Chapitre 8 : Baptisé par une psychopathe. Le quotidien, quoi...

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*** : Growl !

*** : Fsshhh !

*** : Grw !

Il y en a combien des comme ça à la fin ? J'ai perdu le compte, donnant des coups de hachette en tous les sens. Heureusement, ils semblent avoir pour habitude de n'attaquer que les uns après les autres et ne coopèrent pas. Mais leur stock semble inépuisable...

Et merde ! Un groupe d'une dizaine d'individu vient de quitter le couvert des buissons et trotte aussi vite qu'ils le peuvent vers moi ! Je n'en avais pas eu plus de cinq à la fois et ça devient carrément dangereux, là ! Je serre le poing sur ma hache noircie par leurs explosions et me prépare à la baston.

Woosh !

Un coup de vent... Non, comme le bruit d'une lame. Ça vient de passer au-dessus de ma tête et...

Bwoom !!!

Une explosion de terre, de ténèbres éclatées et de bouts de bois a lieu devant moi. J'en sens le souffle mais les débris vont dans les autres directions. Comme s'il y avait eu un coup de bazooka. J'en reste comme deux ronds de flancs. Deux autres grands groupes de ces bestioles viennent encore dans ma direction et à deux reprises ce vent explosif passe près de moi et les pulvérise. Alors que les débris finissent de retomber et de s'immobiliser, plus rien ne bougeait entre les buissons. L'assaut venait de finir, faute de chair à canon.

Alex : Heu... Il vient de se passer quoi, là ?

*** : Troisième lame de l'école Shinden. Le Vent dans les Arbres.

La voix d'une femme. Elle vient de derrière moi !

Je sursaute et me retourne. Elle est grande, habillée d'une espèce de kimono de combat blanc avec des plaques de cuir marron ornées de dessins tressés avec des fils multicolores liées aux bras, jambes et un plastron délicatement décoré lacé autour de la poitrine. Ses très longs cheveux bleus sombre sont tirés en une queue de cheval remontée haut sur l'arrière de sa tête. Son visage pourrait être agréable si son expression n'était pas aussi dure et froide. Reposant sur son épaule, un sabre courbe fin et long, dont la lame brillante fait plus d'un mètre au moins.

Une tueuse. Aucun doute là-dessus.

Ah...

Je suis encore à poil.

Je baisse mes yeux et constate que je me suis pris tant de ce jus noir que l'expression tenue d’Adam n'est plus valable.

*** : Ces KuroNekos sont pénibles... Me pourchasser ainsi du plus profond des bois. Quel manque de savoir-vivre.

Alex : C'étaient des KuroNekos ces trucs ? Première fois que je vois ça.

*** : Hum...

Alex : Oui ? Un problème ?

L'inconnue semble être agacée. Autre chose dans les alentours ? Non, son regard est fixé sur moi.

Alex : Laissez-moi le temps de me laver et je me rhabille. Pas la peine de me fixer comme ça...

Sur la fin de ma vie ce sont des infirmières qui m'ont fait ma toilette. J'y ai perdu le peu d'intimité et de dignité qui me restait. Donc, le regard de cette inconnue... Surtout que mon service trois pièce de gamin n'est pas vraiment glorieux.

*** : Il suffit ! Tes parents ne t'ont donc rien appris ?

Alex : Je ne me rappelle plus d'eux.


La colère de l'inconnue sembla baisser en intensité mais couvait encore sous les cendres.


*** : Oh... Shin-Okonda ?

Alex : Bingo ! Enfin, oui, voilà. Je viens ici pour chercher du petit bois et plein de ces... Hé !

Je suis entouré de petites particules lumineuses multicolores. C'est le jus noir qui me recouvre qui disparaît ! En regardant autour de moi, je vois que ce n'est pas que sur ma personne : les tas de matière marquant les emplacements de mes victoires sont en train de s'évaporer. Au bout de quelques instants, il ne reste plus rien... Ah, si il y a des grumeaux noirs par-ci par-là et quelques taches insistantes sur ma peau. La guerrière semblait s'amuser de ma surprise.

*** : Première fois que tu assiste au Retour ?

Alex : Oui. C'est plutôt agréable à voir... Bon, à part ça c'est quoi votre problème avec moi ?

*** : Une digne guerrière de l'école Shinden vient de te sauver la vie. Il est normal dans ces situations de la remercier et de lui faire un don pour sa bravoure.

Alex : Nan...

*** : Quoi ! Mais quel malpoli ce...

Alex : Tu l'as dit, queue de cheval. C'est toi qui me les as ramenés dessus.

*** : Heu...

Alex : Tu as créée un problème et tu l'as résolu. Bravo pour l'efficacité mais ça aurai été mieux d'éviter de mettre en danger ma peau au passage.

Gros silence.

