Chapitre 6 : Riche et pauvre à la fois.

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Je m'étais attendu à un magasin. Je suis tombé dans une brocante.

Je suis déjà allé dans ces boutiques de produits d'occasion. Juste histoire de flâner et de voir si je trouve un truc pas trop cher. Mais là ça ressemble plutôt à une ambiance du genre tombé du camion. C'est une trace de sang que je vois sur cette veste ? Autour de ce trou, là ? Flippant.

Le bâtiment est fait de bric et de broc mais est vaste, sombre et rempli de tables couvertes de matériel divers et varié. Même si le sol est sale, les articles ont l'air bien agencés et utilisables.

*** : Si tu cherches un truc à voler, gamin, j'te rappelle que le gros Hoto me dois un coup de main et personne ne veut être le coup de main du gros Hoto...

La voix est hachée, vieille et remplie de menaces. On dirait ma belle-sœur. Je me tourne vers l'origine de la voix et découvre, tout au fond de la boutique, un tas de chiffons posé sur une chaise. Oui, le tas bouge donc il est vivant. Je me dirige en sa direction et remarque que la vieille femme a encore de longs cheveux blancs sales et un visage régulier bien que ridé. Dans l'espace visible sous la tignasse en bataille on voit des indices sur la nature de la personne : autour de ses yeux et sur son menton se trouvent des écailles, comme celles d'un reptile. Je ne mets pas ça sur le dos d'une maladie vu ses yeux étranges à la pupille droite.

Alex : Je viens pour faire du troc.

Maya : Et tu cherches quoi, gamin ?

Alex : Des chaussures et une hachette. Je veux aller en forêt et je préfère ne pas vérifier en permanence où je mets les pieds.

Marcher dans les rues de Shin-Okonda est déjà pénible mais découvrir les sensations que représentent le fait de marcher sur un animal ou un insecte inconnu avec un pied nu est une expérience que je tiens à éviter. Pour commencer, je risquerai bien de le perdre, le dit pied. La hachette c'est pour le cas où je tombe sur un arbre mort tombé au sol qui me permettra de faire le plein de matériel en un passage.

Maya : Et tu as quoi, gamin ?

C'est vrai que je n'inspire pas confiance. Pas grave. De sous ma tunique je sors deux carrés de peau lisse, propre, réguliers et de haute qualité. L'emballage des rations de survie. Vu la qualité des habits locaux, ça devrait plaire.

Maya : Approche un peu que je les touche... Moui... Mooouuuiiii... Je préfère pas savoir où tu as trouvé ça. Bon matériel pour repriser. Je pourrai même en faire des gants.

Alex : Vous savez faire de la couture ?

Maya : Je suis douée de mes doigts. Je me suis même fabriquée mes propres jambes ! Harhar !

Elle montre les bouts de bois contre le mur. J'y reconnais deux béquilles et... oui, des prothèses grossières comme celles pour les pirates. Mes yeux descendent malgré moi à l'emplacement de là où devraient se trouver ses pieds et je remarque vite que la robe grise est bien vide entre les genoux et le sol.

Alex : Oh... Navré...

Maya : Pourquoi ? C'est pas toi qui me les as coupées !

Alex : Ben navré quand même.

Maya : T'es bizarre, toi...

Alex : On va encore me le dire souvent je crois. Bref, combien de ces toiles pour une paire de chausses ?

Maya : Huuummm... Tu veux quoi, gamin ? Des sandales, des bottes, des chaussures...

Alex : Je vais prendre des sandales. Je vais encore grandir après tout.

Maya : T'as de l'espoir en tout cas.

Alex : Pourquoi ? Je vais rester petit ?

Maya : Nan, de rester vivant assez longtemps. Pour ces deux peaux je peux te fournir deux sandales. Et une paire de chaussettes de basse qualité au cas où si t'en as d'autre.

Alex : Vendu !

Je sors la troisième peau demandée. Soupçonneuse, elle me la prend des mains doucement et la compare aux autres. Je vois ses sourcils se lever en constatant que toutes les peaux sont de qualité identique et ont exactement les mêmes dimensions.

Maya : Gamin, si t'as coupé une grande pièce de peau pour la revendre petit bouts par petits bouts, tu seras perdant tu sais...

Alex : Ce ne sont que des chutes. C'est tout ce sur quoi je peut mettre la main.

Maya : D'accord. Bon. Pour la hachette ça va être plus dur. Tout ce qui peut servir d'arme et qui contient du fer est plus dur à obtenir et plus cher. Tes peaux ne vont pas suffire à...

Je sors alors mon arme secrète. Un flacon de potion anti-maladie vide. Le verre est clair, transparent et la bouteille est de forme régulière. Un petit trésor de tailleur de verre pour cette époque. Je reste calme mais j'ai entendu le souffle de la vieille Maya se couper.

Maya : Tu... Comment ? Nan, j'veux pas savoir. Pour la hachette, ce sera...

Alex : Trois flacons ?

Je sors les deux autres de sous ma tenue (c'est fou tout ce que l'on peut cacher quand on est maigre comme un clou ) et pose les trois flacons sur la table près d'elle. Tous les trois de taille identique et parfaitement lisses, sans impuretés. Ses yeux restent rivés dessus. Une longue minute passe, un peu embarrassante pour moi alors qu'elle a le cerveau en ébullition, maniant des chiffres avec plusieurs zéros.

Alex : Je peux aussi avoir un couteau ?

Maya : Prends ton putain de couteau. Prends tes sandales, tes chaussettes, ta hachette et disparais. Essaye de rester en vie, gamin. Et continue de me ramener des trucs pareils, tu veux bien...

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