L'expédition Delgarde - Première partie

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-C'est terrible...

La taverne était pleine à craquer, ce soir-là. Les musiciens jouaient de bon cœur de belles mélodies entraînantes, pour une clientèle souhaitant passer du bon temps après une longue et dure journée de travail. La musique flottant dans les airs se mêlait aux rires et créait une bonne ambiance comme on n'en voyait rarement. Les clients mangeaient avec appétit et buvaient comme s'il n'y avait pas de lendemain, toujours servis par des serveuses souriantes et ravissantes. Tous semblaient avoir laissé leurs soucis de côté pour profiter au mieux de cette si belle soirée.

Tous ? Si seulement...

-C'est terrible !

-Shylvia, ce n'est pas la peine de crier...

Dans un coin de cette même taverne animée, comme perdu dans cette marée de bonne humeur, une jeune femme était en train de remuer des pensées négatives face à un jeune homme bien enrobé, tout en vidant sa chope de bière.

-Presque plus un rond..., marmonna-t-elle alors que ses joues viraient au rouge pour illustrer son état d'ivresse. Plus de couronnes d'or, plus de lauriers d'argent, à peine quelques écus de bronze... Tout juste de quoi payer de la bière bon marché dans une auberge bon marché... On ne peut même pas se permettre de manger trois fois par jour, pour économiser...

Pour peu, elle se serait mise à pleurer.

-Aventurier, c'est plus ce que c'était ! cria-t-elle en tapant du poing sur la table.

-Moins fort ! souffla le jeune homme enrobé.

Quelques têtes s'étaient retournées en l'entendant mais cette attention ne dura pas, au grand soulagement du jeune homme. La dénommée Shylvia demanda à la serveuse qu'elle lui remplisse sa chope.

-Dis, Karloff. Est-ce que tu regrettes de mener cette vie ?

Shylvia prit une gorgée de sa boisson alcoolisée et le regarda avec le plus grand sérieux. Karloff la regarda quelques secondes puis détourna le regard, préférant observer cette ambiance joyeuse. Shylvia voyait bien dans ses yeux qu'il enviait ces gens insouciants.

Shylvia but une nouvelle gorgée.

-Tu sais... Tu peux encore arrêter. Te reconvertir... Tu cuisines bien, maintenant. Tu pourrais ouvrir ta propre taverne.

Karloff eut un rire amer.

-Avec quel argent ? lui demanda-t-il.

Il se saisit alors de la chope de Shylvia et vida son contenu d'une traite.

-Hé ! s'écria cette dernière, indignée. Demande ta propre chope !

La bonne ambiance continuait de régner tout autour, mais à cette table, la dépression semblait prendre lentement mais sûrement place.

Finalement, Karloff commanda sa propre chope de bière et accompagna Shylvia dans sa descente de boisson.

-On a besoin de blé ! déclara Shylvia en vidant une nouvelle fois sa chope.

-Ce soir, je préfère l'orge et le houblon...

-C'est pas drôle, Karloff...

-Moi, ça me fait rire. C'est d'ailleurs bien le seul truc qui me fasse rire, en ce moment...

-Il faut qu'on se refasse... Si seulement la guilde n'avait pas fermé... On n'aurait qu'à piocher dans les annonces pour avoir du travail.

-Arrête de ressasser le passé... De toute façon, c'était des idiots, d'ouvrir une guilde d'aventuriers, à notre époque...

-Arrête. C'est l'alcool qui te fait dire ça.

-Bah !

Karloff se mit à boire lui aussi comme s'il n'y avait pas de lendemain. Mais au lieu de crier sa joie comme les autres, il ne faisait qu'exprimer de l'amertume ou de la colère.

Et Shylvia pouvait bien le comprendre.

Lorsqu'ils étaient, ensemble, membres de la guilde du Lion Écarlate, Karloff était la cible idéale pour les railleries en tout genre. Enveloppé, voire gros, maladroit, trop bon cœur pour ce monde injuste, les autres voyait en lui un aventurier raté. Karloff, seul, ratait presque toutes les requêtes qu'il prenait et en équipe, presque tout le monde se plaignait de lui en disant qu'il était un boulet ; un bon à rien qui ne faisait que ternir la réputation de la guilde. Cela avait atteint un point tel que le Maître de guilde lui avait suggéré de trouver une voie où il serait plus utile, sentant que son destin était ailleurs. Une manière différente de lui demander de démissionner, afin de ne pas lui verser une indemnité de départ à cause de son contrat. Mais à part la vie d'aventurier et ses maigres compétences en cuisine, Karloff ne savait rien faire d'autre.

À cette époque, Shylvia, ayant tout juste atteint ses seize ans et venant d'intégrer depuis peu la guilde, pensait que l'aide d'une personne expérimentée ne serait pas de trop pour lui apprendre le métier. Elle avait choisi Karloff car il paraissait inoffensif, à l'inverse de la bande de loups qui se battaient presque pour avoir ses faveurs. Et puis, il était sympathique, quand elle apprit à le connaître.

