Non-Aube
Le matin monte, le soleil fredonne des chants d’oiseaux, ou bien le contraire, on s’en fout, je ne suis pas là pour te rassurer. De toute façon on n'a jamais vu un soleil monter, c’est nous qui tournons pour y perdre le sens je t’assure…
Nous nous affolons sur ce sentiment, gigotons en un point la démence de nos maux. Démodons un peu plus la fraicheur des saisons, maitrisons toujours moins la sagesse de l’instant. Car il arrivera, fuyez, essayez de l’entrainer dans votre chute, il vous suivra de toute façon. Indépendamment des saisons, du jour et de la nuit, des morts et des vivants, tout arrivera, l’instant se créera.
Nous nous tenons la main. Nous sommes sur un plateau au-dessus des nuages. Nous nous regardons. La pelouse est verdoyante et les fleurs violettes lui donnent un aspect mélancolique et unique comme suspendu. Tu plantes les ongles dans ma main. Au bout du plateau, le dénivelé forme une montagne sur laquelle culmine une grotte. Tu me fais cette moue, tu sais bien, celle qui nous lie… Passant par les herbes qui chatouillent nos mollets, nous montons les escaliers formés par le temps. Nous nous retournons tous les deux au même moment, voyant ce que l'on perd puis dans une vision nous nous apercevons, dans ces aperçus magnifiques dans lesquels nous aurions préféré rester bloqués dans ce moment où notre cou pivotait... Mais ce plateau de la démence que nous connaissons si bien, que nous avons tant parcouru... Reconnaitrons-nous toujours la beauté après ça ? Serons-nous toujours des êtres comme les autres ? Dis, n’as-tu pas peur de changer toi aussi ? N’as-tu pas peur que le regard des autres sur toi change, surtout ? Tu te retournes d’abord, par ta plus grande force. Et je te suis et nous terminons cette interminable montée.
Nous passerons bientôt l’épreuve pour y créer l’instant.
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