Chapitre 6

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Aujourd'hui, on est mercredi, et qui dit mercredi dit premier jour de cours particulier avec Raphaël. Si j'ai bien compris, nous devons nous rejoindre à la bibliothèque à midi tapante, nous irons ensuite dans une salle au calme et pourrons commencer à réviser. J'avoue que ça me stresse un peu, mais je sais pas trop pourquoi. Peut-être parce que j'ai peur d'être complètement nulle et de me ridiculiser, pourtant, c'est inévitable, car si il dit vrai, il va m'apprendre à lire alors bien sûr que je vais galérer, que je vais me rater. Pour l'instant, j'essaye de ne pas trop y penser et me concentre sur le projet d'art. C'est le seul cours que je n'ai pas en commun avec Raphaël, sûrement parce que je n'ai pas besoin de lui pour quelque chose d'aussi simple.

Le projet du jour et de représenter notre rêver métaphoriquement. Un rêve. Mon rêve. Il m'a fallu me creuser la tête pendant un moment avant de réussir à le trouver, après tout, j'ai eu dix-sept ans pour rêver, pour souhaiter quelque chose tellement fort que ça venais hanter mes nuits. Pour certains, leur rêve est est blonde avec de gros seins, pour d'autres, il s'appelle Raphaël ou alors il est à l'effigie de la marque la plus en vogue du moment. Mais moi, je ne suis pas comme tout le monde. Mon rêve n'est pas d'avoir un garçon (ou plusieurs) incroyable à mes pieds, je ne rêve pas non plus d'obtenir le dernier sac incroyablement beau mais surtout incroyablement cher. Non-moi mon rêve est plus subtile, moins superficielle et surtout irréalisable. Mon rêve, je l'ai représenter par une colombe et un chêne. La paix et la liberté.

Je regarde mon dessin de loin et mon visage se tord dans une grimace, il est carrément pas ouf, ma colombe, c'est sûrement pris le chêne en pleine face et lui est sûrement mort de sécheresse. Je ne suis d'ailleurs pas la seule à ne pas le trouver à mon goût en entendant les filles à côté pouffer.

- Il est incroyable dit donc, dit Iris sarcastiquement.

Je regarde le sien, et vois une fleur, une rose rouge.

- Je te retourne le compliment, je dis en masquant un rire qu'elle, je crois a mal pris vu la rougeur de son visage.

- Le chêne et la colombe, c'est pas genre trop cliché ? Moi, je rêve de paix et de liberté. Dit-elle avec une voix encore plus aiguë que d'habitude.

- Plus cliché, tu meurs ! Rie une de ses amies.

- Et ta rose, balançais-je, c'est parce que tu rêves de te taper Raphaël ? Je doute qu'il veuille un jour d'un pot de peinture sans cervelle.

Piquée au vif, elle se lève faisant grincer les pieds de sa chaise.

- Tu te prends pour qui connasse ? Hurle-t-elle. Tu crois le connaître peut-être ? Tu peut pas savoir combien de mec rêve de m'avoir dans leur lit ! Elle se rapproche dangereusement de moi avant que le prof arrive afin de nous séparer.

- Mademoiselle Silva sortez. Dit le professeur.

- Mais...

- SORTEZ ! Hurle-t-il.

Iris me lance un regard satisfait, puis recommence à se marrer telle une dinde avec ses amies. Connasse.

***

Midi sonne et je bouillonne encore pour le cours d'art. La vie est injuste me disait Maria. Les gens seront toujours cruels avec nous. Ne fais jamais de vague. Tous ces avertissements tournent dans ma tête depuis que j'ai quitté la salle. Petite, je ne la croyais pas, pour moi, c'était inimaginable d'être mal traité, d'être humilié seulement parce qu'on est moins beau que la moyenne. Je ne voyais pas la cruauté chez autrui à l'époque, maintenant, j'en subis les conséquences chaque jour. Que ce soit par les moqueries ou les petits mots désobligeant que je retrouve dans mon casier, maintenant, j'ai les yeux grands ouvert devant la situation, et ce besoin de liberté qui a toujours été présent se fait nécessaire.

- Tu vas l'attendre ici ?

La voix de Sébastien me fait sortir de mes penser et je lui souris avant de lui répondre qu'il peut y aller.

