26. L'amour testé
Alken
— Tu es en retard de quoi ? Tu crois que tu es enceinte ?
Je dois avouer que je suis un peu sous le choc de l'annonce qu'est en train de faire Joy. J'avais bien vu que quelque chose ne tournait pas rond, qu'il y avait un truc qui la dérangeait, mais je ne m'attendais pas à une telle nouvelle.
— Je… J’aurais dû avoir mes règles il y a une semaine, Alken. Je ne comprends pas, j’ai pris ma pilule tous les jours, je fais toujours super gaffe. Je… Je suis désolée.
Je la vois littéralement s'effondrer devant moi et se décomposer. Le choc pour elle a l'air encore plus fort que pour moi. Je passe un bras autour d'elle et la serre contre moi.
— Ne sois pas désolée, mon Amour. Tu n'y es pour rien. Je sais bien que tu n’es pas du genre à me faire un bébé sans m'en parler. Peut-être que j'ai trop chargé la dose et que ta pilule a été saturée… Super-fécondateur, c'est moi !
Je tente une petite blague en espérant la faire sourire un peu.
— C’est pas drôle, Alken ! Un bébé ! Non, mais, franchement, qu’est-ce qu’on ferait avec un bébé ? On n’est même pas officiellement ensemble ! On se cache ! C’est la cata, geint-elle, paniquée.
Je n'aime pas la voir comme ça. Mon cœur se serre quand elle n'est pas heureuse et qu'elle ne réagit même plus à mes petites blagues.
— J'essaie de dédramatiser un peu, ma Chérie, c'est tout. Et tu sais, ce n’est pas vraiment la cata. Pas encore, en tous cas. Déjà, tu n'es pas sûre d'être enceinte. Un retard dans tes règles, ça peut avoir plein de raisons, non ?
— J’aimerais bien t’y voir toi, bougonne-t-elle. Pas la cata… C’est sûr, ça ne va pas t’empêcher de danser, remettre en question ton avenir, changer ton corps… Oh bordel, je vais finir comme ma mère, si ça c’est pas la cata, je ne sais pas ce qu’il te faut !
Ah oui, là, on n'est pas sur une petite crise. Il va falloir que je passe au niveau supérieur parce que je n'avais pas réalisé tout ce que ça impliquait pour elle. Et pour nous. Je la saisis par les épaules et plonge mon regard dans le sien pour capter son attention.
— Joy, écoute-moi et arrête de paniquer s'il te plaît. Tu n'es pas toute seule, je suis là, à tes côtés, quoi qu'il arrive. Je t'aime et je vais te soutenir et t'aider. A deux, on va affronter la situation. Tu es d'accord ? Il faut qu’on analyse calmement les choses. Ta carrière n'est pas foutue pour un simple retard de règles. Il faudrait déjà faire un test, non ?
— Tu en as un dans ta poche ? Parce qu’on est dimanche et que moi je n’en ai pas. Une semaine de retard, Alken, c’est pas rien ! Sous pilule, en plus. Oh là là, je veux bien avoir été stressée ces derniers temps et que ça puisse jouer sur mon cycle, mais quand même. Je ne veux pas de bébé, je… non, pas de bébé. Un poisson, un lapin, un chat, ce que tu veux, mais je ne suis pas capable d’assumer un enfant, continue-t-elle comme si elle ne m’écoutait pas.
— Joy ! Arrête de tourner en rond dans ta tête ! Je suis là ! Regarde-moi ! Je t’ai dit qu’on était à deux, tu m’entends ? On va trouver des solutions, ma Chérie. Déjà, on va commencer par se calmer aujourd’hui et attendre demain. Ou non, tiens, il y a la pharmacie à Lille qui est ouverte tout le weekend. Je vais y aller dès que tu seras un peu calmée. Ensuite, si le test est positif, il y a toujours la possibilité de ne pas donner suite à la grossesse, tu sais. Je ne connais pas ta position là-dessus, je sais que ce n’est pas facile à envisager, mais c’est possible. Et puis, si on décide de garder l’enfant, tu sais que je serai là et que je ferai tout pour que tu aies la carrière que tu mérites ?
Joy se lève du canapé et se met à tourner en rond dans le salon en respirant profondément avant de s’arrêter brusquement et de poser les mains sur son ventre.
— Tu imagines ? Si ça se trouve, il y a un bébé là-dedans. C’est… Flippant, non ? Enfin… C’est fou, quoi !
— Tu imagines, si ça se trouve, ce sera une star de la danse ! C’est… Beau, non ? Ou alors, il n’y a rien du tout, et il va encore falloir que j’essaie et qu’on s’entraîne.
