Chapitre 37
Lorsque le vendeur du petit magasin dans lequel il était lui demanda gentiment de partir parce qu'il fermait, il était vingt-deux heures. Johany le remercia, songeant que l'homme n'avait peut-être pas voulu le mettre à la porte plus tôt, même s'il fermait probablement avant cette heure tardive.
Le jeune homme rangea son téléphone dans la poche de son jean d'un geste encore tremblant. Il avait lu tant de choses qui l'avaient secoué qu'il n'avait plus aucune force. Il se sentait dépassé, épuisé.
En sortant dans la rue, seule la lune éclaira son chemin et vit couler ses larmes.
Il rentra chez lui, le dos voûté comme s'il avait pris plus d'un demi-siècle en quelques heures, et s'affala dans le petit canapé de sa location.
Le chien était allongé dehors, au pas de sa porte, comme un protecteur. Johany le regarda d'un oeil absent ; il avait laissé la porte d'entrée ouverte. Il n'avait envie de rien faire, simplement continuer à attendre dans l'obscurité en faisant tournoyer dans son esprit les pensées qui siégaient sous son crâne.
Il se remémora certains instants de son voyage, de son embarquement à Paris au baiser échangé avec Dao.
Vientiane, la découverte de nouveaux fruits, le trajet en bus interminable, le vomi sur les cuisses de la laotienne qui n'avait rien demandé, Luang Prabang, Amber et ses amies, son découragement, le plan donné par les habitants, l'usine à la face calcinée, les virages dans le 4x4, le parc merveilleux, l'arrivée à Don Khon, la rencontre avec Dao...
Ses larmes recommencèrent à couler silencieusement, il ne les essuya pas.
Il passa la nuit ainsi, sans bouger, en proie à des interrogations existentielles.
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