Chapitre 9
Le mariage ne fut pas somptueux, rien de sensationnel.
Gavin ne voulait pas être exposé et Thomas avait demandé un mariage rapide.
Il était habillé d’une robe blanche empruntée à la mère de Thomas qui, avec son mari, avait assisté le couple.
Gavin avait été accompagné par le Roi lui-même jusqu’à l’autel marital.
Le religieux dépêché pour cet évènement était aussi tendu que la corde qui retenait le Comte Twudel rugissant de rage, le visage bien amoché.
— Je refuse ! Hurlait-il.
— Continuez, mon père, fit le Roi en l’encourageant avec douceur.
L’homme hocha la tête et entama les paroles sacrées qui lièrent les deux amants pour l’éternité.
Quand le mariage fut prononcé, Thomas captura la bouche de Gavin avec tellement de force qu’il marqua cette dernière comme on appose un seau sur la peau d’un animal au fer rouge.
[…]
De retour dans la chambre de son mari, Gavin lui demanda un instant pour souffler, mais ce dernier ne lui accorda que très peu de temps.
Il fit appel à Elisa et lui demanda d’aider Gavin à se changer pendant qu’il partait discuter avec ses hommes.
— Les chevaux sont prêts, fit Tristan. J’ai hâte de rentrer.
— Nous partirons dans l’heure. J’attends que Gavin soit prête pour quitter les lieux, déclara Thomas sombrement. Je n’aurai de repos qu’une fois rentrés chez nous.
— Elisa a hâte de partir aussi, fit Caleb.
— Tu lui as dit ?
— Elle l’a deviné assez rapidement.
— Bien, dans ce cas…
Un bruissement retentit dans le couloir, avertissant les cinq hommes qu’elles avaient fini.
Thomas jeta un coup d’œil à Gavin qui était chamboulé et sur le point de s’évanouir de fatigue. Il s’en voulut de lui faire subir tout ça en si peu de temps, mais il voulait absolument le mettre à l’abri et pouvoir lui attribuer mieux que la chambre qu’ils partageaient depuis quelque temps au château. Il lui tendit sa main. Le jeune garçon la prit sans attendre et tous prirent le chemin des écuries.
— Te sens-tu assez en forme pour monter à cheval avec moi ?
— Oui, rassure-toi.
— Tu vas monter devant. La route sera un peu longue, aussi tu pourras dormir contre moi jusqu’à ce que nous soyons arrivés chez nous.
Gavin hocha la tête et le sentit lui entourer la taille pour le soulever du sol et le déposer en amazone sur le devant de la selle. D’un bond puissant, Thomas grimpa à son tour derrière lui.
Il déposa sur ses épaules une longue cape, afin que la fraîcheur du soir printanier ne le rende pas malade. Jetant un coup d’œil sur le côté, Gavin vit qu’Elisa avait été déposé sur la selle du gros destrier de Caleb, emmitouflée dans une cape chaude.
— Allez, rentrons ! s’écria Thomas en talonnant son cheval.
La charrette qui les suivait transportait les affaires des deux amis, ainsi que bon nombre de biens appartenant aux chevaliers accumulés durant les années passées loin de chez eux.
[…]
Le trajet avait été calme, uniquement perturbé par les discussions joyeuses des deux amis et les rires contenus des hommes qui se plaisaient à les écouter. Ils firent plusieurs arrêts avant qu’ils n’arrivent en pleine nuit sur le domaine des chevaliers.
— C’est ici que nous nous séparons ! fit Erik en quittant le convoi pour se rendre sur la gauche. Tristan et Cane quittèrent le groupe un peu plus tard, puis face à une grande bâtisse, ce fut Caleb et Elisa qui laissèrent leurs amis, après leur avoir souhaité une bonne nuit.
— Allons-y, ma mie, fit le géant en tirant sur les rênes de son cheval pour le faire tourner vers une bâtisse plus proche.
Thomas guida son cheval vers les écuries où s’y trouvaient plusieurs autres, ainsi que des poulains. Il fit descendre Gavin et déséquipa son destrier qui s’ébroua.