Je me lève à mon tour et lui bloque le chemin pour la prendre dans mes bras, la forçant à me regarder.
— Déstresse, Joli Cœur. Je suis là. Si tu veux, je fonce à la pharmacie, et je te ramène le test. Dans une heure maxi, on est fixé !
— Je veux bien, s’il te plaît. Je… Je veux savoir, soupire-t-elle en nichant son visage dans mon cou.
— Et tu sais que si on a un enfant, même si c’est pas pour tout de suite, je serai là à tes côtés à tous les moments ? Jamais, je ne t’abandonnerai, hein ? Et puis, je suis à un point de ma carrière où moi, je peux m’arrêter pour m’en occuper… Enfin, je ne pourrai pas le porter, c’est sûr, mais sinon, je ferai tout pour que tu sois heureuse et que tu ne deviennes pas frustrée comme ta mère. En plus, ta mère est bête, parce qu’elle a quand même réussi à faire la plus belle femme du monde…
— Du monde, rien que ça ? Il va vraiment falloir que tu consultes pour tes yeux, Alken, tu m’inquiètes, sourit-elle. Et puis… Tu ne diras sans doute pas ça si je finis échouée sur ce canapé en mode baleine.
Dans ma tête, je l’imagine déjà avec un joli ventre rond et cette pensée, loin de m’effrayer, m’excite plutôt. Je comprends que ce n’est pas le bon moment, là tout de suite, que Joy est encore toute jeune et pas prête à ça. Mais je me souviens aussi de la libido débridée de mon ex-femme pendant sa grossesse, de ses envies et désirs et de cette période magique qui précèdait la naissance de Kenzo. Si Joy est aussi comme ça, ça promet. Mais là, je mets la charrue avant les bœufs.
— Je pense que si tu finis échouée sur ce canapé en mode baleine, je me ferai pêcheur, je viendrai goûter à ta beauté et je te ferai oublier jusqu’à ton prénom ! Tu serais sûrement très belle avec un joli ventre, ma Chérie. Mais là, ce n’est pas encore fait. Je file à la pharmacie et je reviens vite avec le test. Ça va aller ? Je peux m’absenter tout de suite, ou tu veux encore des câlins ? demandé-je en l’embrassant tendrement sur le front.
— Tu peux y aller, promis, je ne vais pas avaler je ne sais quoi ou sauter de la terrasse pendant ton absence.
— Je fais vite, et déstresse ma Chérie. N’oublie pas la chose la plus importante : je t’aime et je suis là, avec toi, quoi qu’il arrive ! A tout de suite, ma Puce.
Joy répond à peine au baiser que je lui donne avant d’aller enfiler mes chaussures. Elle est debout, près de la porte vitrée qui mène à la terrasse. Elle a le regard perdu à l’horizon, mais je sais qu’elle ne pense pas au paysage. Je crois qu’elle est en train de se faire mille scénarios tous plus improbables les uns que les autres. J’ai sûrement réussi à la calmer un peu, mais pas suffisamment pour qu’elle ne s’inquiète pas. En tous cas, je fonce jusqu’à la rue de Solférino et je me gare sur le parking devant le supermarché. La pharmacie est bien ouverte et, pour gagner du temps, je m’adresse directement au comptoir. La pharmacienne, une jolie femme de mon âge, me lance un regard appréciateur, mais cela ne me fait rien du tout. Je n’ai en tête que ma jolie brune qui m’attend à la maison et qui stresse.
J’avoue que moi, je stresse moins qu’elle. Même si on devait avoir ce bébé, cela me ferait plaisir, je crois. Cela nouerait encore plus nos existences à tous les deux, et je crois que c’est surtout ça dont j’ai envie. Parce que les couches et les biberons, ça ne me tente pas trop. Mais ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Après, ce n’est quand même que beaucoup de bonheur et de joie.
Dès que je pousse la porte d’entrée, Joy me saute dessus pour récupérer le test.
— Tu en as mis du temps ! Tu t’es arrêté boire un coup au bar ou quoi ? me dit-elle en allant s’enfermer dans la salle de bain.
— Moi aussi, je t’aime, ma Chérie, lui crié-je en la suivant. La pharmacienne a dit qu’il fallait attendre au moins quinze minutes après avoir fait pipi dessus. Tu vas sortir pour qu’on attende à deux ? Ou me laisser entrer dans la salle de bain ?
— Me parle pas pendant que je fais pipi, tu vas me bloquer, rit-elle. J’ai l’impression d’être espionnée ! J’arrive.
