Alongée sur son lit, elle imagine sa vie. Elle ne voit rien, seulement la réalité. Ce mur de sa chambre d'enfance. Son velux, trop sale pour faire correctement passé la lumière. Elle admire ses tickets de train qu'elle avait affiché, il y a bien longtemps de cela, prouvant son âme d'aventurière aux quelques visiteurs lui rendant visite. Dans un coin, se trouve son clavier, noyé sous la poussière, représentation de son esprit artistique mais surtout de son manque de patience. Elle repose la tête sur son oreiller, soupire, ferme les yeux et essaye de se concentrer. "Qu'est ce que tu fais après ? Allez qu'est ce que tu fais après ?". S'en suit un débat interne où nul intervenant ne ressort gagnant. Elle décide alors de se lever, de sortir de cet état de végatation. Sur son bureau elle aperçoit un bloc note, simple. Elle prend un stylo, s'installe sur la pile d'habits se trouvant sur sa chaise, et commence à inscrire tout ce qui lui passe par la tête. Elle se rappelle avoir utilisé cette méthode lors d'un rapport à réaliser quand elle était en étude. Un brainstorming, une tempête d'idée, voilà ce qui pourrait l'aider. Après tout elle ne peut être plus perdue qu'à présent.

Le dos courbé, les épaules penchées un peu trop en avant, la tête si proche du bois, comme si en écrivant ces pensées elle portait le poids du monde. Elle griffe, encore et encore le papier de toutes ces réflexion. Sous la force des mots, sa feuille se déchire, une larme coule. Ses émotions se déversent, elle ne peut les arrêter.

A bout de souffle, déshydratée, elle relève le visage, lit chaque mot et se retrouve face à face avec une réalité : sur ce bloc note il n'y a pas de futur, uniquement du passé.

Désespérée, elle suspend son activité. Tend ses jambes et d'un effort sur-humain, se redresse. Elle descend les deux escaliers, mets ses chaussures. D'un geste de la main, elle prévient ses parents qu'elle va à l'extérieur.

Un vent frais l'attaque mais elle se refuse de faire demi-tour. Elle va à gauche, puis à droite, un petit chemin se rétrecissant. Elle sent la nature, voit qu'une araignée à fait son nid, lui barrant le chemin. Elle se retourne et prend une autre route. C'est plus long mais elle n'est pas pressée. Elle avance doucement, chaque pas demande de l'énergie qu'elle n'a pas. A droite un chemin se dresse, elle entame la courte montée qui semble être une randonnée dans son état actuelle. Elle avance, décidée. Elle sait où aller, tout droit. Elle arrive dans un chemin de terre et continue. A droite et à gauche des champs, du colza et du blé poussent, elle ne peut s'empêcher de tous les pesticides qui se sont infiltrés dans sa peau en passant si souvent ici.

Un carrefour, quatre directions possibles, chacune sa représentation. Gauche, la routine, ce qu'elle connait déjà mais qui a un côté rassurant. Droite, l'aventure totale, l'inattendu, la découverte mais aussi l'instabilité. Devant, l'inconnu et l'évolution, le développement de quelque chose, la construction tout en ayant un côté attendu qui l'apaise. Et enfin derrière elle se trouve le chemin qui ramène au passé, à ce qu'elle vit actuellement et qu'elle a toujours vécu.
Un retour qu'elle ne veut pas, elle fait un pas en avant, tourne la tête à droite, à gauche puis son regard se fixe sur l'horizon. Un autre pas, elle s'arrête, croise ses jambes et s'assoit sur ce sol blanchi par les cailloux.

Elle inspire, garde l'air dans ses poumons et attend. Là, entourée d'insectes en tout genre, elle réfléchit. Un sourire se forme sur ses lèvres, la ride formée sur son front se détend, un rire s'échappe de sa bouche. Hystérique, des larmes se forment. Une main sur le ventre, elle sent ses abdos se contracter, elle a mal. Elle reprend lentement son état normal, garde son rictus et repense à toutes ses inquiétudes si futiles. Laissant son esprit vagabonder, elle réalise qu'elle a surement besoin de penser à son passé pour enfin voir son avenir.