Gavin entreprit de trouver de quoi brosser Cade. Quand il appliqua la brosse, avec des gestes fermes mais doux, le cheval poussa un petit hennissement de bien-être, fouettant l’air de sa queue, l’encolure basse, les yeux mi-clos, signe qu’il appréciait le traitement.
Thomas revint dans le box pour apercevoir le jeune garçon, tout sourire, s’occuper de son cheval avec amour.
— Je vois que tu as réussi à le charmer.
— Ton cheval est un compagnon agréable, répondit le garçon en lui grattant le chanfrein.
— Dois-je en déduire que je ne le suis pas ?
Le rire frais de son époux lui hérissa les poils. Son désir de le posséder fut encore plus puissant. Il se posta derrière lui et frotta son corps dur comme la pierre. Il l’entendit gémir.
— Gavin…
— Dois-je préparer un bain ?
Revenant à la réalité, Thomas gronda de frustration.
— Laissez-moi faire, mon amour, fit-il avec politesse, exacerbant les nerfs d’un Gavin en feu. Je vais préparer de ce pas de quoi laver nos corps de ce voyage, avant de sombrer dans les draps.
Il se pencha vers son oreille et ajouta :
— Et que nos corps puissent s’enlacer dans une étreinte torride.
— M-Messire Kirley, feula Gavin qui se sentait déjà partir.
— Mon doux Ange, sache qu’une fois dans cette chambre, je ne répondrai plus de rien et te ferai mien.
Gavin resta volontairement dos à lui pour essayer de garder une certaine contenance, mais ne put s’empêcher de dire :
— J’ai hâte.
Gavin sentit une main lui empoigner la gorge et lui faire relever la tête, une bouche vorace s’écrasa sur la sienne, imposant une brutalité sans précédent. Aussi vite qu’il était venu, il repartit pour rallier le manoir.
Thomas se précipita pour préparer le bain dans sa grande chambre. Il s’affaira à y déposer le coffre de voyage de son époux et s’occupa de tout préparer pour relaxer Gavin après cette journée éprouvante.
Quand il retourna dans le box de Cade où se trouvait encore Gavin, il le vit ranger les affaires dans les sacoches de la grosse selle qu’il avait soulevée pour la déposer sur un support dans l’allée.
Il se cala contre une poutre, bras croisés sur sa large poitrine. Débarrassé de sa lourde armure, il était simplement vêtu de son pourpoint sombre et de ses braies en cuir. Un sourire machiavélique releva un coin de sa bouche, son regard illuminé par un désir flamboyant rivé sur son bel ange. Il contracta son corps quand le jeune garçon se pencha en avant pour ramasser le tapis posé sur le sol. Ses fesses rebondies lui apparurent à travers le tissu de sa robe.
Son désir sauvage faisait courir dans ses veines une sorte de lave dévastatrice qui menaçait de le tuer sur place. Il se contenta de fermer les yeux, soufflant pour tenter d’atténuer ce feu dévorant.
— Oh mince ! s’écria Gavin soudainement, laissant échapper les sacoches et s’emmêlant les pieds dans sa robe.
Ni une ni deux, Thomas se précipita vers lui et le rattrapa de justesse, avant que son visage ne heurte violemment le sol.
Gavin releva la tête et se retrouva propulsé en l’air sur une épaule large et robuste.
— Oh, fit-il.
— Eh bien, cher Ange ? Fit la voix que Gavin aimait tant. Préférez-vous le sol ?
— Je… non, j’ai simplement perdu l’équilibre… se justifia le garçon sur son épaule.
Thomas ferma la porte du box, puis quitta les lieux pour retourner dans la bâtisse.
Il monta quatre à quatre les marches froides pour ouvrir une porte qui donnait sur une grande pièce où trônait un large lit à baldaquin. Une douce chaleur remplissait la pièce, attisant le désir qui bouillonnait en eux. Il le déposa sur le tapis. Son corps longiligne glissa lentement contre son torse, faisant sentir à Thomas ses moindres reliefs, qu’il avait eu la chance de voir, mais qu’il n’avait pu découvrir réellement.