Des rumeurs ne tardèrent pas à circuler sur leur tandem, comme quoi il se servait d'elle pour faire le travail à sa place ou qu'il faisait ses quatre volontés en échange de nuits dans un lit. Évidemment, tout ceci était faux.

Les fois où ils avaient couchés ensemble, les deux parties étaient consentantes...

-Et il fiche quoi, Evran ? tonna Shylvia en posant bruyamment sa chope sur la table. Il devrait être là depuis longtemps.

-Chai pas. M'en fous, marmonna Karloff, bien soûl.

-Karloff...

-Il pfeut crever, ze m'enfichtre vroyalement...

L'alcool lui donnait du mal, pour articuler correctement. L'ivresse lui fit s'affaler sur la table, presque sur le point d'abandonner la lutte pour rester éveillé. Shylvia décida de le laisser tranquille. Si Evran devait arriver sous peu, mieux valait laisser le pauvre Karloff dormir en paix que de risquer une guerre basée sur des rancunes passées...

La soirée fila lentement, tandis qu'elle buvait à présent aussi lentement que possible afin d'économiser quelques malheureux sous. Qui sait de quoi serait fait demain...

Les premiers clients commençaient à partir quand une serveuse vint débarrasser la chope de Karloff, qui venait de s'endormir pour de bon. Affectueusement, Shylvia se mit à jouer avec les cheveux de son bon ami joufflu.

-Tu mérites une meilleure vie, marmonna-t-elle pour elle-même.

Elle eut l'impression que, même dans son sommeil, il pouvait l'entendre car il se mit à grogner à peine avait-elle prononcé ces mots.

Au même moment, franchissant la porte de la taverne, Shylvia aperçut un jeune homme bien beau et dans la force de l'âge portant un bandeau d'un rouge vif sur le front. Le même que portait Shylvia. Une idée à elle pour se rappeler de leur appartenance aux Lions Écarlates. Sauf Karloff refusait d'en porter un, ayant déclaré que cette partie de sa vie était morte et enterrée pour lui.

-Evran ! Par ici !

Shylvia lui fit de grands signes de la main pour lui indiquer où elle se trouvait et celui-ci la rejoignit au pas de course, avec un grand sourire. Son entrain de départ disparut bien vite, à la vue de Karloff, affalé et endormi sur la table. Il prit une chaise et s'assit à côté de Shylvia, tout en jetant un regard dédaigneux à Karloff.

-Il a quoi, le gros ? Il a dépensé nos derniers sous dans de la bouffe, à s'en rendre malade ?

Ces remarques lui valurent un coup de pied sous la table de la part de Shylvia.

-Je t'interdis de parler de lui comme ça ! Depuis le temps, tu pourrais lui montrer un peu de respect !

Evran se contenta de grogner fortement en massant son tibia endolori.

Lui et Karloff se détestaient, depuis l'époque des Lions Écarlates.

Si Karloff était vu comme un raté, Evran était l'image même de l'aventurier compétent et fier, aimé de tous, particulièrement des filles. Il avait longtemps joué de ses charmes avec Shylvia et ils eurent une aventure ensemble pendant un temps. Mais elle se termina vite, face à sa jalousie constante dès qu'il la voyait traîner ne serait-ce qu'un peu avec Karloff, avec qui il se comportait de manière condescendante à chaque fois qu'ils se croisaient.

Après la dissolution de la guilde, Shylvia, malgré tout, lui proposa de faire équipe avec elle et Karloff. Elle savait qu'il ne refuserait pas, pour ses beaux yeux d'une part, mais surtout que dans les circonstances actuelles, un aventurier indépendant seul avait peu d'avenir.

Evran commanda non pas une chope de bière mais une bouteille de vin.

-Tu fêtes quelque chose ?

-Ouais ! Au boulot que j'ai réussi à trouver pour nous tous. Pas comme ce gros... AÏE !!

Il reçût un nouveau coup de pied de la part de Shylvia.

-Continue, au lieu de dire des conneries aussi grosses que toi.

Evran grogna mais obéit :

-Un type organise une expédition. Dans trois jours. Il engage un maximum de personnes, surtout des mercenaires et des aventuriers en manque d'argent pour s'assurer une protection. Paraît que sa destination peut être dangereuse. Et il paye bien ! Il m'a déjà donné un acompte. Le reste quand le travail sera terminé, sans compter les bonus.

Evran semblait fier d'avoir trouvé leur prochain gagne-pain. Il versa généreusement le vin dans sa choppe et le savoura comme si c'était un grand cru, alors qu'il y avait de grandes chances qu'il soit coupé à l'eau.

-Trois jours !? s'écria Shylvia. Mais c'est pas suffisant pour une préparation convenable ! Remarque, avec le peu d'argent qu'il nous reste, tu me diras que ça ne fait pas de grosses différences...

-Dois-je en conclure que tu veux en être ?

