Assis sur le sol de terre, les habits en lambeaux, je regarde la tablette.

Système de combat initialisé. Nouveau statut : Voie du guerrier. Ki Niveau 1.

Bon...

D'accord...

Ce devait être quelque chose qui finirait par arriver un jour ou l'autre.

Après tout, il suffit de trois compétences liées au combat pour que ce délire se déclenche.

Je lève les yeux vers mon logis fracassé. Je suis bon pour tout refaire. Et de nuit en plus. Je ne ferais que le plancher pour commencer et il faut aussi que je ramasse tout ce qui est tombé au pied de l'arbre.

Ça aurait pu être pire.

J'aurais pu débloquer trois compétences en magie.

Haiwaken : Essayez de ne pas tout casser, hein ? Merci de me prévenir...

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Je n'ai pas essayé de monter Arme d'hast. Déjà, son niveau est beaucoup trop faible. Ensuite, j'ai carrément la frousse de ce qui risquerait de se passer si j'accumulais quatre compétences liées au combat. Mes habits sont lacérés et je dois les refaire. Heureusement que j'ai Survie au niveau 1 à présent mais ça ne compense pas trop l'absence de fil et d'aiguille de qualité. Un bout d'os de poisson et de fines lianes c'est pas vraiment génial parce qu'il faut que je fasse au moins trois épaisseurs de liens pour que ça tienne. Sans oublier que ça se déchire presque quotidiennement. Il me faudrait tout un jeu de nouvelles fourrures mais c'est pas gagné vu que celles de mon stock on subi le même sort que les habits que j'avais sur le dos.

Bref, je dois une fois de plus redémarrer une bonne partie de mes installations de zéro. C'est pénible mais nécessaire.

Je tente donc une chasse pour mettre la main sur les nécessaires fourrures. Armé de ma lance, j'explore les environs de mon camp tout en gardant un œil sur la carte. A présent qu'elle a passé le cap du niveau 1, elle ne s'affiche plus sur la tablette mais comme une vraie carte qui m'apparaît, flottante, au bord de mon champ de vision. Il me suffit de me concentrer dessus pour qu'elle se déroule tel un parchemin ou qu'elle disparaisse totalement.

Sans surprises, je dois m'éloigner de plusieurs centaines de mètres de mon campement avant de voir quelque chose s'afficher.

Un point rouge. Une de ces araignées vu le bruit venant de cette direction. Je cherchais plutôt un animal à fourrure mais tant pis, ce Yokai finirait par me pourrir la sieste de toute façon. Je progresse discrètement à couvert des buissons jusqu'à une dizaine de mètres de la bestiole qui... beurk... est en train de boulotter une espèce de cerf aux bois magnifiques. Rampant entre les arbres court, ma progression silencieuse m'amène à portée de ma cible. Je bondis de ma cachette et frappe d'un coup vif, exploitant toute la longueur de la hampe au point de ne tenir la lance que par son extrémité avec la main droite pendant que la gauche sur le fût de l'arme guide le coup. Pieds fixés fermement au sol. Pivoter le torse, les épaules. Viser le centre du corps. Se préparer à la retraite si le coup rate et...

Sprouitch!

Oh ?

La créature est pulvérisée. Le Tamagane tombe lourdement au sol et les pattes sont dispersées alentour comme si j'avais usé d'une grenade.

Gné ?

Il s'est passé quoi, là ?

Urgence ! Mise à niveau de l'interface !

Les muscles se réchauffent...

Et merde...

Je me déshabille avant le début des crampes et prie que je ne vais pas détruire une fois de plus mes affaires.

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Tout s'est bien passé.

Il m'a fallu un bout de temps pour comprendre le changement vu que j'avais tendance à ne plus passer par le menu principal, habitué que je suis au faible contenu de la tablette. Et pourtant, c'était là...

Bienvenue, utilisateur 1. Quelles sont vos commandes ?

1. Statuts

2. Inventaire

3. Compétences

4. Techniques

5. Magies

6. Spiritismes.

7. Améliorations

Voie du guerrier. Ki Niveau 1.

Okay... Magies et Spiritismes ne donnent rien. Juste des pages vides. Je m'y attendais pour Magies mais vu que je n'ai pas la moindre idée de ce qu'est la nouvelle catégorie, je la range dans la catégorie mauvaises nouvelles. J'espère que l'éveil ne sera pas aussi brutal que pour les Techniques.

Il s'agit en fait de techniques de combat. Des genres de coups qui ont un effet supplémentaires au moment de toucher son adversaire. Je les nourris avec le Ki et, en échange, j'ai une meilleure force de frappe.

Lame de destruction. Fournis un surplus de puissance à l'impact. Niveau 1.

