendit de son cheval et tendit les bras pour l’aider à son tour. Une fois à terre, elle adressa une révérence maladroite à l’homme, le remerciant de lui avoir permis de monter avec lui, puis s’évapora.
— Gavin ! entendirent-ils hurler. Où est cette ingrate ?!
La jeune femme en question ferma les yeux, avalant une goulée d’air, puis tapota le bras de son cavalier pour lui demander de la faire descendre.
L’homme s’exécuta et une fois descendu de cheval, elle appela l’un des palefreniers qui vint immédiatement prendre les rênes des cinq chevaux de guerre et les guider vers les écuries.
— Veuillez me suivre, Sires chevaliers, fit-elle non sans trembler de peur.
Mais une main forte lui attrapa le coude, la faisant ralentir.
— En êtes-vous sûre ? Il serait préférable que vous nous laissiez passer devant, afin de vous assurer une sécurité.
— C’est bien aimable à vous, mais en tant que fille de Comte, il est de mon devoir de vous précéder, répondit-elle sans aucune assurance.
— Nous restons près de vous.
Elle hocha la tête et les guida vers l’entrée du château d’où sortaient les cris de son père.
— Milady ! s’écrièrent plusieurs personnes, alors qu’ils venaient à peine d'entrer dans la bâtisse.
— Berta, va allumer le feu, nous avons des invités.
— Bien, Milady.
— Flore !
— Milady ! s’écria une jeune femme apeurée.
— Va rejoindre Elisa dans ses appartements et n’en sors que si je t’appelle.
— Mais…
— Tout de suite !
Après une légère révérence, la petite courut vers un côté du grand hall pour rejoindre une pièce et en claqua la porte.
— Gavin ! hurla son père quand il la vit pénétrer dans la grande salle.
— Me voilà, père. Nous avons des invités de Sa Majesté.
Le Comte étudia un instant le groupe d’hommes armés qui venait d’entrer à sa suite et se figea en avisant le blason Royal.
— Oh ! Soyez les bienvenues, Mes Seigneurs !
— Lady Gavin a eu la bonté de nous proposer un gîte pour la nuit, fit le premier cavalier en retirant son heaume qu’il carra contre son bras. Je m’appelle Thomas Kirley, chevalier de Sa Majesté.
Gavin les invita à s’installer autour de la grande table en bois, avant de disparaître, suivie par plusieurs femmes de chambre.
Thomas suivit la jeune femme du regard jusqu’à ce qu’elle disparaisse derrière un mur.
[…]
Après une bonne heure à discuter avec le Comte et sa femme, la fille du couple réapparut, s’inclinant légèrement devant eux pour se précipiter vers les cuisines, avant que l’homme imposant et débordant d’alcool ne l’alpague.
— Vous vouliez me voir, père ? fit-elle, les mains jointes devant elle, le dos droit et le regard fixe.
— J’ai eu vent de ta sortie désastreuse avec Henri. Pour te punir, tu feras tout le service, ce soir.
La jeune femme se raidit, mais ne broncha pas, acceptant son sort, visiblement habituée à ce traitement.
Elle s’inclina, puis disparut à nouveau.
— Votre Dame ne s’occupe-t-elle pas de votre maison ? s’enquit l’un des chevaliers, intrigué.
— Ma fille est en passe de devenir l’épouse de l’un de nos voisins, aussi se doit-elle de connaître tous les devoirs d’une bonne maîtresse de maison, répondit la Comtesse, touchée par cette remarque.
— Parlez-vous de cet homme qui a tenté de la posséder devant tout votre village en plein jour de marché ? fit Thomas en levant un sourcil.
— En voilà des accusations, Messire. Nous connaissons bien Henri, il est très bien pour elle et éduqué, de surcroît.
Thomas fronça les sourcils.
Éduqué ? Ce n’était pas ce qu’il avait pu voir en arrivant dans le village.
Depuis les remparts de l’entrée, il avait entendu les cris de l’homme qui insultait la pauvre fille totalement affolée qui s’était mise à courir aussi vite et loin pour lui échapper.