-La question ne se pose même pas... Le trou dans ma bourse est tellement grand que je ne peux pas faire la fine bouche.

-Alors trinquons à notre nouvelle aventure qui va nous remplir les poches, à tous les deux !

-« À tous les trois », tu veux dire.

-... Ouais. Tous les trois...

Shylvia voyait bien qu'il n'aurait jamais inclus Karloff de son plein gré. « Tant pis pour toi », pensa-t-elle en buvant tranquillement. Laisser derrière un compagnon, surtout pour s'enrichir, était hors de question.

Elle ne chercha pas à en savoir plus sur cette expédition. Comme elle l'avait dit, elle ne pouvait se permettre de faire la fine bouche, à la vue de ses finances. Ce ne serait pas sa première escorte. Et puis, elle avait un peu trop d'alcool dans le corps pour bien penser...

Ces bonnes nouvelles en tête, elle commença doucement à se laisser porter par l'ambiance euphorique de la taverne, alors que quelques soûlards poussaient gaiement la chansonnette. Shylvia se surpris même à fredonner discrètement pour les accompagner. Quelle belle soirée ce fut, finalement.

Trois jours plus tard.

Les trois anciens Lions Écarlates attendaient à l'entrée de la ville, parmi une tripotée d'aventuriers indépendants en manque d'argent et de mercenaires plus avides qu'autre chose. Shylvia avait en horreur les mercenaires, ces personnes qui pourraient vendre père et mère pour une bourse remplie. Elle ne comptait plus le nombre de fois où on lui avait fait remarquer que la seule différence qu'il y avait entre un aventurier et un mercenaire, c'était que les aventuriers, en formant une guilde, pouvaient être régulé par les autorités.

-Arrête de les dévisager comme ça ! lui souffla Karloff, avec un petit air paniqué. Ils vont croire que tu les provoques !

-Qu'ils y viennent, marmonna-t-elle. Je suis prête à les recevoir...

-Si on pouvait éviter les disputes débiles..., lâcha alors Evran. On va devoir bosser avec eux pendant plusieurs jours, au moins. Alors laisse ton épée dans son fourreau et retourne vérifier ton équipement !

Shylvia grogna mais décida d'écouter la voix de la raison et celles de ses compagnons.

-Et notre employeur ? Il est où ? demanda-t-elle pendant qu'elle resserrait les sangles de son vieux plastron.

-Il va pas tarder, assura Evran, confiant, en affûtant sa propre épée avec une pierre à aiguiser. Ah, il me tarde de toucher ma paye...

-Tu t'avances un peu, non ? lui fit remarquer Karloff en vérifiant les sangles de son grand bouclier. Avant de penser à comment dépenser ton argent, tu devrais réfléchir à comment rester en vie pour le gagner.

-C'est plutôt à moi de te dire ça. Empoté comme tu es, c'est déjà un miracle que tu ais vécu si longtemps. Oh, mais suis-je bête ! Ce n'est pas si étonnant quand les autres doivent sans cesse sauver ton gros cul de...

-Fermez-là, tous les deux ! tonna Shylvia avec une grande autorité, avant de leur fiche une claque derrière la tête à chacun.

Les disputes entre ces deux-là se multipliaient, tout en devenant de plus en plus violentes. Si Shylvia n'était pas là pour les rappeler à l'ordre, qui sait de quoi ces deux garçons, qui se détestaient voire se haïssaient, auraient été capables.

Pendant que les garçons vérifiaient le matériel en commun, Shylvia observait les autres personnes présentes. Essentiellement des humains et quelques elfes. Elles parvenaient à distinguer les vétérans des purs novices, grâce à la quantité et à la qualité de leurs équipements. Un exercice plus complexe qu'il n'y paraissait. Par exemple, si une personne possédait un vieil équipement qui avait bien servi mais que le propriétaire était relativement jeune, il y avait de fortes chances qu'il s'agissait d'un novice qui avait acheté cela au rabais ou qu'il l'avait reçu en héritage.

Après observation, Shylvia se rendit compte de deux choses. D'abord, pour une escorte d'expédition, ils étaient quand même assez nombreux. Ensuite, même si elle avait repéré plusieurs qui avaient bien roulé leur bosse, la majorité de l'escorte se composait de jeunots qui débutaient à peine, quand ce n'était pas des personnes qui pouvaient à peine se payer une arme ou une protection décente. Certains n'avaient que leurs propres vêtements pour se protéger et un simple gourdin ou autre arme de fortune en guise d'arme. Autant partir en mission suicide, dans ces conditions !

-Hé ! cria quelqu'un. Ils arrivent !

Un convoi exceptionnel était en train de franchir les portes de la ville : trois chariots remplis à craquer, dont un contenant aussi des personnes, et des bouviers guidant leurs bœufs chargés comme des mules.