Je croise les bras, agacé. Pas vraiment par cette femme mais par ce que ça m'apprend sur la mentalité locale. Même cette guerrière qui semble avoir assez d'empathie pour venir en aide à quelqu'un et assez de tolérance pour ne pas me sabrer pour mon arrogance de sale gamin semble obéir à un code moral plutôt primitif. Le genre que je vois depuis que je suis arrivé ici, à savoir la force fait le droit. Je lui pose la question directement.

*** : Hein ? Heu... Hé bien, effectivement, plus un guerrier ou un mage est puissant, plus il est respecté. Il y a bien des guerriers qui abusent de leur position mais...

Oh que je n'aime pas la pause. Elle se gratte l'arrière du crâne, visiblement agacée par des souvenirs peu agréables.

*** : Si tu n'aimes pas ta situation, deviens plus fort. Ou soit l'allié de quelqu'un de puissant. C'est ainsi que les choses se passent en Yamato-dan. La voie du Bushido !

Elle le pense vraiment...

Je pousse un profond soupir et la dépasse, décrochant ma tunique. Elle est loin d'être sèche mais ça commence à être ridicule de me promener à poil. Je retourne un coup au fleuve pour nettoyer les dernières tâches persistant sur mon corps, laissant la tenue sur une pierre.

Alex : Désolé...

*** : Plaît-il ?

Alex : Désolé de m'être énervé. J'ai failli crever de faim, de maladie, je joue à cache-cache avec des voyous qui me veulent pas du bien et personne ne me fait assez confiance pour me laisser entrer en ville. C'est pas exactement comme ça que j'envisageais de démarrer ma vie...

Ou plutôt la redémarrer. Mais elle n'est pas censée le savoir. J'ai fini ma toilette et enfile ma tunique trempée, la laçant autour de ma taille.

Alex : Bref, ces derniers jours n'ont pas vraiment été excellents sur tous les rapports. Rien ne vous obligeait à revenir sur vos pas pour aider un gosse des rues. Alors merci.

Yamato-dan m'a à présent prouvé qu'il peut m'envoyer des paquets de saletés pour me pourrir l'existence. Il vaut mieux que je... minute...

Alex : J'embarque ce petit bois et je retourne à l'Union pour finir ma mission. Je peux vous accompagner sur le chemin du retour ?

*** : Une escorte ? Moi ?

Alex : Je vais retourner un paquet de fois dans ces bois pour faire du ramassage. Si vous pouviez me dire de quoi je dois me méfier, je vous renverrai l’ascenseur.

*** : Renvoyer quoi ?

Alex : Excusez. Si vous m'aidez maintenant je vous rendrai un service en retour. Parole d'honneur.

Je me retourne vers elle et voit que miss queue de cheval me fixe avec des yeux ronds en silence. Puis, tout doucement, il y a comme un crissement.

Elle rit.

Pas le genre de rire que j'aimerais croiser dans le noir. Elle se ressaisit, toussote puis raffermit sa prise sur son sabre.

*** : Soit ! Maintenant que mes poursuivants ne sont plus, inutile de me presser. Je vais t'accompagner jusqu'à l'orée du bois. Je suis Motoko Karuma, guerrière Shinden du cercle intérieur. Quel est ton nom, jeune homme ?

Houla. J'ai oublié de réfléchir à un nom bidon ! Ça m'étonnerais que Alexandre fasse très couleur locale. J'essaye de réfléchir rapidement mais ça se voit.

Motoko : Tu hésite à me dire ton nom ? Ou tu hésite sur celui à utiliser. Je te propose Haiwaken...

Alex : Pardon ?

Motoko : Motoko n'est pas mon nom de naissance. Je l'ai pris quand j'ai choisi la voie des armes. Si tu vis à Shin-Okonda à cet âge c'est que ton identité n'est plus recensée et que tu es libre de prendre le nom que tu souhaite au moment où tu deviendra officiellement un citoyen. Je te propose alors Haiwaken... Il signifie plus ou moins « lame de cendre calme ». Il te va bien, je trouve.

Lame de cendre calme ? Cendre ? Oh, c'est sûrement en rapport avec mes longs cheveux gris. Ils sont bien plus clairs après le lavage dans la rivière. Et le calme ?

Motoko : Tu peut porter ce nom fièrement. Même les disciples de mon école deux fois plus âgés que toi ne seraient pas parvenus à faire face aussi calmement et à éliminer tout ces KuroNekos. Et à chaque fois d'un coup unique.

Haiwaken... Moui... ça le fait.

Haiwaken : Mon nom est Haiwaken. Enchanté de vous rencontrer, dame Motoko.

Motoko : Tout le plaisir est pour moi.

Première fois que je la vois vraiment sourire. Dommage que ça fiche la frousse.

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