Yeux dans les yeux, les deux hommes se jaugèrent du regard.
— Le bain est prêt, murmura la voix rauque du chevalier qui n’avait pas lâché sa taille.
Du pouce, l’homme caressa la hanche de Gavin qui frémit sous les gestes lents et circulaires.
La cape quitta son corps frêle, formant une auréole autour de ses pieds. Le surcot passa par-dessus sa tête, laissant retomber sa longue chevelure contre son dos.
Alors que la robe tombait et qu’il lui laissait sa chemise blanche, Gavin passa ses mains sur la ceinture de l’autre homme, défaisant la boucle. Le bruit sourd de l’accessoire chutant sur le parquet résonna dans la chambre silencieuse. Intimidé, mais curieux, Gavin passa ses doigts sur le bord du pourpoint sombre pour le hisser jusqu’au-dessus de la tête de Thomas qui ne l’avait pas quitté des yeux, comme hypnotisé par ses gestes.
Il l’aida à enlever le vêtement, emportant sa chemise et dévoilant un torse musclé dont une ligne de poils bruns partait de son nombril pour disparaître dans ses braies. Gavin dut se racler la gorge quand il aperçut l’érection gonfler le vêtement.
Thomas l’aida à les lui retirer, dévoilant une trace noire qui lui encerclait la cuisse. Intrigué, Gavin posa son regard dessus, puis traça le dessin du doigt.
— C’est un tatouage, lui apprit-il, le regard amusé par l’expression qu’affichait le jeune homme.
— Que… Comment ?
— Hmm… Le mélange est assez complexe et la technique douloureuse, mais je l’ai fait quand j'ai remporté ma première victoire sur le champ de bataille.
Totalement fasciné, Gavin lui adressa l’un de ses regards lumineux qui le faisait fondre.
— Je… Puis-je toucher ?
Voulait-il que Thomas meurt plus vite que prévu ?
D’un simple mouvement de tête, il l’autorisa à le torturer un peu plus. Il ferma les yeux quand ses doigts se déplacèrent sur les cercles fins et l’anneau plus large de son tatouage barbare.
Soudain, il lui attrapa le poignet. Gavin comprit qu’il était à bout et préféra ne pas continuer. Le jeune homme se retourna dos à lui et se pencha pour attraper les bords de son sous-vêtement pour le faire passer par-dessus sa tête et entra nu dans le bac d’eau chaude.
Thomas serra les poings si fort qu’il les sentit craquer sourdement.
Il se débarrassa de ses affaires et se glissa dans le bac à son tour, positionnant ses jambes de part et d’autre de son époux, venant l’adosser à lui.
Dans un soupir de volupté, Gavin ferma les yeux et se laissa aller aux caresses sensuelles de son mari.
Ses doigts lui massaient les épaules lentement, puis ses biceps à peine formés, pour revenir à sa gorge. Gavin se cambra légèrement quand Thomas effleura sa poitrine, hérissant ses tétons roses.
Le soupir qui franchit ses lèvres tendit encore plus le corps de Thomas dont l’érection se frottait contre le bas du dos du plus jeune.
— Tu aimes, mon petit Ange ? souffla le chevalier à son oreille.
Seul un gémissement étouffé lui répondit. Thomas plongea dans la nuque dégagée du jeune homme pour y apposer sa marque. Une trace violacée s’y trouvait à présent, montrant à qui la verra que Gavin était à lui.
Son époux, son Ange, sa vie…
Jamais il n’aurait cru possible de découvrir l’amour avec un garçon. Mais ce n’était pas n’importe lequel, se disait-il.
Non, c’était son bel ange et même si un secret perturbait le bonheur du chevalier, il savait que ce détail serait bientôt insignifiant. Il y était préparé et ce soir, il était bien décidé à l’effacer totalement.