Quelques instants après, un cavalier vêtu d'une armure complète et une carriole tirée par deux chevaux firent leur apparition. Le cochet descendit rapidement et vint ouvrir la porte du véhicule à son passager. Un homme en sortit alors. Plutôt jeune, souriant de toutes ses dents, plus que bien vêtu, il balaya du regard les hommes et femmes qui composaient son escorte et, sur un ton solennel, s'adressa à eux :

-Chers amis, avant tout, je vous remercie d'avoir répondu à mon appel d'offre. Pour les quelques personnes qui ignorent qui je suis, je me nomme André Dexterios Delgarde, de la maison Delgarde. Et en ce jour merveilleux, en plus d'avoir le privilège d'admirer mon admirable personne, vous avez l'honneur de faire partie de ce grand projet qu'est le voyage et, qui sait, l'exploration de ce qui fut autrefois la belle ville et resplendissante ville de Lovham. Vous, hommes et femmes en quête de gloire et de richesses, j'espère compter sur votre entière collaboration. Un long périple nous attend. Qui sait quel danger rôde sur les routes que nous nous apprêtons à arpenter. Mais j'en suis convaincu ! Avec vous à mes côtés, ma vie est en sûreté ! Et je vous le garantis, à la fin de ce périple, quand mon nom sera connu dans l'ensemble de ce magnifique royaume qu'est Pendragon, votre récompense sera à la hauteur !

Les derniers mots de Delgarde suffirent à galvaniser les plus crédules, les simples d'esprit et les novices. Pour les autres, ce n'était que de la poudre aux yeux pour motiver tout le monde à s'engager pleinement dans cette expédition...

Le cavalier en armure prit quelques hommes avec lui et ouvrit la marche du convoi. Les autres se positionnèrent sur les côtés et à l'arrière.

Les trois anciens Lions Écarlates marchaient près du chariot roulant juste derrière la carriole de Delgarde. À l'intérieur, deux ou trois érudits, sans doute là pour assister leur employeur, avec leurs affaires, des instruments, de la documentation...

-Regarde ça, chuchota Evran à Shylvia. Rien que la moitié de ce qu'il y a dans ce chariot vaut une fortune.

-Leurs habits aussi doivent valoir de belles couronnes d'or, ajouta Shylvia en fixant le plus jeune érudit qui se mit à rougir en croisant le regard de la jeune femme.

-Ce chariot seul est une invitation alléchante pour les bandits.

-Ne parle pas de malheur, souffla Karloff qui semblait déjà fatigué. L'idéal serait un voyage tranquille, sans ennuis.

-On le voudrait tous, Karloff, dit Shylvia. On le voudrait tous...

Le convoi était d'une lenteur effroyable, la faute aux bœufs chargés de provisions et de matériel destiné aussi pour l'étude sur le terrain. Shylvia pensait que si ce Delgarde avait autant d'argent à dépenser, il aurait pu investir dans des chariots supplémentaires. Et à voir les têtes que tiraient les autres membres de cette expédition, elle n'était pas la seule à penser ainsi. Un voyage long et lent en perspective.

Toute la journée, le convoi avança avec la lenteur d'une tortue sans marquer le moindre arrêt. Apparemment, l'homme en armure avait reçu pour consigne de ne pas faire de haltes si elles n'étaient pas nécessaires, sauf pour la nuit.

-Ils veulent notre mort, c'est sûr, pesta Karloff.

Si Shylvia trouvait qu'une marche sans halte était une torture, elle n'osait imaginer ce que pouvait ressentir le pauvre Karloff, devant supporter le poids de ses affaires en plus du sien. Plus d'une fois, elle lui avait conseillé de perdre du poids pour se faciliter la vie. Mais son compagnon s'obstinait à faire la sourde oreille, en plus de se vexer sur la mention de son enrobage. Shylvia, une nouvelle fois, n'insista pas et fit même ravaler son sourire, à coups de poing, à Evran, qui se moquait.

La journée s'écoula lentement et tous avaient l'impression de ne pas avoir fait une grande avancée depuis qu'ils avaient quitté la ville.

Le premier soir, ils s'arrêtèrent dans une vaste clairière pour y établirent le camp. Malheureusement, on constata bien vite un manque de tentes fournis par Delgarde pour ceux qui n'en possédaient pas, faute de moyens, et qui allaient dormir à la belle étoile. Certains daignèrent bien partager leur tente, mais d'autres refusaient catégoriquement, sans chercher de raisons. Shylvia, pour sa part, accepta de prêter sa tente à l'un des pauvres bougres qui n'avait rien emmené avec lui hormis une arme de fortune et ses vêtements. Evran lui proposa de dormir avec lui, mais connaissant que trop bien ses mains parfois baladeuses quand ils étaient seuls, elle préféra dormir avec Karloff. Il ronflait, certes, mais elle savait qu'il se comporterait bien durant la nuit, lui.

