Chapitre 7 : Jusque là, tout va bien...

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Bien.

Je me sens mieux.

C'est la première fois que je quitte la ville. Pas que je sois un pur produit de la campagne mais les émanations de benzène des pots d'échappements c'est un nectar par rapport à la puanteur locale.

Les chaussettes ne sont pas à ma taille et je les maintiens en place avec des ficelles à colis de nourriture tressées autour. Pour les sandales, ça ira, elles me flottaient un peu autour des pieds mais l'épaisseur du tissu des chausses a largement assez compensé. Je me suis aussi pris une petite sacoche en cuir passée au travers de la poitrine mais c'est le seul extra que je me suis permis. A ma ceinture, de part et d'autre et maintenus à mes cuisses par des lanières, se trouvent un fourreau de couteau et une fourrure de mauvaise qualité contre laquelle repose la hachette.

Je me sens fin prêt pour l'exploration de ce monde étrange !

Comme prévu, le verre de mes flacons a une grande valeur. Vu le temps qu'il faut pour former un bon souffleur disposer d'un petit stock de beaux récipients est un signe de richesse plutôt évident. Je ne pense pas qu'elle trouvera des clients pour ça dans le bidonville mais ça n'a pas eu l'air de la gêner. Maya doit savoir se débrouiller et a des contacts dans la ville fortifiée pour écouler ce genre de marchandises. Le couteau et la hachette sont du matériel de seconde main, usé mais utilisable avec chacun une bonne moitié du tranchant encore efficace. Le couteau ne ressemble pas à une arme du genre avec une lame à double tranchant et s'inspire plutôt de ce qu'on utiliserai pour manger à table sauf avec une poignée presque deux fois plus longue. La hachette est un peu lourde et trop rustique à mon goût mais je ne vais pas faire la fine bouche vu le prix pour laquelle je l'ai reçue.

Marchant plein sud, je quitte enfin l'abri des derniers bâtiments en ruine et pénètre dans la nature sauvage.

Sauvage ?

Tout en progressant vers la forêt, je profite du fait d'avoir enfin un panorama dégagé pour faire le point sur mon environnement.

Je vois pas mal de champs à l'est. J'aurai su, j'aurai postulé pour un emploi là-bas vu ma compétence en Agriculture mais aurai-je vraiment réussi à me débrouiller face à des légumes inconnus? A l'ouest... Des voies tracées sur le sol ? Des villages au loin ? Oui, ce territoire ne se limite pas à une ville après tout mais les bâtiments me semblent beaucoup plus espacés en cette direction. Finalement, de ce que je vois ce n'est que le sud qui est rapidement vide de tout habitants. Il y a un fleuve qui coule en ma direction mais il sort au milieu d'une forêt de bambou assez dense pour me faire sentir claustrophobe à plusieurs centaines de mètre de distance. Je continue donc plein sud en ignorant l'eau courante qui se dirige vers les fermes de l'est.

Mes premiers pas dans une forêt d'un monde inconnu !

Fantastique !

Quel dommage que je sois une bille totale en matière de botanique !

Déjà, les arbres restent plantés au sol. Ce qui est déjà un progrès par rapport à mes pires craintes qui me faisaient envisager des arbres vivants qui chercheraient à boire mon sang à la seconde où je pose le pied sur leurs racines. Il n'y a pas non plus de monstres qui bondissent des buissons pour me sauter à la gorge. Des jeux vidéos que m'a montré mon neveu, il me semblait que c'était une des caractéristiques principales des forêts des mondes peuplés de magie. A moins que c'était une histoire d'éleveurs qui vous provoquent en duel avec des monstres domestiqués ? Bref, la flore et la faune ne cherchent pas activement à me faire la peau.

Je jette un coup d’œil derrière moi. Pas de trace des gosses des rues. Enfin !

Je ne sais pas ce que je leur ai fait mais ne pas les avoir dans les pattes pendant une journée va me faire du bien.

Au moment où je profite de l'ombrage du feuillage, je constate aussi que le sentier que j'ai utilisé continue plus profondément en forêt mais ça ne m'intéresse pas vraiment vu que le petit bois, ben ça pousse au pied des arbres. Au bout de quelques pas, je me rends à l'évidence que je ne suis pas le premier a être rentré ici pour la même raison vu le sol bien propre. Bon. Je vais descendre ce sentier sur quelques centaines de mètres avant de me mettre en chasse du bois.


