Chapitre 10
Après trois mois de mariage, Gavin et Thomas vivaient le parfait amour.
Ils avaient pu profiter de leur tranquillité, ainsi que de leurs amis un tant soit peu.
Mais après ces trois mois de pur bonheur rythmés par des moments aussi torrides que tendres, un messager arriva sur le domaine.
— Messire Kirley !
— Qui le demande ?
— Le Roi m’envoie. Vous devez revenir au plus vite au château.
Le ton pressant du messager inquiéta tout de suite la petite troupe qui lui adressa un regard sérieux.
— Que se passe-t-il ? demanda Caleb.
— Le Roi a besoin de vos hommes et vous pour participer à une mission de la plus haute importance.
Sur le qui vive, Thomas se rapprocha de Gavin, alors qu’Elisa tenait son ventre qui se tordait depuis quelques jours d’une inquiétude dont elle ne connaissait pas l’origine.
— Dîtes à Sa Majesté que nous serons de retour dans deux jours. Nous ferons au plus vite.
— Bien, Messire.
[…]
Ce soir-là, l’ambiance était tendue. Gavin était stressé et Elisa n’en menait pas large. Cramponnée à son ventre qui la tiraillait depuis un moment, elle sentait la panique grandir en elle.
Les cinq hommes ne bougeaient plus depuis près de deux bonnes heures.
— Nous sommes obligés de retourner auprès du Roi, mais je refuse que Gavin et Elisa nous suivent.
— Nous n’allons pas rester à vous attendre ici sans savoir ce qu’il se passe là-bas. S’il vous arrive quelque chose, nous ne le saurons pas ! Nous allons mourir d’inquiétude ! s’exclama Elisa.
Gavin posa une main ferme sur son bras pour lui ordonner de se calmer. Son amie lui adressa un regard fiévreux et se reprit quand ce dernier secoua la tête lentement.
Elisa pouvait voir, à travers son regard terne, toute l’étendue de son inquiétude et de sa tristesse contenue. Réalisant que son ami était dans le même état qu’elle, la jeune femme se ravisa d’en dire plus sous peine de le blesser involontairement.
— Nous devrions tous faire nos bagages, annonça enfin Gavin sans adresser le moindre regard à son mari.
— Gavin.
— La place d’une femme est auprès de son mari, le coupa-t-il d’une voix ferme. Elisa a raison sur un point. Nous n’allons pas rester ici à nous tourner les pouces. La Reine doit avoir besoin de nous à ses côtés et nous serons près de vous au château. Thomas, je me refuse à retourner seule dans ce château qui me regarde comme une bête de foire, mais je me refuse encore plus à te voir partir en sachant que peut-être, au détour d’un couloir, on te poignardera et que jamais tu ne me reviendras.
Son inquiétude ainsi exprimée brisa le cœur du chevalier. Il lui attrapa son poing, serré sur la table, pour l'apaiser. La dureté de son visage le fit sourire, de même que son caractère.
— Petit Ange, je ne me laisserai pas mourir aussi facilement. J’en porte la trace sur moi depuis la première fois. De plus, aucun de nous n’a envie de voir nos jours s’achever dans le château du Roi, loin de nos maisons.
— Même si pour certains d’entre nous, elles sont vides, nous rentrerons toujours pour nous sentir chez nous ! intervint Cane avec un petit sourire.
Mais soudain, pris d’une panique sourde, Gavin se tourna vers Thomas en lui agrippant les avant-bras.
— Et si nous sommes obligés d’attendre ici et que mon secret est révélé ? Que ferai-je ? Tu as juré de me protéger de tout ceci. Oserais-tu me demander de rester à l’écart pour me voir être mieux exposé quand tu seras mort ?!
Ahuri, Thomas ne sut quoi lui dire pour le calmer, mais les regards curieux des trois chevaliers restés dans l’ignorance se firent plus suspicieux.
— Quel secret ? demanda Erik, les bras croisés sur sa poitrine musclée.
Gavin ne réalisa que trop tard qu’il s’était fourvoyé.
Figé, le jeune homme n’osa rien dire avant que son mari ne le prenne sur ses genoux pour le tenir contre lui et caresser ses cheveux miel.
— Je ne peux rien dire si Gavin se refuse à vous y impliquer, mais malheureusement, nous manquons de temps.
