Somnifère

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Ce soir-là, je tourne et retourne dans mon lit sans pouvoir trouver le sommeil.

Je devrai peut-être prendre un somnifère, il y en a dans l'armoire à pharmacie.

La boite que j’y trouve est périmée depuis de nombreuses années, et je n'aime pas les utiliser mais bon pour cette fois je ferai une exception et mettrai de côté mes principes.

J'en prends un que j'avale avec un peu d'eau. J'en sors un deuxième. Hésite un instant, je ne voudrai pas faire un surdosage. Puis, l'idée d'en finir avec ma vie sordide m'effleure l'esprit. Il suffirait que je me laisse glisser tout en douceur, que je ferme les yeux…

Oui mais, quel est le plus beau jour de ma vie ? Je n'ai toujours pas répondu à cette question existentielle. Je ne peux pas mourir, là, comme ça, sans le savoir. Peut-être après tout qu’il n'est pas encore arrivé, peut-être qu'en réalité c'est parce que ce sera le dernier.

Qu'est-ce que je peux dire comme conneries quand je m'y mets !

Dans ma nouvelle école, je n'ai pas rencontré d'autre Patricia. C'est sûrement parce que je n'y suis pas restée très longtemps, deux semaines peut-être trois tout au plus. Les souvenirs de cette période de ma vie sont un peu confus. Je me rappelle du jour où je suis rentrée de l'école en fin d'après-midi, ma mère était encore au lit. J’ai ouvert les volets pour laisser passer le flot d’un soleil généreux qui s'est déversé sur le parquet de la chambre, comme un liquide bouillant.

Maman ne s'est pas réveillée malgré le bruit de mes pas. Je l'ai secoué, doucement au début, puis de plus en plus fort. Elle gardait les yeux clos. J’ai crié puis hurlé jusqu'à ce que Monsieur Ramirez le voisin du dessus vienne voir ce qui se passait. En quelques instants, notre appartement s'est rempli de monde, des voisins, des pompiers, un médecin, des ambulanciers et d'autres encore que je ne connaissais pas. J'ai dormi chez les Ramirez ce soir-là, pour ne pas rester seule.

A l'enterrement, maman avait sa robe bleue, celle des grandes occasions, sa tête reposait sur un petit coussin de velours parme dans un cercueil de bois verni. Elle était si belle, endormie pour l'éternité. Elle venait juste d'obtenir son diplôme de droit et devait commencer son travail d'avocate la semaine suivante. Tant de privations et d'acharnement pour finir entre quatre planches, que cela est pathétique quand j'y repense.

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