Glissant ses doigts rugueux sur la peau fine de Gavin, il put découvrir que ce dernier était très légèrement musclé, jusqu’à sentir ses abdominaux se contracter sur son passage.
Le chevalier commença à se frotter contre le dos de son époux, le faisant feuler :
— Thomas… entendit-il. Si… Si tu continues, je…
— Tu ?
— Vais crier de frustration !
Thomas éclata de rire. Un rire rauque et franc qui le fit vibrer de bonheur.
— Alors je ne vais pas vous faire attendre plus que cela, mon petit Ange ! le taquina-t-il en posant sa large main sur le témoignage de son désir qui se manifestait timidement.
— Oh ? fit Thomas, intrigué par ce qu’il touchait. Qu’est-ce donc, mon petit Ange ?
— La même chose qui me poignarde le dos, Messire.
Thomas partit dans un nouveau rire, plus sombre cette fois-ci.
Ce garçon avait du répondant, malgré sa timidité bien présente. Il aimait ça. Plus il en découvrait et plus il sentait que son choix était le plus réfléchi de toute sa vie.
— As-tu peur ?
— Un peu. Ce serait un mensonge que de dire le contraire. C’est la première fois pour moi. Et toi ?
— De quoi ?
— N’es-tu point dégoûté de faire ceci avec un homme ? De devoir toucher ce…
Thomas eut un rire bref. Mais Gavin avait le droit de se poser cette question. En vue de la situation, cette dernière était légitime et lui-même se l’était posée également.
Tout en continuant de masser cette partie de son anatomie qui n’avait jamais connu d’autres mains que celles de son propriétaire (qui ne l’avait quasiment jamais sollicité, sauf pour se laver), il se mit à réfléchir à sa réponse.
— Pour être honnête, Gavin, l’idée d’être avec un autre homme ne m’avait jamais traversé l’esprit, jusqu’à ce jour où je t’ai vu courir dans notre direction, totalement affolé.
— Tu ne pouvais savoir qui j’étais à ce moment-là, lui rappela gentiment le garçon.
— Je te l’accorde. Mais quand tu me l’as avoué… ou plutôt montré, se rattrapa-t-il avec douceur, sachant que ce moment avait été une véritable torture pour son époux. J’ai été surpris, mais immédiatement, j’ai cherché à comprendre ce qui aurait dû m'interpeller au moment de notre rencontre.
— Qu’as-tu trouvé ?
— Eh bien figurez-vous, Jeune Homme, que j’ai trouvé quelques détails.
Thomas frôla le sommet du sexe fin qu’il tenait en main, faisant frissonner Gavin qui ferma les yeux, les mains cramponnées aux bords du bac.
— A-Ah bon ? C-Comme quoi, pa-par exemple ? murmura le garçon, en proie à une véritable torture.
— Ta façon de courir.
— Je… Hmm… Je ne cours pas de manière assez féminine à… à ton goût ?
— Si, mais tu as surtout la rapidité d'un homme assez fougueux pour distancer n’importe quel cheval lancé en plein galop.
Gavin aurait voulu rire à cette image, mais un doigt glissant entre les deux fontes sous son sexe le crispa.
— Thomas…
— En as-tu assez ?
— Plus qu’assez, mon cher mari… Voulez-vous tuer votre époux dans l’immédiat ?
— Si fait, mon petit Ange. Mais de plaisir seulement…
Soudain, Gavin se sentit soulevé dans ses bras puissants, puis installé sur un coffre non loin de là. Thomas entreprit de se sécher, tout en laissant Gavin se passer le tissu rêche sur le corps, effleurant les pointes déjà bien tendues de ses seins, puis de plus en plus bas, jusqu’à ce que Thomas le voit entourer cette partie qui aurait pu le révulser, mais qui, étrangement, l’excitait au plus haut point.
Quand Gavin déposa le linge sur le côté, il laissa ses cheveux longs tomber en cascade humide dans son dos jusqu’à l’orée de ses fesses.