Sans que Gavin ne dise quoi que ce soit et face au silence volontaire du deuxième couple visiblement au courant, les trois chevaliers écoutèrent Thomas leur dévoiler l’histoire cachée derrière les agissements du Comte Twudel et de Sir Henri Stanford, ainsi que la réticence de Gavin face à certaines situations.
Erik en tomba des nues et Tristan ne sut par où commencer pour reprendre le fil de ce qu’il se passait. Seul Cane lui jeta un regard souriant.
— Par Dieu, Cane !
— Désolé, mon frère, mais vous n’étiez pas très discrets.
— Quoi ? Tu le savais ? s’exprima Tristan, secoué.
Cane hocha la tête, faisant voleter ses cheveux noirs. Son regard cyan se posa sur le jeune garçon qui semblait être aussi surpris que les autres.
Cane n’était pas juge de leurs décisions et s’en remettait au cœur des deux amoureux. Mais la situation actuelle était belle et bien critique.
Tristan et Erik jugeraient-ils leur ami de longue date pour son choix marital ? Le regard perdu qu’ils posaient sur le couple marié était déchirant.
Gavin ne le supportait plus. Il se leva gracieusement, s’inclina pour s’éclipser vers l’extérieur, afin de reprendre ses esprits et mettre de la distance avec cette expression qui s’était peinte sur leurs deux visages. Indéchiffrable, fermée, le regard vague.
Un bruissement de tissus lui apprit que l’un d’entre eux était à son côté.
— Gavin, pardonne-moi de ne pas avoir révélé que je le savais. Il ne me revenait pas de le dire. J’ai jugé préférable que cela vienne de l’un d’entre vous, fit Cane en posant une main amicale sur son épaule.
Le jeune homme hocha doucement la tête, le corps tendu.
Des cris de colère se firent entendre, puis dans un bruit de pas précipités, Elisa passa devant eux. La fureur dans son regard menthe était plus que luisante et n’annonçait rien de bon, mais un bruit sourd suivit quelques instants plus tard. Caleb sortait au pas de courses et rattrapait sa belle qui se débattait, hurlant sa colère et sa grande tristesse vis-à-vis de son ami et du manque de réaction des deux chevaliers.
La voix de Thomas raisonna pour ramener tout le monde au calme. Il souhaita bonne nuit à Caleb et Elisa, lança un regard à Cane et s’approcha de son époux silencieux pour le porter dans ses bras, afin de le ramener à l’intérieur. Ils passèrent devant Tristan et Erik qui n’avaient toujours pas bougé, trop secoués. Ils suivirent du regard Cane rentrer avec Thomas et s’asseoir, tandis que leur ami emportait Gavin à l’étage.
Quand la porte claqua, plus aucun bruit ne se fit dans la maison.
— Vous voulez assister à ça ? demanda Cane, amusé.
— À ça ?
— Nous sommes chez eux. Thomas est marié et… ils ont des « devoirs conjugaux ».
Cane s’amusait intérieurement à les tourmenter, afin de voir une réaction venir de ses amis. Tristan se redressa, comprenant enfin ce qu’il s’était passé.
— Alors Lady Gavin est… est un… un…
— Garçon ? hasarda Cane, le regard rieur.
Tristan hocha la tête et resta silencieux.
— Comme Thomas vient de nous l’avouer, oui.
— Mais comment ? Depuis quand ? Pourquoi n’avons-nous rien vu ?! s’écria le plus jeune, en panique.
— Eh bien, je dirais depuis sa naissance. Et si nous n’avons rien vu, c’est parce que Gavin ne se balade pas nu comme les femmes de peu de vertu, répondit Cane en pouffant de rire.
Erik fronça les sourcils. Il se leva et prit le chemin de la chambre du couple.
Immédiatement, Cane et Tristan furent sur ses talons, l’un cherchant à comprendre, l’autre à les retenir, mais quand Erik toqua à la porte, ce fut la voix tremblante de Gavin qui les invita à rentrer.
Torturé par la culpabilité, le guerrier actionna la lourde poignée pour entrer et les trouva encore habillés, assis devant le feu de la grande cheminée.
Erik vit Gavin sursauter et se tenir très droit, preuve qu’il avait peur que le moindre mot signe sa perte. Ce geste rendit fou les quatre hommes présents dans la pièce.
