Evidemment, Johany avait tapé le nom de sa mère dans divers moteurs de recherche, dans le vain espoir de grapiller quelques informations à son propos. Il existait plusieurs Lucie Barthès sur Facebook, Instagram, mais aucune ne ressemblait de près ou de loin à la photo que le jeune homme avait de sa mère, et rien ne concordait. Il était persuadé qu'elle n'était pas sur les réseaux sociaux.

La journée qu'il passa fut longue et sans plus de rebondissements dans ses recherches que la veille. Il s'était déplacé et avait demandé conseil à des habitants du coin, pour savoir où se rendaient généralement les touristes.

D'après eux, il y avait des chances pour que sa mère préfère les trous paumés que les grandes villes touristiques, ce qui lui sembla évident. Ils lui avaient donné un étalage précis des activités et lieux de visite des environs, et le jeune homme avait fini par se convaincre qu'elle n'était pas restée longtemps à Luang Prabang.

Il avait bien sûr vérifié les noms des habitants de la ville, à la recherche d'une Lucie Barthès, ou d'une "Lucie" tout court d'ailleurs, si elle s'était mariée. Mais ses recherches n'avaient rien donné non plus : les seules Lucie répertoriées de la ville ne pouvaient pas du tout correspondre. Il en avait conclu qu'elle avait poursuivi sa route, dans sa quête de découvrir des lieux inconnus.

Johany, qui avait l'impression de tourner en rond comme il l'avait déjà trop fait dans son appartement à Paris, avait pris la décision de quitter la ville le lendemain matin. Il allait suivre le parcours indiqué par les locaux, se rendre à chaque endroit susceptible de lui apporter des informations inédites, qui pourraient peut-être le mener de fil en aiguille à la trace de sa génitrice.

Alors que le jour se levait, le jeune homme remplissait son sac de sandwiches et de fruits, car il comptait partir en voiture et passer la journée à aller d'un point à un autre. Il avait fait des repérages la veille pour louer un véhicule style Jeep, tout-terrain, avec lequel il se déplacerait désormais.

• Take this, sir, lui dit l'un des membres à l'accueil, l'homme avec qui il avait échangé à propos des informations laissées par les clients des hôtels. Gift from the hotel.

Il lui tendait un petit sac plastique transparent, qui semblait contenir des arachides. Johany le remercia, puis fourra le sachet dans la dernière poche de son sac.

Maintenant qu'il n'avait plus sa valise, il se sentait plus libre, indépendant. Il n'avait jamais voyagé aussi léger et malgré la pointe d'inquiétude qu'il ressentait vis-à-vis de manquer de quoi que ce soit, il trouvait cela aussi pratique que jouissif.

Il quitta donc l'hôtel avec son sac-à-dos comme unique bagage et prit un tuk-tuk pour rejoindre l'agence de location de voitures qu'il avait repérée.

Le vent sifflait et les nuages cachaient le soleil qui venait d'émerger. Johany songea que son aventure commençait vraiment, maintenant.