Si Thomas et ses hommes n’étaient pas entrés, curieux, jamais ils n’auraient pu assister à la scène et sauver cette douce créature qui semblait être sortie tout droit des contes de fées.
Thomas avait senti son cœur s’arrêter, avant de repartir dans une course effrénée au moment où elle avait planté son regard dans le sien.
Captivé par le vert émeraude de ses yeux, il avait tout de suite senti quelque chose entre eux.
— Elisa ! cria le Comte, où est cette fille ? Gavin, fais venir ta servante immédiatement !
Exaspérés du ton qu’employait l’homme, le petit groupe de chevaliers dut se faire violence.
Quand Gavin approcha, il lui reprocha l’absence de sa suivante et lui demanda qu’elle emmène les chevaliers dans le dortoir des invités.
Soulagée qu’il ne veuille pas s’en prendre à son amie pour une faute quelconque, Gavin appela la jeune femme qui arriva en trottinant, tête baissée.
— Peux-tu accompagner les Sires chevaliers dans le dortoir ? Veille à ce qu’ils ne manquent de rien.
— Bien, Milady.
Le groupe se leva comme un seul homme, saluant le Comte, avant de s’incliner respectueusement devant la jeune femme, puis suivirent Elisa à travers un escalier montant à un étage qui ne se trouvait pas être un dortoir, mais une chambre très spacieuse.
— Ma Dame, fit Erik étonné.
La pauvre fille tremblait comme une feuille. Elle s’acharnait à faire craquer l’allumette qui servirait à allumer le feu dans la vaste cheminée, mais ses doigts ne lui répondaient plus.
Volant à son secours, Erik la lui prit et entreprit de préparer ledit feu, tandis qu’elle papillonnait de lit en lit, s’assurant qu’ils soient bien frais et que les draps soient tirés.
— Veuillez cesser un instant, s’il vous plaît.
— Dame Elisa, l’appela doucement Erik en lui attrapant le coude. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’il se passe dans ce village ?
Sursautant à ce contact, Elisa ne chercha pas à s’en défaire, trop faible pour les affronter. Elle se laissa guider vers une grosse malle où il la fit s’asseoir.
— Ma Dame est en âge de se marier, expliqua-t-elle faiblement.
— Quel âge a ta maîtresse, petite ?
— Dix-huit ans, Messire.
Un instant de silence se fit avant que Thomas ne pose enfin la question :
— Pourquoi l’avons-nous retrouvée effrayée, fuyant cet homme visiblement en manque d’exercice ?
Elisa sourit à cette pique et reprit :
— Il y a presque deux mois, le Comte a fait appeler tous les hommes célibataires du domaine et des alentours pour y trouver le mari idéal… Des hommes aussi inintéressants que grossiers. Jusqu’à ce que ce fat d’Henri Stanford vienne faire une offre au Seigneur Twudel pour la main de sa fille.
Les hommes se regardèrent, déduisant la suite.
— Visiblement, ta maîtresse semble très contente de cette transaction, dit l’un des hommes assis sur l’un des lits, un coude sur sa cuisse.
Hochant doucement la tête, Elisa leur décrivit qui était Henri, faisant pousser à Thomas un long soupir.
— Ce n’est malheureusement pas de notre ressors, mais je peux en faire part au Roi.
— Thomas, la Reine n’a-t-elle pas dit qu’il lui manquait une Dame de compagnie ?
— Si, depuis que ma sœur est partie en France épouser son marchand, il y a une place de libre dans les rangs de la Reine.
Elisa leva son visage dont les yeux bleus brillaient d’espoir.
— Je vous en supplie, Messire, aidez Ma Dame à quitter ce château !
— Si je la fais partir, vous serez obligée de la suivre.
— Tant qu’elle est hors de ces murs et loin de cet ignoble personnage…
Erik partit dans un rire grave qui électrisa la jeune femme.
— Douce femme ! s’exclama-t-il en se frappant la cuisse. Voilà une jeune suivante combative. J'admire ce genre de trait chez une femme. Votre Maîtresse doit beaucoup vous aimer.