— Gavin, fit Thomas en posant sa large main sur sa cuisse. Petit Ange…
— Non. Attends, Thomas ! s’écria Erik en s’approchant d’eux. Je veux juste comprendre ce que tu nous as confié, même si je dois dire que c’est assez difficile d’imaginer que tout ceci soit vrai.
— Dois-je me mettre nu devant vous pour prouver mes dires ? répondit sèchement Gavin qui fixait le feu agité.
Effaré par cette phrase, Thomas perdit sa tendresse, Erik se décomposa, Tristan blêmit et Cane se recula.
Comme dans le plus horrifiant des cauchemars, Gavin se leva devant eux et entama de défaire chacun de ses atours jusqu’à ne plus posséder que sa fine chemise.
Le cri que poussa Thomas ne le fit pas réagir, mais effraya ses trois amis qui se figèrent.
— Satisfaits ? demanda Gavin en se penchant pour ramasser ses vêtements et les enfiler, le corps tendu et le cœur battant si fort qu’il se savait près de défaillir. Me croyez-vous maintenant,
Messires ?
Erik tiqua.
Le regard sur ce corps trop féminin à son goût était en réalité celui d’un garçon né sous l’étoile de la femme. La famille du jeune homme le répugnait, mais il se dégoûtait encore plus pour l’avoir poussé à la plus horrible des scènes. N’osant affronter le regard de Thomas qui grondait à répétition sans que son corps ne s’arrête de trembler, il détourna les yeux.
Tristan les avait grands ouverts et son regard ne se détachait pas du sol.
Venaient-ils vraiment de lui infliger ce que les gens comme le Comte ou d’autres curieux de la cour avaient failli faire avec ce jeune garçon qui n’avait rien demandé, hormis d’être sauvé ?
Cane se tînt au chambranle de la porte, tremblant.
— Satisfait ? hurla Thomas, fou de rage que ses propres amis, ses frères d’armes, aient pu oser.
Mais Gavin se réinstalla sur son fauteuil, habillé et le dos droit. Plus rien… non, son visage n’exprimait plus rien, ni la joie de ces trois derniers mois ni la lumière qu’il aimait voir s’allumer dans ses yeux émeraude.
Mais la déclaration suivante leur glaça le sang.
— — Finalement, Elisa avait tort. Je n’ai pas ma place à tes côtés, Thomas. Je demanderai le divorce auprès du Roi, ainsi que l’exil.
— Quoi ?! rugit ce dernier, en proie à une fureur sans précédent.
Il se jeta à ses pieds et l’implora de ne pas le faire.
Mais déterminé, le garçon se releva, totalement vidé de tout sentiment, et quitta la chambre, non sans se sentir très faible.
Erik fut le premier à le retenir, mais le regard vide et les larmes l’empêchèrent de faire quoi que ce soit.
[…]
Disparu…
Gavin avait totalement disparu.
Voilà deux semaines que Thomas le cherchait avec acharnement, la rage au ventre et le cœur détruit que ses propres amis aient pu lui faire perdre la seule personne qui faisait vibrer son cœur.
Erik et Tristan s’en voulaient et avaient même proposé leur aide pour retrouver le jeune garçon, mais à chaque fois qu’ils s’adressaient à lui, il éclatait de fureur au point d’en venir aux mains.
Dévasté, voilà comment il était. Et quand le Roi lui envoya la missive qu’une demande de divorce lui été parvenue, le guerrier s’était définitivement perdu.
La douleur était ingérable et le vide laissé par Gavin était chaque jour plus profond et plus grand.
Jamais il ne se serait attendu à ressentir ce sentiment jusqu’à ce qu’il ne soit trahi par ceux qu’il considérait comme sa famille. Elisa n’arrêtait pas de pleurer toutes les larmes de son corps, inconsolable. Elle n’avait de cesse de crier le nom de son ami quand elle tentait de sortir. Caleb en devenait fou.
Cane fut envoyé au château, afin d’en savoir plus, mais rien ne lui parvint, pas même un bruit de couloir.
[…]
Gavin grelottait et ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même.
Assis dans le froid et dans ce cachot sombre, il ne voyait rien, pas même le bout de ses pieds gelés.
Quand il avait senti le coup porté sur sa nuque, Gavin avait cru mourir sur l’instant. Mais son ravisseur avait visiblement eu un tout autre projet à l’esprit.
