Johany rejoignit son 4x4 lentement. Il tremblait un peu et ses mouvements furent malhabiles lorsqu'il alluma le moteur.

Les nuages qui s'étaient formés dans la nuit déversaient désormais des trombes d'eau sur la vallée. Le soleil semblait avoir disparu, caché par les imposantes et sombres masses nuageuses.

Le jeune homme roula pendant une demi-heure, avant de s'arrêter au premier site indiqué par les locaux. Il était triste et las, n'avait pas le coeur à parler à des inconnus, pourtant il le faudrait bien.

Il pénétra dans le bâtiment quelque peu délabré à pas lent. Il s'agissait d'un tout petit hôtel, des fresques traditionnelles ornaient les murs de l'accueil.

Johany attendit que quelqu'un vienne, mais au bout de cinq minutes, il commença à s'impatienter. Il appela d'une voix forte :

• Hello ? Can someone help me ? Hello ?!

Il eut beau patienter, personne ne répondit. Il tenta alors d'ouvrir les différentes portes de la pièce, mais elles étaient toutes verrouillées. Songeant qu'il perdait son temps, le jeune homme s'en alla.

Une heure plus tard, il était dans les montagnes. La nature luxuriante offrait de magnifiques paysages, qu'il prit plaisir à découvrir. Lors de son trajet en bus de Vientiane à Luang Prabang, il n'avait pas tellement eu l'occasion d'en profiter pleinement.

Le jeune homme était toujours d'humeur morose lorsqu'il s'arrêta au deuxième point, mais la beauté des lieux le sortaient un peu de sa mélancolie.

Il tenta de discuter avec le responsable de l'échoppe indiquée sur le plan qu'il suivait, un vieillard presque sourd, mais eut beau se répéter une dizaine de fois, il ne parvint jamais à se faire comprendre.

Il abandonna et repartit, de moins en moins enthousiaste. S'il n'insistait pas, c'était parce qu'il se doutait qu'il ne tirerait rien de crucial des deux précédents lieux. Comment aurait-il pu avoir la moindre chance de trouver une piste en discutant avec un vieux qui tenait une boutique, ou grâce au responsable d'un vieil hôtel ?

Pendant une heure et demi, Johany poursuivit sa route, puis s'arrêta au bord de la route pour déjeuner. Il sortit d'abord les cacahuètes données par l'homme de l'accueil à Luang Prabang et en avala une poignée. Il manqua de s'étouffer avec l'une d'elle et vida la moitié de sa bouteille d'eau en tentant de la faire passer dans son gosier.

Un filet de bave lui coulant du menton, il déballa un premier sandwich et le contempla d'un œil vide. Il n'avait plus faim du tout. Il essuya sa bave d'un revers de manche puis remit le sandwich dans son emballage de cellophane et referma son sac-à-dos.

Après une nouvelle demi-heure de trajet dans les virages escarpés des collines du Laos, Johany tomba sur une petite ville. D'après les indications données par les habitants de Luang Prabang sur son plan, c'était dans un salon de massage qu'il devait poser des questions.

Il trouva l'enseigne en question et y entra, peu convaincu mais résigné. Deux charmantes laotiennes s'adressèrent à lui et lui proposèrent diverses offres de massage. Il déclina poliment et parla de sa quête. Elles hochèrent la tête tout au long de son récit, concentrées pour comprendre son anglais de base dont l'accent français imprégnait chaque mot balbutié.

Elles lui parlèrent des étrangers qui venaient se faire masser chez elles et de leurs habitudes. Elles étaient d'accord avec l'idée selon laquelle sa mère avait suivi un itinéraire assez classique mais avait évité les lieux trop touristiques. Cela n'apportait rien de nouveau à Johany, qui repartit déçu.