Delgarde, de son côté, possédait une tente exagérément grande, assez pour accueillir facilement au moins quatre personnes. Mais en dehors de l'homme en armure, personne n'avait le droit de pénétrer à l'intérieur. Pas même les érudits. Une fois qu'elle fut montée, il s'y était engouffré et n'en été plus ressortie, même pour dîner, son repas lui ayant été apporté par l'homme en armure.

Autour d'un feu, Shylvia et Evran finissaient de manger, en compagnie d'autres personnes de l'escorte. Karloff s'était déjà couché, exténué par cette marche digne de l'armée, sans pause.

-À ce rythme, on sera encore sur les routes, le mois prochain, déclara un type balafré.

-Au fait, quelqu'un sait où se trouve cette ville que ce richard veut trouver ? demanda un jeune homme.

-Pas du tout, répondit un homme légèrement plus âgé. D'ailleurs, j'en avais jamais entendu parlé avant aujourd'hui.

Quelques voix s'élevaient autour d'eux. De tout évidence, la destination de cette expédition était un mystère pour les membres de l'escorte. Du moins, pour ceux qui en avaient quelque chose à faire. Certains lancèrent des regards aux érudits, qui mangeaient ensemble à part, dans l'espoir qu'ils éclairent un peu leur lanterne. Mais ces derniers ignoraient l'escorte. Ou du moins, ils essayaient. Soit ils ne souhaitaient pas partager ce qu'ils savaient, soit on leur avait ordonné de se taire.

-J'ai entendu quelques rumeurs..., dit une voix caverneuse.

C'était un homme d'un certain âge. Son apparence montrait clairement sa longue expérience couplée peut-être avec une certaine sagesse. Ses cheveux grisonnants pleuraient sa jeunesse fanée. Son armure fut sans doute d'une grande qualité à sa conception mais aujourd'hui, l'usure et les traces de rouilles ternissaient son éclat d'origine.

Il venait de terminer son repas et se rinçait le gosier avec le contenu de sa gourde, avant de reprendre la parole :

-Ce que je sais, je le tiens de rumeurs et d'ouïe dires, alors j'ignore le vrai du faux...

Les personnes aux alentours avaient cessé tout ce qu'elles faisaient, prêtant attention à ce que disait ce vieil homme :

-Lovham. On raconte qu'elle fut bâtie sur de vieilles ruines elfiques. On dit qu'à son époque, sa prospérité fulgurante se fit grâce aux merveilles que les habitants découvraient à mesure qu'ils façonnaient ces édifices en ruine à leur image.

Il prit une nouvelle gorgée avant de poursuivre.

-Mais un jour, il y eut, paraît-il, une sorte de catastrophe ou quelque chose du genre. Quoiqu'il en soit, les habitants ont tenté de fuir les lieux mais sur les milliers d'habitants qui composaient la population, à peine une poignée s'en est sorti. Aujourd'hui, tout ce qui reste de cette ville et de ceux qui habitaient se trouvent dans de vieux livres ou dans des histoires qu'on raconte aux gosses pour leur faire peur. Car, on raconte que d'étranges phénomènes se sont produits dans ce qui faisait les alentours de cette ville : des gens qui disparaissent ; qui se font attaquer... Certaines rumeurs parlent de créatures malfaisantes qui y auraient élus domiciles...

Après un court silence, des murmures s'élevèrent pendant qu'il vidait le fond de sa gourde.

-Encore une fois, je tiens ça de rumeurs. Rien ne garantit que ce soit vrai...

-Où t'as entendu ces histoires, le vieux ? lui demanda un jeune sceptique.

Le vieux ricana avant de répondre :

-Quand on a roulé sa bosse depuis autant d'années que moi, on entend pas mal de choses. Ça t'arrivera aussi un jour, petit. Si tu survis assez longtemps pour...

Sur ces mots, il regagna sa tente, en souhaitant bonne nuit à la jeunesse et en leur souhaitant une vie longue et prospère, accompagné d'un rire teinté de sarcasme.

Son récit avait attisé la curiosité des uns mais surtout le scepticisme des autres. En effet, pouvait-on accordé du crédit aux racontars d'un vieillard qui avait déjà un pied dans la tombe ? Surtout quand lesdits racontars se basaient sur des rumeurs sorties dont ne savait où.

-Tch. Encore un vieux fou qui veut se rendre intéressant, commenta Evran tandis qu'il remuait les braises du feu.

-Je ne sais pas..., dit Shylvia. Il y a peut-être un fond de vérité dans tout ce qu'il a dit...

-Arrête, je t'en prie. Combien d'histoires à dormir debout et de vieilles superstitions as-tu entendu, à la guilde ? C'est pareil, ici. Ça a autant de valeur que la bouse des bœufs qu'on se traîne. Quoique, une ville bâtie sur des ruines elfiques... Limite, c'est plausible. Y en a pas mal sur le continent. Et si c'est vrai... Avec le bonus, on va être riche !

Evran se mit à jubiler.

-Si ça se trouve, j'aurais de quoi m'acheter une maison ! Mieux, je pourrais enfin faire un métier plus peinard !