À son réveil, il s’était retrouvé dans cette cage froide. Il avait assez vite compris qui était derrière cette mascarade et pourquoi.
Il avait pesté contre lui-même d’avoir été si bête et d’avoir agi de la sorte avec les amis de son mari.
Thomas…
Il lui manquait beaucoup et il n’arrivait pas à s’arrêter de s’excuser mentalement, tout en espérant qu’il le retrouve avant que quoi que ce soit ne lui arrive.
Mais après deux semaines… Toujours aucun signe de vie.
Gavin perdait espoir. Henri avait-il enfin réussi à faire plier ce guerrier fort et fier ? Il vaudrait mieux pour lui qu’il se tienne loin de son mari, si du moins il l’était encore. Car pour l’heure, ce qu’il avait pu entendre était qu’une demande de divorce à son nom avait été envoyée au Roi, mais que ce dernier ne s’était toujours pas prononcé.
Henri enrageait et Gavin savait que le Roi refuserait tant qu’il ne le verrait pas et qu’il ne le clamerait pas haut et fort.
En avait-il envie ? Bien évidemment que non !
En aucun cas Gavin ne voudrait annuler son mariage ! S’il l’avait dit en quittant la chambre, c’était pour aider les amis de Thomas à ouvrir les yeux et qu’ils voient tout le mal qu’ils lui faisaient. Mais jamais il ne s’était attendu à être kidnappé et enfermé comme un pauvre vaurien.
— Alors ma jolie, chantonna la voix d’Henri, visiblement à bout de nerfs. Ton cher mari est en train de mettre à sac tout le pays pour te retrouver. Il a reçu aujourd’hui-même l’annonce de ta demande de divorce.
Son cœur cessa de battre. Ainsi, Thomas le cherchait.
L’espoir se raviva en lui comme une étincelle sur un brasier qui s’essoufflait.
— Il est entré dans une telle rage que ses deux amis ont fini par s’éloigner de lui, continua Henri, content de son petit effet.
Le remords et la haine prirent possession de sa gorge, empêchant Gavin de respirer.
Thomas en était venu à penser qu’il avait vraiment mis sa menace à exécution.
JAMAIS ! hurla son cœur. JAMAIS IL NE L’ACCEPTERA !
Les larmes lui brouillèrent la vue et il se laissa aller au désespoir. Les regrets l’accablèrent jusqu’à ce qu’il en perde connaissance, pendant qu’Henri continuait à déblatérer des choses que Gavin ne voulait plus entendre.
Thomas… trouve-moi…
[…]
Les poings en sang, les traits tirés jusqu’à lui faire mal, son corps tendu comme la corde d’un arc qui allait craquer, Thomas ne se reconnaissait plus.
Il était devenu tellement violent et tellement amer que rien ne l’atteignait plus à part la perte de son petit Ange qui lui manquait tant… son sourire, ses soupirs, la douceur de sa peau, ses traits fins et son caractère en constant développement.
Que leur était-il arrivé en si peu de temps ? Lui qui pensait que plus rien ne pouvait les atteindre, voilà qu’on lui arrachait le cœur pour le réduire en charpie.
Les femmes ? Il ne les regardait qu’avec mépris. Les hommes ? C’était à peine s’il se montrait en présence de quelqu’un d’autre que Caleb et Elisa, dont le ventre s’arrondissait enfin.
Caleb était comblé par l’amour, mais affreusement touché par la disparition de ce petit bout d’homme qui avait su l’attendrir pour lui présenter l’élu de son cœur. Gavin avait changé tant de choses dans leurs vies qu’aucun d’entre eux n’avait pensé qu’un jour…
Elisa pleurait tout le temps. Elle était fragilisée par la perte et même si la joie d’être mère se lisait sur son visage, son regard trahissait sa peine.
Cane était le seul à faire le voyage entre les quatre hommes. Mais la violence effroyable dont avait fait preuve Thomas à l’annonce du divorce l’avait conforté dans son jugement. Il fallait retrouver Gavin et le ramener à la raison.
Erik et Tristan ne se trouvaient jamais dans la même pièce que les deux molosses pour éviter toute altercation. Ils continuaient à chercher le jeune homme. Au château, des rumeurs commençaient à se faire entendre.