— Nous sommes amies depuis notre plus tendre enfance, avoua la suivante, les joues roses.
Les chevaliers se lancèrent des sourires attendris.
— Demain, nous repartirons pour le château du Roi, annonça Thomas en s’adressant à ses hommes. Dame Elisa, pouvez-vous demander à votre Maîtresse de se tenir prête à un éventuel départ dans les jours à venir ?
— Je vous en supplie, Mon Seigneur, ne nous donnez pas de faux espoirs. Ma maîtresse rêve de quitter ce château et pense déjà à se terrer dans un couvent, tout ça pour échapper aux demandes en mariage que son père lui soumet ! l’implora la jeune femme qui s’était jetée à ses pieds.
Thomas la fit se relever. Il déploya son corps immense pour lui faire face.
— Vous avez ma parole que je ferai tout mon possible pour vous sortir d’ici.
— Vous pouvez lui faire confiance, lui indiqua Erik. Thomas est l’un des confidents du Roi. S’il y a bien quelqu’un qui peut vous sauver toutes les deux, c'est bien lui.
— Merci, Messire Erik. Sire Thomas, je m’en remets à vous.
Il hocha la tête et la laissa quitter la pièce.
— Foutue famille, laissa-t-il échapper, avant de se défaire de son armure.
[…]
— Milady, mais que faites-vous ?! s’écria Elisa en la voyant arriver dans la grande salle en portant un lourd plateau de viande juteuse.
— Il suffit ! gronda le Comte en foudroyant la jeune servante du regard. Disparais !
Gavin déposa le plat qui lui cassait les poignets, attrapa le bras d’Elisa et lui murmura quelque chose, avant de s’en retourner en cuisine pour y continuer le service.
Henri s’était invité à la table du Comte et les regards qu’il lançait à la jeune femme ne plaisaient guère aux chevaliers.
Plus tard, alors que le service était enfin terminé, Gavin savait que son calvaire, lui, ne prendrait fin qu’au moment où tout le monde irait se coucher. Mais Henri semblait vouloir éterniser la soirée en retenant les invités, ainsi que le couple, leur faisant part de ses nouvelles acquisitions.
— N’arrêtera-t-il donc jamais de parler ? avait lancé l’une des femmes de cuisine.
Gavin leur avait adressé un sourire amusé, mais quand ce dernier l’appela, son visage perdit son éclat.
— Quand elle sera mienne, je la dresserai pour qu’elle réponde plus vite, s’exclama-t-il, mécontent.
Marchant droit vers lui, tout en restant à une certaine distance, Gavin n’avait pas quitté sa posture droite, bien que raide.
— Ah, ma douce !
— Cessez ! gronda-t-elle. Que me voulez-vous ? Je suis fatiguée et souhaiterais monter me mettre au lit.
Un coup d’œil au cavalier lui indiqua qu’il était inquiet pour elle. Touchée, elle le remercia d’un léger mouvement de tête.
— Tu as raison, fit son père. Tu peux t’en aller. Tu aideras ces chevaliers à mettre leurs amures, demain matin. Sire Thomas a dit qu’ils étaient rappelés auprès du Roi.
Une lueur d’espoir s’alluma dans son regard, ce qui ne passa pas inaperçu auprès dudit chevalier, mais aussi d’Henri.
Elle s’inclina, puis quitta la salle pour se précipiter vers sa chambre où elle retrouva Elisa qui l’y attendait.
[…]
Une fois dans son lit, Gavin se prit à rêver de ce que lui avait confié son amie avant de la laisser pour la nuit.
Si ce que lui avait dit Elisa était vrai, alors Sire Thomas allait pouvoir l’aider à s’enfuir d’ici. Cependant, un risque subsistait. Au château, son secret risquait d’être découvert.
Allait-elle prendre le risque d’y aller malgré tout ?
Oui, elle ne supportait plus sa vie ici. Alors s’il pouvait lui assurer une certaine sécurité auprès de la Reine, Gavin lui en serait à jamais reconnaissante.
Elle avait hâte de le voir pour lui parler et s’assurer qu’il ne manquerait pas à sa parole.
***
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