-Tu ne vas pas un peu vite en besogne ? lui demanda Shylvia avec un petit rire.

-Faut savoir se projeter, Shyl. C'est comme ça qu'on avance, dans la vie ! Moi, j'en ai assez de la vie d'aventurier ! Je veux vivre autrement ! Une vie où je ne la risque pas à chaque fois que je trouve du travail... Une vie où je ne m'inquiète pas de savoir si j'aurai de quoi manger le lendemain... Je veux un toit, une femme, une famille...

Il se tut alors, perdu dans ses pensées.

« C'est un beau rêve », pensait Shylvia.

Pour sa part, elle le vivait déjà, son rêve... Il n'était certes pas rose tous les jours mais pour rien au monde, elle n'en changerait. Bien que, elle ne l'avouerait jamais, elle avait pensé une ou deux fois à quoi aurait ressemblé sa vie si...

Non. Il était inutile de spéculer sur d'éventuels futurs. Elle avait fait ses choix et les assumait. Regretter maintenant ne servait à rien.

Shylvia alla finalement se coucher. Ce n'était que le premier jour et clairement, ils étaient encore loin d'arriver à destination.

Le voyage dura des jours et des jours.

Tous se demandaient jusqu'où Delgarde comptait les faire marcher et toujours sans arrêts, sauf quand cela était nécessaire. À comprendre seulement lorsque Delgarde désirait se dégourdir les jambes, à force de rester confortablement assis dans sa cariole, ou quand l'expédition devait faire un détour par une ville pour refaire le plein de provisions. Après quelques jours, on pouvait parfois surprendre Delgarde en train de pester qu'il pensait arriver à destination bien plus vite et accuser l'escorte de le ralentir, alors qu'il était évident que c'était les bœufs qui étaient bien trop lents. Mais personne n'osa le contredire, craignant pour son salaire.

Petit à petit, Delgarde acquit une réputation de « petit gosse de riche qui pensait que tout serait facile pour lui » au sein de l'expédition. Un statut que personne n'évoquait devant lui, bien sûr.

Tous les deux ou trois jours, ils essayaient de remonter le moral de ses employés par des discours qu'il pensait sans doute galvanisant mais dans le fond, ne faisaient que sonner creux. À force, plus personne ne l'écoutait et ils ne se motivaient à poursuivre ce voyage qu'en pensant à ce qu'ils gagneraient au bout.

-Je commence à penser que cette idée d'expédition s'est faite sur un coup de tête, tellement elle a été mal préparée, pesta Karloff un soir.

-Pour une fois, je suis d'accord avec toi, approuva étonnamment Evran. Il pensait quoi ? Que ce serait comme partir en pique-nique avec ses potes ?

-Ce type vit dans un roman, ajouta Shylvia. Il s'attendait sans doute à ce que tout se passe vite et bien comme dans les histoires bâclées. La déception doit être grande, si c'est le cas...

-Si ça continue, je vais songer à lui réclamer une augmentation !

-Je laisserai tomber, à ta place, lança Karloff en attisant le feu. C'est bien le genre de bougre à te sortir qu'il n'a aucune raison de te payer plus alors que tu n'as encore rien fait de concret selon ses critères.

-Le pire, c'est que je crois que tu as raison...

Evran tapa du poing le sol avant de poursuivre :

-Il n'empêche qu'il aurait pu prendre d'autres chariots dans la précédente ville, au moins. On irait plus vite !

-Le problème n'est pas le nombre de chariots mais les bœufs..., fit remarquer Shylvia. Certes, pour transporter le matériel, c'est bien, mais au rythme auquel ils avancent...

-...on y sera encore le mois prochain, bordel de merde !

De frustration, Evran jeta une pierre dans le feu pour se calmer.

-Et en plus, personne ne sait si on va dans la bonne direction. Enfin, personne... Ces prétentieux à la grosse tête refusent de nous dire quoique ce soit sur Lovham et l'endroit où elle se trouve !

-Ils pourraient ne rien savoir, fit remarquer Karloff sans trop y croire.

-Tu vois vraiment des gens comme ça se déplacer pour rien ? Non, ils savent quelque chose mais ces chiens le gardent pour eux et Delgarde. J'ai essayé de tirer les verres du nez à ce type en armure, mais il reste muet comme une tombe quand on aborde le sujet.

-Sûrement sur ordre de Delgarde..., déclara Shylvia en se couvrant avec sa fine couverture.

Une certaine tension commençait à naître depuis quelques jours, au sein de l'escorte. Et elle ne faisait que croitre.