On racontait que Gavin l’avait trompé et que Thomas était devenu violent au point de le battre ou de le tuer. L’absence de Lady Gavin à son côté était remarquable et beaucoup de femmes s’étaient mises à espérer qu’il ne leur accorde au moins un regard. Mais quand elles tentaient une approche, le grondement sourd qu'il poussait les effrayait au point qu’elles en prenaient la fuite.
— Mange un peu, lui dit Caleb durant un dîner obligatoire en présence de la Cour.
— Je n’ai pas faim, je veux retrouver Gavin… dit simplement Thomas en serrant les poings.
— Tu ne retrouveras pas ton Ange si tu t’affames à ce point, rétorqua Cane.
Thomas gronda et fit craquer sa nuque, signe qu’il commençait à s’agacer.
— S-Sire Th-Thomas… l’appela Elisa. Mangez, s’il vous plaît.
Thomas tourna la tête vers cette jeune femme si triste.
— Vous… Vous ne retrouverez pas Gavin si vous ne mangez pas. J’ai besoin de ma Lady…
Il la regarda, comme à chaque fois qu’elle intervenait pour tenter de le calmer ou de lui rappeler sa mission.
Il obtempéra et décida de planter violemment son couteau dans une pièce de volaille.
Le bruit sourd fit sursauter la salle et beaucoup de regards se tournèrent vers lui, mais aucun n’osa prononcer le moindre mot, afin d’éviter ses foudres.
[…]
— M-Ma Dame ? murmura une petite voix près de sa cellule.
Gavin releva faiblement la tête pour tendre l’oreille vers cette petite voix paniquée.
— Qui… Qui est là ?
— C’est m-moi, Milady…
Horrifié, Gavin se tendit en reconnaissant la petite voix d’une des enfants du château.
— Miranda ?
— Oui, Milady.
— Oh mon dieu, mais que fais-tu ici ?
La petite rampa jusqu’à lui et montra un visage tuméfié, le regard vairon terni par une peur incomparable et baignant dans les larmes.
La petite orpheline se précipita vers Gavin quand il lui ouvrit les bras en grand, afin qu’elle y n’y trouve refuge.
La petite pleura en silence dans les bras faibles du garçon qui lui frictionnait le dos, tentant de lui procurer un semblant de chaleur.
— Mon dieu… Raconte-moi.
— L-Le monsieur qui vit ici m’a fait battre parce que j’avais osé le suivre quand je l’ai vu sortir du château en murmurant qu’il vous retenait chez lui.
— Quel monstre… Personne ne t’a remarquée ? Pas même un garde ?
— Non… Mais j'ai… j'ai laissé un indice à Sire Thomas. Du moins, s’il le trouve…
En entendant le nom de son époux, Gavin sentit les larmes glisser à nouveau sur ses joues.
— Parle-moi de Thomas ! ordonna Gavin.
Il avait besoin de l’entendre lui dire qu’il le cherchait. N’importe quoi, afin de raviver son espoir.
La petite tremblait encore plus.
— Il… Il est devenu très sombre. Aussi violent qu’une tempête dévastatrice… commença la petite.
Encouragée par les caresses rassurantes de Gavin, Miranda lui décrivit donc l’état de la Cour, ainsi que celui de son mari, lui brisant un peu plus le cœur à chaque détail.
Thomas était tout comme lui. L’ombre de lui-même.
Il fallait qu’il sorte d’ici. Il devait réfléchir à un plan, afin de déjouer l’attention d’Henri pour s’échapper.
Tout en réfléchissant, il regarda Miranda et sa petite taille. Il devait la faire sortir d’ici avant qu’elle ne meure de ce traitement indigne d’un humain.
Des pas rageurs résonnèrent à l’étage. Soudain, la trappe donnant sur les cachots s’ouvrit et Gavin sut ce qu’il devait faire. Il s’accroupit devant la petite et lui dit :
— Miranda, il va falloir que l’on sorte d’ici. Pour cela, j’ai besoin que tu fasses exactement ce que je te dis, c’est compris ?
La petite, hypnotisée par le regard éclatant de la personne accroupie en face d’elle, hocha la tête.
— Bien, il est temps que je retrouve mon mari et que notre vie soit privée de ce démon, annonça Gavin quand il vit Henri pénétrer les lieux.
Pourvu que nous réussissions…
***
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