Une soudaine envie d’y enfouir ses doigts prit d’assaut l’esprit du chevalier. Il avança son bras sans s’en rendre compte, comme s’il était totalement possédé par son désir. Quand ses doigts se mêlèrent à la douceur de ses cheveux, Thomas gronda sourdement en se rappelant qui aurait pu avoir le plaisir de faire cela.
Il lui empoigna violemment la nuque pour le ramener à lui et plaquer sa bouche sur les lèvres roses de son compagnon accroché à ses larges épaules.
La puissance de ce baiser fit comprendre à Gavin la tornade qui faisait rage dans l’esprit de son mari et dut poser sa petite main sur sa joue pour qu’il retrouve un semblant de calme. Mais leurs deux corps en ébullition n’en avaient que faire.
Déjà Thomas sentait le sien lui dicter de ne plus attendre, de le posséder et de le marquer de la plus sauvage des manières.
Toutefois, son cœur entra en contradiction avec ce qu’il voulait et lui rappela qui était dans ses bras, à cet instant. Il dut faire appel aux restes de ses forces pour dompter, au moins pour un certain temps, son besoin de se fondre dans la chair de Gavin jusqu’à son cœur et que plus rien ne puisse exister entre eux, hormis l’amour.
Thomas le souleva du sol et lui fit entourer sa taille de ses cuisses fermes qu’il empoigna dans ses grandes mains brûlantes. Gavin sentit la chaleur traverser tout son corps, faisant battre son cœur encore plus vite.
Leurs sexes se frottèrent l’un contre l’autre, tandis que l’homme le portait jusqu’au grand lit qu’il défit pour le déposer entre les coussins.
Ses cheveux s’éparpillèrent autour de son visage comme une auréole de miel.
— Tu es tellement beau, mon petit Ange, murmura Thomas en l’admirant ainsi dévoilé à lui.
Le regard brillant, le torse agité par sa respiration saccadée, Gavin l’excitait plus que tout et l’ son érection, visiblement encore plus imposante que durant leur bain, était le témoin de son impatience.
Thomas se hissa au-dessus de son corps, le dominant de toute sa taille et plantant son regard dans le sien avec beaucoup d’amour et de désir. Sa main prit son menton pour relever son visage et lui donner l’accès à sa bouche. L’ange lui rendit son baiser avec douceur, avant que ce dernier ne devienne plus fiévreux.
Gavin promena ses doigts sur la grande cicatrice qui traversait le torse musclé de son mari avec une certaine fascination qu’il ne s’expliquait pas.
Il se releva pour venir l’embrasser, posant ses lèvres douces sur son épaule où celle-ci commençait. Il la suivit en traversant le buste de son mari hypnotisé par ce que lui faisait subir Gavin sans qu’il ne puisse esquisser le moindre mouvement.
Quand ce dernier remonta jusqu’à son épaule, Thomas avait fermé les yeux. Ses poings étaient serrés si fort qu’il aurait aisément pu se briser les os. Le grondement qu’il poussa surprit Gavin et l’arrêta, le faisant lever vers lui un regard effrayé.
— T’ai-je fait mal ?
— Du tout, petit Ange. Juste que si tu persistes dans cette voie, je ne suis pas sûr de pouvoir me contenir plus longtemps.
Gavin pouffa adorablement et plaqua ses lèvres contre la gorge de son mari qui rugit. Exilés loin de tout et de tous, ils sentaient leurs cœurs battre tellement fort qu’ils menaçaient de les quitter pour se mêler l’un à l’autre.
— Gavin, fit Thomas. Si je te fais mal, il faut me le dire. Je ne sais pas comment faire avec un homme, alors j’ai peur que tu ne me supportes pas en toi.
Le regard émeraude empli d’inquiétude et brillant de la flamme du désir lui envoya des ondes dans tout le corps. Il le sentit lui caresser la joue, tentant de le rassurer.
— Je te fais confiance… fut la seule chose qu’il entendit avant que son autre main ne l’empoigne fermement pour le sentir.
Thomas glissa ses doigts pour le serrer avec douceur. Il avait envie de toucher cette peau lisse et fine dispensée de tout poils intimes.
