La jeune fille s’arrête sur le palier d’une belle petite maison en briques. Oro laisse pendouiller sa langue. Il a soif, mais une autre envie se manifeste soudainement.

— Je suis devant la porte de chez moi, le chien. Merci de m’avoir accompagnée, mais tu dois t’en aller maintenant.

Oro ne peut plus tenir. Il se met en position pour faire ses besoins. La jeune fille devient toute rouge et écarquille les yeux.

— Non, non, ne fais pas caca ici ! Non, le chien, non !

Cependant, la jeune fille passe de l’angoisse à l’émerveillement quand elle aperçoit la pépite d’or posée au sol. Elle l’attrape et, curieuse, la renifle. Elle ne semble pas grimacer, ouf !

La jeune fille, toute contente, s’empresse d’ouvrir la porte et de prévenir l’une de ses mamans.

— Maman Jeanne ! Maman Jeanne ! J’ai trouvé un chien très gentil qui est capable de faire caca des pépites d’or !

Oro est assis sur le palier de la porte d’entrée restée grande ouverte. La maman de l’enfant remarque le chien assoiffé et croise les bras :

— Caroline, on en avait déjà parlé pourtant, non ? Pas de chien à la maison !

— Mais regarde ce qu’il a fait ! s'écrie la jeune fille en montrant la pépite d’or à sa maman.

Impressionnée, Jeanne ne sait pas quoi répondre. Elle pense que sa fille a probablement inventé toute cette histoire pour la convaincre d’avoir un chien à la maison. Un caillou peut facilement être recouvert de peinture dorée, non ?

Oro ne comprend pas le langage humain, mais il sent l’amour dans lequel grandit la jeune fille. Il sera de trop. Il est trop vieux, trop fatigué, trop écorché pour elle. Pour une fois, c’est lui qui abandonne son petit maître.

Oro ne rentre pas dans la maison et s’en va.

Lorsque la maman regarde de nouveau la porte d’entrée, le chien a disparu. Elle admire sa fille avec fierté et la prend dans ses bras. Jeanne lui souffle, un nœud dans la gorge :

— Je t’aime.