- De toute façon, il ne devrait pas tarder.

Il fait un signe de tête avant d'ajouter :

- On rentre ensemble ce soir ?

- Bien sûr, je réponds enthousiaste. Depuis que je suis allé chez lui, nous partons et allons en cours ensemble tous les jours, ça nous fait un peu de compagnie et ça nous permet de parler de notre journée à quelqu'un.

Il me fait un sourire timide avant de partir vers le réfectoire. Je mentirais si je ne disais pas que ça me fais un peu de la peine de le laisser seul le midi, car comme moi il n'est pas épargné et je crois même que c'est pire. Si moi, je n'hésite pas envoyer bouler un maximum les gens qui me cherche tout en essayant de ne pas montrer que ça m'atteint, dans le cas de Sébastien, c'est tout le contraire. Il baisse la tête et voûte ses épaules comme si il essayait de disparaître. Le problème est qu'il ne devient pas invisible, les gens le voient, ils se délectent de la souffrance qu'ils peuvent lui infliger.

Une odeur musquée vient me titiller le nez et je sais déjà qu'il est là.

- Salut ! Balançais-je joyeusement.

- Salut, Me répond t-il plus froidement.

Nous entrons dans la bibliothèque et une femme âgée d'une cinquantaine d'années nous demande ce que nous voulons. Elle nous regarde ou plutôt devrais-je dire nous dévisage chacun notre tour de la tête au pied avec dédain.

- C'est rare de vous voir ici monsieur Jones.

- Ça va justement changer. Répond t-il simplement. On peut prendre la salle 15 ?

La femme nous emmène vers le fond de la bibliothèque et nous ouvre la porte d'une petite salle. Dedans, il y a une table ainsi que trois chaises, au mur se trouve quelques étagères sur lesquelles son posé des livres de différentes matières et le papier peint beige donne un sentiment de calme et de sérénité. La salle et petite et ça tombent bien, je me sens toujours plus à l'aise dans les petits endroits.

Nous nous installons chacun sur une chaise l'un en face de l'autre.

- Bien commençons. Me dit-il.

- Par quoi on commence ?

- Je vais déjà t'apprendre à lire ensuite, je t'apprendrais à écrire. Et pour ça... Dit-il en sortant quelque chose de son sac. Il me montre un petit livre pour enfants.

- Oh, je le connais ! Je l'adorais quand j'étais petite bien que je n'ai jamais su ce qui était écrit dedans, je me faisais ma propre histoire avec les images.

- Je n'avais que ça comme livre pas trop compliquer. En premier, tu vas essayer de lire quelques mots, puis des phrases. Ensuite, j'écrirais certains mots du quotidien sur une feuille, tu essayeras aussi de les lire puis de les écrire.

Pendant une bonne heure, Raphaël m'aide, il se montre d'une patience étonnante et fait preuve d'une grande pédagogie. Avec lui, les mots ne s'emmêlent pas autant, tout s'éclaircit et devient net. Je ne dis pas que je vais devenir une grande lectrice ou une grande écrivaine à la fin de cette séance, mais j'aurais au moins progressé.

- Tu m'écoutes ? Demande t-il curieux.

- Oui, je euh... Je me demandais ce qui t'était arrivé à l'arcade. Je réponds en remarquant une fine coupure sur son arcade gauche.

- Oh rien, un mauvais coup.

- Et ça fait mal ? Le questionnais-je.

- On s'habitue.

J'écarquille les yeux et le regarde comme si un troisième bras venait de lui pousser. Comment peut-il dire ça ? C'est horrible ! Personne ne peut s'habituer à la douleur comme ça.

Je m'apprête à lui demander ce qui lui arrivait quand la deuxième sonnerie retentie. Il commence à ranger ses affaires et sort de la salle en me balançant un "Salut" avant même que je n'ai eu le temps de l'interroger.

Un peu perturber par ces dernières paroles je sors à mon tour de la bibliothèque plongé dans mes penser et dans le sens de ses paroles tout en imaginant tous les scénarios possibles et je ne vous dis pas à quel point mon esprit peut être tordu.

Je marche vers mon prochain cours quand une voix m'interpelle :

- Attends !

J'éspère que ce nouveau chapitre vous aura plu, comme d'habitude n'hésitez pas à me donner votre avis ;)


Camelia Hawkins

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