Chapitre 25
Johany passa la journée suivante à visiter divers lieux cultes du Laos ou à profiter du soleil dans les rues animées des villes dans lesquelles il passait.
Il découvrit de nombreux temples, assista même à une commémoration dans l'un d'eux. Il ne comprit pas un mot de la cérémonie, ni en quoi elle consistait, mais des chants résonnèrent et profiter du spectacle lui suffit.
En sortant du temple, il prit en photo un cochon noir à l'air bienheureux, qui roupillait paisiblement au bord du chemin*.
Vers seize heures, il mangea une assiette de fruits exotiques à la terrasse d'un petit restaurant. Il retrouva le même plaisir que la première fois en se délectant du fruit du Jacquier, et apprécia également de redécouvrir certaines autres espèces peu connues en Occident. Cependant, l'un des fruits dégageait une odeur pestilentielle qui lui faisait froncer le nez. Il l'avait laissé pour la fin, peu désireux d'y goûter. Il était certain qu'il était pourri et se demanda comment le serveur avait pu ne pas le remarquer en lui apportant son assiette.
Mais comme il était encore mal à l'aise à l'idée de se plaindre auprès d'inconnus, il décida de ne pas se fier à son instinct et mordit courageusement dans le fruit. Il eut un haut-le-coeur mais se retint de tout cracher et mastiqua sa bouchée avec une grimace qui effraya une petite fille passant dans la rue.
Il déglutit difficilement et se rinça la bouche, mais songea que le goût n'avait rien à voir avec l'odeur dégagée par le fruit. C'était même plutôt bon, au final. Alors il croqua de nouveau dedans, avec réticence mais curiosité, et dût admettre que ce n'était en effet pas si mauvais que ça.
Lorsque l'unique serveur du restaurant vint reprendre son assiette vide, Johany lui demanda quel était le nom du fruit qui sentait si fort, et il lui répondit que c'était du durian, un fruit interdit dans les transports en commun notamment, à cause de son odeur nauséabonde.
Le reste de la journée passa vite, le jeune homme passa toute la soirée dehors. Il avait prévu, le lendemain, d'aller voir des éléphants dans une réserve où ils étaient montés par les touristes. Il savait que ce genre d'activité pouvait être peu éthique concernant le traitement des éléphants et s'était fié au plan des habitants de Luang Prabang, qui conseillaient apparemment d'aller dans un endroit bien spécifique pour le faire.
Lorsqu'il arriva sur place, Johany eut immédiatement le sourire. Des éléphants se baignaient dans la rivière, aidés par des touristes assis à califourchon sur leur large dos, qui les lavaient grâce à des seaux d'eau.
Le jeune homme regarda la scène puis put nourrir les imposantes bêtes et des éléphanteaux enthousiastes**.
On l'aida ensuite à monter sur le dos d'un vieux mâle et il partit en balade avec un groupe d'australiens et un guide. En rentrant au camp, ils traversèrent la rivière et, cramponnés au cou des éléphants, à quelques mètres de haut, les membres du groupe passèrent sans encombre au milieu de l'eau boueuse. Seules leurs chevilles furent mouillées.
Johany appréciait beaucoup la sensation d'être entrainé par les puissants muscles de l'animal, dont les membres fendaient l'eau par de lents et profonds mouvements.
Lorsqu'il repartit, il songea que sa dépense valait le coup, malgré le prix élevé de "l'attraction". Il poursuivit sa route avec en tête d'atteindre l'un des autres lieux indiqués sur son plan avant la fin de la journée.
Il se gara à la lisière d'une forêt quelques heures plus tard, éreinté par tant de trajets en si peu de temps mais toujours aussi curieux de découvrir de nouvelles choses.
Il marcha pendant dix minutes au milieu d'une végétation luxuriante, sur un chemin étroit, qui le mena à une casacade, écumante, puissante, dont le grondement s'élevait comme une menace dans la forêt sauvage***.
Johany passa la nuit non pas dans un hôtel mais cette fois chez un habitant qui louait l'une de ses chambres. C'était un local qui résidait à quelques kilomètres seulement de la cascade, un homme ouvert d'esprit qui avait beaucoup voyagé dans sa vie. Le soir, Johany et lui discutèrent longuement à ce propos autour d'un laap de boeuf, un plat traditionnel laotien.
L'homme conseilla Johany et lui raconta de nombreuses anecdotes de voyages, que Johany écouta passionnément, impressionné.
Il se coucha tard, bien après minuit, et s'endormit la tête pleine de rêves.
Annotations
Versions