***********************************************

J'ai mis la récolte de bois en pause.

De l'eau.

Beaucoup, courante, assez propre pour ce que je veux en faire.

Un bain.

Modèle grande taille, avec une température fixe basse mais un luxe quand même.

Bref, je suis retombé sur le fleuve. M'y plonger reviens à créer une menace d'ordre bactériologique pour la population vivant en aval mais je n'ai pas pût résister. Me débarrassant de ma crasse, j'improvise aussi un lave-linge en frottant entre deux pierres plates la toile trempée qui me fait guise de tunique. Après un bon essorage, je laisse la tunique à sécher sur une branche basse et me concentre sur les alentours pour trouver un peu de bois.

Oh ? Cool, il y en a pas mal. Ça va me permettre de faire le plein tout en gardant l’œil sur mes habits en train de sécher. Seulement habillé de mes chausses mais bien propre à présent, je ramasse le bois en sifflotant. Pas la moindre idée des essences que c'est. Si ça se trouve, il y en a qui ne brûlent pas ou d'autres qui explosent au contact de flammes ?

Mouais...

Vu le niveau de ce que j'ai eu pour le moment, je crois qu'il est temps que je redescende sur terre. Il y a sûrement de la magie mais l'environnement général est bien plus terre à terre. Je suis un peu déçu, m'attendant à des trucs comme des fées, des lutins ou d'autres trips du même tonneau. Il y a bien des non-humains qui se promènent dans les rues mais ce monde reste très...

Heu...

Il s'appelle comment, ce monde ?

Ben dis donc. J'ai salement besoin d'une source d'informations fiable pour éviter de passer pour un abruti.

Un bout de bois.

Deux bouts de bois.

Trois bouts de bois.

Je commence à siffloter un nouvel air tout en travaillant, content d'utiliser enfin ces muscles de façon constructive. J'ai toujours été un manuel même si je me chauffais au fioul. Maintenant que j'ai assez de bois je prends une de mes ficelles pour les lier ensemble. Voi-là. Hum, non, pas très lourd. Je vais faire un deuxième colis et...

*** : Growl ?

La vache intersidérale de Pont-à-mousson !

C'est quoi ce truc !?

En train de descendre la colline boisée en ma direction il y a un... machin... C'est noir mais pas le genre pelage noir. Nan, comme un bout de nuit qui se promène. De la forme et de la taille d'un chat, la chose trotte en ma direction et je ne pense pas qu'elle... Wah !

Accélérant subitement, la créature bondit vers mon visage. Là, j'ai l'impression que le temps ralentit juste assez pour que je vois le centre de sa tête s'ouvrir sur une mâchoire circulaire, comme celle d'une sangsue. Pas de ça sur moi !

Je fais un pas de côté, évitant cette horreur. C'est bizarre, il y a de la résistance, comme si je me déplaçait dans l'eau. La chose referme son horrible bouche en claquant à côté de moi avant de me dépasser... et le temps reprends son cours à vitesse normale.

Surprise, la bestiole a raté son atterrissage. Je n'attends pas pour voir si elle s'est faite mal. Si je me suis toujours débarrassé des cafards, rats et autre nuisibles dans les boîtes où je travaillais c'est parce que j'avais pas peur de me salir au moment de neutraliser des saletés. Ce n'est pas une tâche d'encre mobile qui va me décourager de faire place nette façon « trancher dans le vif ».

Le couteau est avec mes affaires près de ma tenue en train de sécher mais j'avais encore la hachette à côté de moi. Je la ramasse et fait face à la chose. Elle s'est relevée et tente à nouveau un bond en ma direction. Sans hésiter, je lui fait goûter ma hache. Une fois de plus, le temps semble se contracter, me permettant de bien viser le centre de la tête tout en faisant un pas de côté pour éviter d'avoir des bouts qui me retombent dessus.

Splash !

Beurk !

La chose a éclaté comme un ballon d'eau rempli de grumeaux. Ça reste noir et de forme imperceptible mais ce n'est clairement plus vivant.

*** : Fsshhh !

*** : Groh !

Mais c'est pas vrai !

Il y en a deux autres qui foncent vers moi, venant de la même direction.

Désolé, monde inconnu, d'avoir sous-estimé ta capacité à m'envoyer des trucs étranges. Je m'excuse à plat ventre.

Tu peux arrêter maintenant, hein ?

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