— J’aime bien t’espionner, tu sais ? Tu es trop belle et quand je ne te vois pas, tu me manques, belle Brune de mon cœur.
— Même quand je suis insupportable ? me demande-t-elle en sortant finalement de la salle de bain, le test à la main.
— Tout le temps et pour toujours, ma Chérie. Allez, viens, je vais t’aider à occuper ces quelques minutes de torture.
Je l’entraîne avec moi dans notre chambre et je la prends dans mes bras en me couchant derrière elle, dans une position où nos corps s’épousent à la perfection, son dos contre mon torse et nos jambes entremêlées. Elle n’a pas lâché le test qu’elle tient dans ses mains mais les miennes sont libres de parcourir son corps et de la caresser. Malgré le stress, je la sens se détendre sous l’effet de mes caresses et de mes bisous. Elle ne réagit pas autant qu’à l’accoutumée, mais je la sens se coller encore plus à moi et quand elle penche la tête pour m’embrasser, je réponds avec plaisir à son invitation.
— Alors, toujours pas de résultat ? demandé-je tandis que nous sommes depuis un bon petit moment enlacés.
— Je n’ose pas regarder, soupire-t-elle. J’ai peur qu’il soit positif, et en même temps, une petite partie de moi aimerait qu’il le soit… Je ne sais pas ce que je veux, c’est fou. Enfin, je sais que ce n’est pas le bon moment, et je n’ai jamais vraiment voulu d’enfant, mais… Me dire qu’il y a peut-être un petit nous, là, ça me donne envie de sourire. Tu dois me prendre pour une folle, je panique et te fais une scène et maintenant je ne suis plus sûre de rien…
— Je t’aime, Joy, je ne te prends pas pour une folle parce que moi aussi, j’ai les mêmes idées que toi. Je pense que c’est peut-être un peu tôt dans notre relation, mais l’idée de te faire un bébé, je trouve ça super émouvant. Et excitant, j’avoue. C’est animal, comme excitation, mais en même temps, un petit mélange de toi et moi, que pourrait-il y avoir de mieux ? Tu veux que je regarde ? Ou alors, non, on peut regarder ensemble ? Et affronter la suite à deux ?
Joy bouge pour se mettre sur le dos tout en restant contre moi et me sourit avant de déposer un baiser sur mes lèvres.
— Merci, Alken. Dans tous les cas, tu as été génial, même si j’étais proche de l’hystérie, dit-elle avant de lever le test, qui affiche clairement un “pas enceinte”, à hauteur de nos yeux.
Je suis à la fois soulagé et un peu déçu de ce résultat et je me tourne vers Joy. Je peux y lire la même chose. Tout son corps s’est relâché, je la sens beaucoup plus détendue contre moi, mais elle a aussi l’air de regretter que ce ne soit pas positif.
— Eh bien, nous voilà fixés désormais. Tes règles ne vont pas tarder à arriver, ma Chérie, c’est sûr… Tu te sens comment ?
— Plutôt rassurée de ne pas avoir à passer mes examens de fin d’année avec un gros ventre…
— Mais déçue de ne pas avoir un petit “Nous” dans ton ventre ? Tu veux qu’on essaie de remédier à ça ? lui demandé-je en l’embrassant dans le cou.
— Non, non, ce n’est pas le moment de remédier à ça, rit-elle finalement. Mais, oui, peut-être que je suis un peu déçue quand même.
— On a le temps, Joy. Mais un jour, si tu te sens prête, on pourra se faire plaisir à essayer de créer un petit être qui nous ressemblera. Je t’aime, Joy, et je veux pour toi tout ce qui te rendra heureuse.
— Je suis déjà heureuse. J’ai un homme qui m’aime et que j’aime plus que tout et je pratique ma passion quotidiennement, avec lui en prime. Que demander de plus ?
Je ne réponds pas mais glisse ma main sous son tee-shirt et enfin, elle répond à mes caresses avec un empressement que je lui ai rarement vu. Elle se jette sur moi et, en quelques secondes, je me retrouve nu avec elle qui me chevauche dans une énergie retrouvée. Elle fait un véritable rodéo sur mon sexe en se caressant les seins et en gémissant sans retenue. Je réponds à ses assauts en la laissant d’abord soulager son envie de jouir et de connaître un orgasme rapide mais fort. Quand elle se calme un peu, je lui demande de se retourner et c’est à mon tour de la chevaucher. Je la prends par les hanches et je m’enfonce vigoureusement en elle. L’orgasme qui nous emporte est dévastateur et nous jouissons avec l’idée qu’un jour nous allons essayer de rendre réel ce désir de bébé.
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