Tout me semble si vague, comme si la réalité s'éloignait. J'ai l'impression d'être dans un rêve, bien que je me sente fatigué. Machinalement, ma main se dirige vers une plume et la pose sur ce carnet. Cette page est la quatrième que j'écris.

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 Apparemment, mon nom serait Frandolen. Si je ne me trompe pas, j'aurais été humaine dans le passé. Par erreur, je serais devenue une divinité. Et pour couronner le tout, je suis incapable de contrôler le temps. Je me demande comment auraient fait les autres déesses, les professionnelles. Si seulement je n'étais pas seule ici, j'aurais pu en savoir plus.

 De plus en plus de choses me reviennent, et ce, à chaque fois que j'observe mon nom. Des souvenirs défilent devant mes yeux, ils me montrent les traces d'un passé qui n'existe plus.J'aperçois une famille devant une maison de fer. Un homme âgé, accompagné de deux petit garçon, l'un plus grand que l'autre. Et enfin, une petite fille. Son état est lamentable, son corps pourrissant de toute parts. Je l'entends gémir, bien que sa voix soit à peine audible. Une main se tend, la mienne, puis caresse doucement les doigts de la fillette.

 Son sourire sincère s'inscrit au plus profond de ma mémoire, je l'entends m'appeller "grande-sœur", mais tout me semble si lointain. Un autre souvenir fait surface, je suis dans cette maison. Le vieil homme me parle avec douceur, et à côté de lui se trouve une gigantesque cuve. L'enfant malade repose dedans, paraissant en bien meilleure santé. Je m'approche du verre puis me contemple par le reflet de l'eau. Ma tête est toute ronde, mes cheveux blancs et les yeux azurés. Serait-ce... moi ? Cette petite peau, ce visage enfantin, et cette famille, m'appartiennent-ils ?

 Un événement balaye ce souvenir, je me retrouve à l'extérieur durant une journée d'automne. Les enfants ont grandi, les garçons semblent être devenus adolescents. La fillette est en pleine forme, sans la moindre pourriture habitant son corps. J'ai du mal à la reconnaître avec sa chevelure violette et ses iris de la même teinte qu'un ciel étoilé. Heureusement que son sourire reste inchangé, il me rassure au plus profond de mon cœur. Cette courte mémoire me dévoile son chant, si clair et si doux. Sa mélodie m'apaise. Inconsciemment, j'en viens à la surnommer : "ma petite diva".

 Je quitte ce petit voyage, une nuée de larmes sur mon visage. Ma main ne cesse d'écrire depuis tout ce temps, je suis incapable de freiner ce flot d'émotions qui m'anime. Je me rappelle de tout désormais. Comment ai-je pu oublier cette famille aimante ? Comment ai-je pu oublier sa voix cristalline ? Comment ai-je pu oublier l'amour que je lui porte ?

 Il n'y a jamais eu de déesse Némésis, juste deux sœurs, enfermées par un caprice du destin.

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Si je suis dans cette cage, dans un aujourd'hui inexistant, c'est pour être avec toi. Je ne voulais pas te laisser seule.

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Cependant, il est bien trop tard pour revenir en arrière. J'ai beau remonter le temps, rien ne change. Ce pouvoir dont j'ai hérité, je suis incapable de le contrôler.

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Cet ordre résonne en écho dans ma tête, amplifiant ma fatigue, en me brisant morceau par morceau.

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Ma petite diva, toi qui a tout oublié nous concernant, sauras-tu un jour me pardonner ? Je t'ai fait porter mes tourments, mais la vérité est toute autre. De nous deux, je suis celle qui mérite d'être le monstre. Ce nom ne te sied pas, toi qui es si adorable. Ma petite sœur, si jamais tu venais à lire ces écrits, alors...

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J'espère que tu vivras un véritable enfer, connasse ! Je te hais du plus profond de mon cœur, tu n'es qu'une horreur au sein de cet Univers ! Tu aurais dû mourir sous les assauts de ta maladie ! De cette manière, le monde se serait bien porté ! Tu n'es qu'une pu...

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Non, ce n'est pas ce que je pense, cette écriture n'est pas la mienne ! Pardonne-moi petite sœur, je ne peux plus garder le contrôle. Je pensais sincèrement être immunisée face à ce pouvoir. Alors qu'en vérité...

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Il me dévore de l'intérieur, d'ici quelques instants, je serais sûrement une coquille vide. Dire que j'ai du mal à me rappeler de mon prénom, ennuyeux, n'est-ce pas ?

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C'est de ta faute !

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Je suis fatiguée de tout. Si seulement, quelqu'un pouvait me soulager.

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Je t'aime ma petite diva.

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