Quand il sentit l’organe se gonfler et durcir, le chevalier en fut surpris, mais ne le trouva que plus adorable encore, alors qu’il entendait la respiration saccadée et rapide du jeune homme dont les hanches ondulaient involontairement.
Qu’avait-il lu, déjà ? Ah, oui…
— Gavin, l’appela-t-il en lui proposant son index pour le voir le lui prendre entre ses lèvres.
Thomas se mit à jouer avec sa langue, bataillant avec cette dernière, rendant le moment si intense qu’il sentit que si ça continuait, il ne saurait plus comment lâcher prise.
Quand il jugea que c’était assez, il présenta son index sur la cuisse ferme et sensuelle de l’Ange dont le regard était posé sur lui, une certaine question dans les yeux.
Ils suivirent tous les deux attentivement le chemin qu’empruntait le doigt humide jusqu’à ce que ce dernier n’atteigne sa cible et y pénètre en petits cercles lents.
Gavin s’accrocha aux draps quand il le sentit entrer en lui. Il retint de justesse un petit cri, le corps tendu.
Mais la bouche de Thomas aspira un téton, l’électrisant de façon à ce qu’il ne ressente plus l’intrus qui se frayait un chemin au plus profond de son corps, très vite rejoint par un second et un troisième.
Thomas se donnait beaucoup de mal pour aider son époux à se détendre jusqu’à ce que l’Ange ne l’appelle d’une voix pressante.
Son regard s’assombrit totalement, ne laissant plus rien que du noir qui ne cherchait qu’une chose, aspirer Gavin jusqu’à son âme.
— Regarde-moi. Fais-moi confiance.
Gavin obéit et planta son regard émeraude dans le puits sans fond de son mari pendant que ce dernier lui massait cet organe qu’il adorait visiblement beaucoup pour ne pas l’avoir quitté depuis plusieurs minutes. Il s’avança entre ses cuisses relevées qu’il plaça contre sa taille et ficha son sexe dur contre l’antre tant convoité.
Le regard inquiet de Gavin ne le quitta pas, lui faisant crisper les muscles. Lentement… très lentement, Thomas le pénétra.
L’anneau passé, Gavin hurla, arquant son corps comme s’il était soudain écartelé de toutes parts.
Effrayé, Thomas s’arrêta, l’aidant à se faire à sa présence en lui.
Après un moment à ne plus bouger, Gavin lui fit enfin signe de reprendre son geste.
Graduellement, Thomas avança, puis se recula pour mieux revenir l’explorer avec une certaine extase.
À mesure que Gavin s’habituait à lui, le plaisir prit une toute autre forme. Les cris de douleur furent vite remplacés par ceux du plaisir.
Grisé, le chevalier lui empoigna les hanches et le suréleva pour venir se planter plus directement dans ses entrailles.
— J’ai peur de te faire mal, petit Ange… souffla Thomas, le visage caché dans son cou.
— Je t’en prie…
Le regard sombre, Thomas chercha une quelconque émotion de peur dans les joyaux lumineux de ses yeux, mais ne vit que la flamme du plaisir qui les animait.
Thomas sut à ce moment-là qu’il n’avait plus à se retenir. Le désir et la passion prirent possession de lui et libérèrent quelque chose dans son esprit qui le laissa posséder avec violence le garçon qui prit plaisir à être écartelé par ses coups de hanches.
Si rapide, si brutal, chaque coup était comme une nouvelle découverte, comme une révélation pour eux sur ce monde si différent.
Les cris de Gavin étaient un chant de gloire, une délivrance sur les peurs qu’ils avaient eues par rapport à cet acte. L’ambiance devint électrique.
L’air était chargé d’ondes qui leur ouvraient les portes d’un monde étrange.
Leurs corps se mêlaient l’un à l’autre avec délice et fureur. Si Thomas avait espéré être doux pour sa première fois, Gavin s’était découvert une envie de brutalité et de chaleur intense.