En plus d'une avancée lente et de presque un mois entier à vagabonder sur les routes, le fait de ne rien savoir de concret sur la destination entamait le moral et attisait l'animosité. Bien que certains l'avaient signalé à leur employeur, Delgarde leur assura que la situation était en de bonnes mains et de ne pas s'en faire. De belles paroles pour cacher le fait qu'il ne se souciait de personnes, hormis des érudits. Cela ne faisait plus de doute : Delgarde ne voyait l'escorte que comme un corps qui devait protéger sa personne et ses associés ainsi que le matériel qui leur seraient utiles. À la lumière de ce comportement, tous commençaient à se demander, surtout ceux qui en avaient le plus grand besoin, s'il comptait réellement les payer en bout de course. Quelques voix s'élevèrent pour suggérer de tout laisser tomber et d'aller tenter leur chance ailleurs.

Ce soir-là, Shylvia eut du mal à trouver le sommeil. Rien d'étonnant, avec la situation actuelle. Elle songea elle aussi à laisser tomber et à trouver un autre travail dans la région. Mais est-ce que Karloff et Evran la suivraient ? Karloff, peut-être. Mais Evran... Lui qui comptait énormément sur ce travail pour peut-être changer de vie. Elle le voyait mal renoncer à toutes ces promesses de fortune, surtout si c'était pour continuer à vagabonder çà et là en espérant une paye correcte. Fallait-il alors penser à se séparer et suivre chacun sa voie ?

-Pensive, petite ?

Le vieux vétéran qui avait entendu ces rumeurs sur Lovham se tenait debout au-dessus d'elle, son bras tendu pour lui proposer une gorgée de son alcool contenu dans sa gourde.

-Merci, Ward, lui dit Shylvia. Pas ce soir.

-Tant mieux. Ça en fera plus pour moi et ma carcasse...

Il s'assit alors et but, tandis que Shylvia rajoutait du bois pour le feu.

Depuis cette fameuse nuit, ils avaient eu quelques échanges. Au départ, elle espérait juste obtenir des informations supplémentaires sur Lovham mais peu à peu, elle s'intéressa aux récits et exploits de cet aventurier d'une autre génération. À force de l'écouter, elle se demandait si la moitié de ses histoires étaient vraies ou non. Néanmoins, elles en demeuraient passionnantes.

-Ward, je ne vous l'ai pas demandé mais avez-vous fait partie d'une guilde ?

Ward éclata de rire en attendant cette question.

-Non merci. Ça implique trop d'inconvénients, à mon goût.

-Comme quoi ?

-La paperasse à remplir pour presque tout et n'importe quoi.

-...Oui, je ne peux pas vous donner tort, pour le coup.

Il éclata de nouveau de rire.

-De toute façon, petite ! Tu ne sais donc pas qu'être aventurier, de nos jours, ce n'est pas sûr ? Financièrement parlant.

-J'aime vivre ma vie comme je l'entends !

-Et regarde-toi, maintenant. Sans toit, sans revenu fixe et à te demander chaque jour qui passe si tu verras le suivant se lever. Sans compter que tu te demandes en permanence qu'est-ce qui te tueras : ta prochaine aventure ou le manque de nourriture.

-À vous entendre, vous regrettez d'avoir choisi cette vie...

Il prit une nouvelle gorgée de sa gourde avant de poursuivre.

-Jeune, je rêvais d'aventures comme celles que contaient les bardes. Je pensais, avec la seule force de mes bras, faire fortune grâce à mes exploits et vivre une vie romanesque. Ah ! La naïveté de la jeunesse...

-Que s'est-il passé ?

-L'Histoire, ma petite. Tout simplement... Remercions le Roi Fou et sa soif du contrôle et de l'expansion, ainsi que sa descendance qui perpétue l'héritage de la folie.

-Je ne comprends rien, déclara-t-elle avec une pointe d'agacement.

-Tout ce que tu as besoin de savoir, c'est que ma guilde a subi le sort de toutes les autres, passées, présentes et futures. Du moins, tant que la famille royale continuera à régner ainsi.

-Vous n'êtes pas un peu trop lyrique, pour la situation ?

-Ah ! C'est signe que je commence à être bourré ! Et qu'il est temps pour moi de tirer ma révérence...

Elle se mit à le regarder avec les yeux ronds, se demandant comment on pouvait parler de manière si soutenue et avoir les idées claires avec autant d'alcool assimilé.

Shylvia sentait le sommeil avoir raison d'elle aussi et n'allait pas tarder à rentrer sous la tente de Karloff, qui ronflait déjà comme un bœuf. Mais avant cela...

-Ward !

Le vieil homme, qui avait tout juste commencé à s'éloigner, se retourna.

-Réponds-moi franchement : comment sens-tu cette expédition ? Avec ton expérience.

Ward et Shylvia se fixèrent, comme s'ils se faisaient face sur un champ de bataille. Il finit le fond de sa gourde et répondit :

-Mes tripes disent que cette histoire pue. Mais ma bourse me dit que je ne peux pas me permettre de refuser du travail. Et c'est visiblement le cas de beaucoup de monde, ici.

Il lui tourna alors le dos et s'en alla en direction de sa tente, en lui souhaitant une bonne nuit.

À croire que bon nombre des membres de l'expédition partageaient les mêmes tripes que Ward.

