Chapitre 5 : L'ennemi universel : la bureaucratie...

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J'ai sous-estimé le seigneur local. En fait, les gens potables sont partis pas seulement parce qu'ils en avaient marre de l'atmosphère coupe-gorge mais parce qu'il leur en donnait la possibilité.

Au sein du bidonville se trouve une bâtisse solide qui doit être bien antérieure à la petite ville de bicoques alentours. Propre, bien gardée par des collègues des gardes vus auparavant et quelques autres bonhommes bien armés à l'air vaguement louche.

Premier bâtiment en dur de ce monde qu'il m'est donné de voir, j'admire sa conception. Le rez-de-chaussé est en pierre. Ou en tout cas recouvert d'un enduis qui devait être blanc à l'origine. Ou jaune, il est trop dégradé pour savoir. Le constructeur a ensuite rajouté deux étages en bois par-dessus, chaque étage plus étroit que le précédent laissant place à des rebords de tuile les encadrant. Les toits sont couverts de tuiles très ondulées avec des faîtières proéminentes. Oui, clairement asiatique. Japonais je dirai. Le maçon a même été inspiré en faisant faire des vagues à l'enduit, donnant une séparation floue entre le rez-de-chaussé et le premier étage. L'ensemble est un peu comme une pyramide, robuste, proportionnée et bien conçue. Les fenêtres sont placées haut et étroites pour le niveau de la rue et sont bien plus larges aux étages supérieurs.

Ils n'aiment pas les visiteurs nocturnes je pense.

Je me fait dévisager par les gardes tout au long de ma progression mais je commence à en avoir l'habitude. C'est le fait de me faire regarder de haut qui m'agace un peu. Je frôlais le mètre quatre-vingt dix dans ma période d'adulte, un géant pour ma génération. Devoir lever les yeux pour parler à quelqu'un continue de me sembler contre nature.

Rentrant dans le bâtiment, je tombe dans une vaste salle qui doit faire une bonne partie de l'étage. Des piliers de pierre disposés de façon régulière soutiennent le plafond et les étages supérieurs, seules quelques tables alignées contre le mur du fond font office de mobilier. Hum ? Non, ce sont des comptoirs je dirai plutôt vu qu'il y a des personnes derrière et que les tables séparent clairement l'espace où elles se trouvent par rapport celui qui m'est attribué. J'allais marcher vers eux quand je remarque un grand tableau de bois sur le mur à ma droite. Accrochés par des clous grossiers se trouvent... des papiers.

Prochaine étape de l'exploration : Premier contact avec la langue écrite locale.

Je trotte gaiement vers cette découverte inattendue et...

Aoutch.

Oui, je ne suis pas sur Terre. Aucune langue ne devrait ressembler à ces assortiments de traits, de points et de petits dessins. Ceci n'est pas asiatique du tout. D'un autre côté, ma maîtrise du mandarin et du japonais étant inexistante, j'aurai dû de toute façon commencer de zéro. Bref, je passe d'un feuillet à l'autre, essayant de décrypter ce...

Traduction automatique. DLC disponible. Prix : 50 Pex.

Oh ?

La tablette vient de se matérialiser entre moi et les feuillets et affiche un texte bien utile.

Ça tombe bien, j'ai encore 50 points de rab vu que je n'ai pris qu'un repas aujourd'hui, c'est vraiment...

Heu...

Pex ?

J'ai mal vu ? C'est moi qui avais résumé Points d'Expérience en Pex vu que j'en avais plein la bouche et que je risquais de devoir me concentrer souvent sur cette ressource vu que j'ai bien l'intention de survivre ici et que c'était mon meilleur et unique outil jusqu'ici.

Huh ?

Traduction automatique. DLC disponible. Prix : 50 Points d'Expérience.

J'ai halluciné ?

Bon, je vais garder ça dans un coin de ma tête, après tout je ne suis pas venu ici pour lire. La tablette s'efface et je me dirige vers les tables du fond. Soit les ordinateurs portables magiques sont courants, soit ils n'ont rien vu et je suis le seul à voir ma petite tablette. Je pencherai pour la seconde catégorie mais ne tentons pas le diable. Bref, le bonhomme derrière le comptoir est un homme assez gras sans être gros, habillé d'une robe marron aux longues manches larges et d'un chapeau de toile orné de différents symboles. Pas la moindre idée de ce que ça signifie mais ça lui donne l'air important.

Alex : Bonjour.

*** : Hmmm. Oui, c'est pour quoi ?

La vache, c'est un fonctionnaire. J'ai l'impression de me retrouver à la sous-préfecture au premier des six bureaux à se farcir pour un changement de carte grise.

Alex : J'ai envie d'entrer dans la ville.

*** : Pourquoi ? Plus assez de porte-monnaies à voler en cette belle Shin-Okonda ? De petites vieilles à dépouiller ? De blessés à achever ?

Alex : De patience.

*** : Hmmm ?

Alex : Je n'ai plus de patience. J'en ai assez de ce tas de crasse et veux devenir quelqu'un. Pas quelque chose du genre un cadavre dans une ruelle. Je laisse ce genre de promotion aux autres.

*** : Moui... Je vais te faire un résumé...

Et il le fait. Il doit être payé pour ça vu qu'il le débite d'une voix monocorde et ne réagis pas quand j'essaye de lui demander quelques explications alors qu'il est encore en cours de son instruction à un gamin des rues.

C'est assez clair. Le seigneur local a recueilli les gens fuyant les combats mais tenait surtout à les reposter dans des lieux où ils lui seraient utiles. Le bâtiment dans lequel je me trouve faisait office de centre de recensement et fournissait des tâches à accomplir pour prouver les capacités des demandeurs. Du coup, la ville s'est vidée progressivement de ses talents et n'a gardés que les rebuts. Maintenant que le standardiste a fini son laïus je pointe du doigt le mur rempli de feuillets.

Alex : Et ça ?

*** : Des missions fournies par l'Union. On reçoit une fois par semaine des copies de celles du centre d'Okonda en espérant que des personnes soient intéressées. Après tout, ça rapporte. Mais ces gens... Pffff.

Alex : Une mission que je peux faire ?

Il me regarde un peu plus attentivement. Petit. Sale. Puant. Maigre. Maladif. Je n'ose même pas imaginer le CV qu'il est en train de se graver dans le cerveau.

*** : Il y a bien le ramassage de petit bois. L'Union fait le lien entre les clients et les fournisseurs mais ce centre a toujours besoin de petit bois pour son chauffage et sa cuisine et les livreurs ne ramènent pas ça. Quand vous prouverez que vous pouvez faire ces missions de rang 1, on vous donnera de meilleures missions plus rentables par la suite.

Il me vouvoie maintenant ? Oh, c'est vrai, il lit son discours tout fait...

Alex : ça me va. Où je peut m'acheter du matériel ?

*** : Dans cette cité ? La plupart des objets que l'on peut se procurer ont une origine... louche. Mais il y a toujours le troc de Maya. C'est sous les murs, à droite de la porte sud.

Alex : Du troc, hein ? Excellent ! A plus !

*** : Votre nom je vous prie ?

Alex : Je sais pas encore, dès que j'en ai trouvé un bon je vous signe vos papiers ! Tchao !

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