Le chevalier rugissait contre sa peau rougie par les baisers échangés furieusement. Gavin se courbait, collant ses fesses au bassin de son mari qui en appréciait la douceur et la fermeté. Il enfonçait ses doigts dans sa chair, afin de sentir cette peau satinée le faire devenir encore plus fou. Les gémissements de Gavin emplissaient la chambre, ainsi que son esprit, le faisant décoller encore plus loin.
Quand Gavin eut son premier orgasme, Thomas crut que son monde s’était écroulé, volant en éclat devant cette magnificence. Le plus jeune était tremblant, le corps arqué en arrière, la bouche grande ouverte et les yeux fermés. Son corps était traversé de tremblements si violents que Thomas dut le ramener contre lui, caressant son dos pour l’aider à les faire passer. Mais le voir ainsi soumis à son premier moment de jouissance était si beau qu'il avait du mal à croire que c’était de son fait.
Était-ce vraiment lui qui venait de faire crier de plaisir ce jeune homme, capturant son cœur jusqu’à le rendre dépendant de sa présence ?
Quand son nom franchit les lèvres de Gavin, le guerrier sentit qu’il avait besoin de plus que cette première fois pour en être sûr.
Aussi quand le corps de Gavin se calma, Thomas reprit ses assauts, emportant avec lui le jeune homme plus loin encore dans le plaisir de la chair.
— Plus… gronda Gavin, comme s’il avait compris le désir de son mari. Il m’en faut plus !
Non, pas un ange. C’était un véritable démon qui voulait sa mort. Leurs deux corps déchaînés s’en donnaient à cœur joie et se lançaient continuellement des défis, cherchant à aller plus loin dans ce plaisir jusqu’à ce que la lame de fond ne les propulse ensemble dans ce monde que Thomas ne connaissait pas assez pour comprendre qui pouvait l’y emmener. Gavin découvrit un univers qu’il ne s’était jamais imaginé un jour pouvoir explorer.
Dans un ultime assaut, un ultime cri, tous deux quittèrent cet univers pour ne plus toucher terre.
Thomas s’affala sur Gavin, la tête posée sur son torse qui s’élevait rapidement, totalement essoufflé par ce qu’ils venaient de vivre tous les deux.
Ça avait été si beau et si intense que Gavin tentait de se remémorer quand il avait bien pu connaître une telle extase. Mais rien dans sa vie d’avant n’avait, ne serait-ce qu’un peu, égalé ce qu’ils venaient de vivre.
— C’était… tenta-t-il de dire avant que Thomas ne se relève en panique. Merveilleux…
— T’ai-je blessé, petit Ange ?
— Que nenni, Messire Kirley, soupira Gavin, tout sourire. C’était parfait. Tellement que je n’ai pas les mots.
— C’est à moi de dire ces choses, grogna le chevalier en embrassant la peau frissonnante de son époux.
— Vous aurai-je devancé, Mon Seigneur ?
Le grondement mécontent de Thomas fit rire Gavin qui lui caressa les cheveux.
— Je t’aime, petit Ange.
— Moi aussi, je t’aime, preux chevalier.
Le rire grave de son mari le fît frémir d’un nouveau désir, mais la fatigue les faucha tous les deux. Thomas roula sur le côté et emporta l’ange endormi pour le placer contre lui, ramenant les couvertures sur eux, pour sombrer contre ce petit corps qui lui avait fait connaître ce moment de pur bonheur.
L’amour qu’il ressentait pour Gavin prenait chaque jour de l’ampleur et même si la seule peur qu’il avait était qu’on les sépare, ou que Gavin le quitte subitement, leur attachement l’un à l’autre était si beau et si puissant qu’elle disparaissait peu à peu.
Plus tard dans la nuit, Thomas se réveilla avec l’envie de le posséder encore et encore, jusqu’à l’épuisement.
[…]
Quelques jours plus tard, ce fut autour d’une grande tablée que le groupe se retrouva pour un dîner animé, entouré d’amis riant à gorge déployée et d’amour flamboyant.
***
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