Le voyage se poursuivait sans que les conditions ne s'améliorent et les premiers déserteurs se déclarèrent. Membres de l'escorte comme bouviers avec leur bête. Pourtant, Delgarde ne semblait pas s'en soucier plus que nécessaire, à l'inverse des érudits, qui craignaient d'être livré à eux-mêmes pour le reste du voyage et une fois arrivée à destination. Ce à quoi Delgarde leur assura qu'il y aurait toujours assez de monde, affichant une confiance aussi absolu qu'énervante.

Mais cette affirmation ne tarda pas à être remis en cause.

L'expédition se rapprochait de la frontière du royaume, la partie annexant des terres presque vierges de toutes traces de civilisations. Un terreau fertile pour y installer une planque pour les bandits de grands chemins ou pour nourrir les plus grandes superstitions. Un endroit presque parfait pour y trouver une ville dont l'existence semblait relever du mythe.

Les jours suivants, ils furent attaqués plus d'une fois par des coupe-jarrets assoiffés de proies et d'argent facile. Certaines bandes ne savaient qu'agiter les bras et brayer pour impressionner, d'autres menaient leurs assauts de manière quasi-militaire. Toutes les attaques furent repoussées mais non sans perte...

La vie ne faisait pas de cadeaux aux désespérés qui ne savaient pas manier une arme convenablement.

Et malgré cela, Delgarde agissait comme si son expédition se déroulait sans le moindre accroc. Il ne prit même pas la peine de se lancer dans l'un de ses discours vides dont il avait le secret pour soi-disant rassurer tout le monde ou exprimer une pensée pour les défunts.

À présent, il était clair pour tout le monde que pour Delgarde, rien ne comptait, à part arriver à destination et revenir couvert de gloire.

Deux mois et demi s'étaient écoulé depuis leur départ. Le moral était au plus bas au sein de l'escorte, réduite de moitié, qui contrastait avec l'éternel optimisme de Delgarde et son sourire immortel qui semblait à présent mettre en rogne tout le monde, sans exception.

Dans son petit monde, tout se passait bien et sa joie n'allait qu'en grandissant.

Un beau jour, vers midi, la joie de cet homme atteint un nouveau pic. L'expédition, après avoir suivi un vieux chemin de terre, arriva à l'orée d'une forêt. Ils y trouvèrent les restes d'un village, abandonné depuis déjà fort longtemps. Juste avant les arbres, ils virent de grandes pierres dressées avec d'étranges symboles peint dessus.

Delgarde sortit en trombe de sa belle carriole et réclama un livre précis à l'un des érudits, qui le lui apporta au pas de course. Il regardait alternativement ces peintures et le contenu de livre qu'il tenait, excité par cette découverte.

-Ça y est... CA Y EST !!! s'écria Delgarde. Enfin ! Je pensais que l'on devrait chercher encore quelques jours mais elle est là... Si proche...

Extatique, il semblait ne plus pouvoir se contenir, comme un enfant regardant le jouet de ses rêves.

-Procédons par étape. Mes découvertes doivent être légitimes. Étudions ces peintures. Est-ce que cela a été fait par les habitants après avoir abandonné leur ville ? Par les elfes avant eux ? Les anciens villageois ? Ou par un peuple de sauvages bien après tout cela ? Il nous faut coucher ces notes sur papier, faire des croquis...

Son second en armure ordonna aux autres de décharger le matériel et de monter le camp, alors que les érudits commençaient à se mettre au travail.

-Enfin ! s'écria Evran. Ce voyage devenait pénible... Bientôt, je pourrais faire rouler de belles pièces d'or entre mes jolis doigts.

-Encore à vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué..., marmonna Karloff alors qu'il se posait quelques minutes.

Pendant ce temps, Shylvia observait la forêt derrière ces pierres. Pour une raison qu'elle ignorait, sa simple vue lui donna la chair de poule. Le soleil avait beau être à son zénith, elle avait l'impression que les rayons du soleil ne pouvaient pénétrer dans ces bois. Et le plus troublant était que depuis qu'ils étaient arrivés, elle n'entendait plus le moindre animal aux alentours.

Ward s'approcha d'elle et posa sa main sur son épaule.

-Que te disent tes tripes, petite ? lui demanda-t-il.

Shylvia fixait cette forêt, tentant d'imaginer ce qu'elle pouvait bien cacher, sans pour autant se débarrasser de cette boule au ventre qui ne la quittait plus depuis que ses yeux s'étaient posés sur ce lieu.

-Elles me disent qu'il y a quelque chose de pas normal, là-bas...

À peine avait-elle prononcé ces mots que de petits bruits lui parvinrent directement dans sa tête. À cet instant, elle n'y prêta pas une grande attention et alla aider les autres à dresser le camp. Pourtant, une pensée lui traversa rapidement l'esprit, avant de disparaître.

Ces petits bruits qu'elle avait entendus...

Ne ressemblaient-ils pas à des murmures ?

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