J'ai essayé de l'améliorer en répétant le mouvement. Ça m'avait paru si naturel quand j'ai visé l'araignée... Au final, je n'y arrive qu'une fois sur cinq et, surtout, au bout de trois coups réussi je commence à souffrir de crampes.

Les mêmes que celles de l'espèce d'éveil.

Je sens que mes périodes de méditation vont doubler...

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Le guerrier rassemble les affaires et recouvre les braises du feu par de la terre. Enfin il va retourner à l'école ! Ces expéditions dans les donjons ne sont pas sa tasse de thé. Marchant sur la voie de la lame noble, il est à la recherche des gestes parfaits et de la beauté martiale. Son terrain d'expression est la cour d'entraînement, au centre de l'attention des élèves et des maîtres des arts martiaux.

Pas dans ces camps grossiers et temporaires, à pénétrer dans ces pièges mortels remplis de monstres et, horreur suprême à son sens du goût, de slimes.

Avec les six autres élèves de l'école Shinden, ils sont allés assez profondément cette fois, au point de revenir avec des Tamagane de taille main. Au moins, il a récupéré un peu de mérite et les instructeurs lui ficheront la paix pendant quelques temps !

Minute...

Où est-elle ?

Une fois de plus, Motoko a disparu.

Motoko Karuma est une excellente guerrière. Et c'est malheureusement sa seule qualité à ses yeux. Grossière, absolument pas versée dans le moindre art ou autre loisir, elle ne vit que pour l'épée et est la prunelle des yeux de l'instructeur Ishima, l'un des meilleurs guerriers de la région.

Il se concentre un peu et lance une vague de reconnaissance. Faible, juste pour sentir les ondes les plus familières. Il sent les membres de son équipe et... oui, à un kilomètre d'ici, mademoiselle Karuma se rapproche.

Faisant comme si de rien n'était, remballant ses affaires comme s'il n'était pas furieux, Shindo Mosuke attends sa rivale.

Shindo : Encore en promenade ?

Motoko : Oui...

Elle fait toujours ça. A la moindre occasion, elle file en forêt pour se livrer à ses propres exercices et refuse que qui que ce soit l'accompagne. La suivre contre sa volonté est synonyme de passer la semaine suivante à l'infirmerie avec comme seule compagnie des blessures graves et multiples pour avoir trébuché sur une racine.

Les guerriers de Shindens préfèrent qu'on se fiche d'eux pour avoir trébuché que de répondre à l'instructeur Ishima concernant une filature en pleine forêt de son élève préféré. On peut se remettre de blessures à son amour-propre au moins.

Shindo : Et tu as découvert un monstre qui en valait la peine ?

Mosuke ne prenait même plus la peine de cacher le mépris dans sa voix.

Motoko : Oh que oui... Hé hé hé...

Elle... rit ? Choqués, tous les élèves regardèrent en direction de la bretteuse. La tenue est impeccable et il n'y a pas trace de sang sur la lame posée sur son épaule. Mais ce sourire... ce rire qui secoue les épaules... Un frisson partagé parcours les élèves.

Motoko : Un monstre... Un vrai... Pas un Yokai... Un de ceux qui changent les cartes. Les coutumes. Les pays. Les cœurs. Hé hé hé...

Shindo : Karuma ! Si un tel monstre existe, il faut le neutraliser au plus vite !

Le rire s'arrêta immédiatement et l'ambiance changea du tout au tout. Une onde de ki meurtrière émergea de la guerrière et les frappa, les forçant à reculer et dispersant la poussière alentour.

Motoko : Personne ne le touche... Personne ! Compris !

Puis, la guerrière semblant se ressaisir, l'assaut cesse et elle marcha tranquillement vers sa couche, réunissant ses affaires avant de mettre le sac sur son dos.

Motoko : Il n'est pas encore mûr. Pas au point. Trop jeune.

Shindo : Karuma ! Je me permets d'insister, au nom de l'école, de la cité d'Okonda et de Yamato-den, on ne peut laisser grandir des menaces si on en connaît l'existence !

Motoko : Des menaces ? Quelles menaces ?

Elle n'a jamais été douée pour mentir et tous ses collègues se rendirent compte qu'elle avait véritablement l'air étonnée des paroles de Shindo. Il toussota, se reprenant et essayant d'avoir l'air aussi noble que possible.

Shindo : Hé bien, le monstre ! Cette terreur dont tu parles, Motoko. En tant que pratiquant de la voie de la lame, c'est notre but sacré que de les occire !

S'il pouvait avoir la preuve que le comportement excentrique de la guerrière met en danger la région ce sera un avantage décisif pour lui au sein de l'école.

Motoko : Mais de quoi tu parles ?

Grosse gêne. Le jeune homme s'énerva.

Shindo : Ne nous prends pas pour des imbéciles. Tu as parlé d'un monstre. Tu nous as même menacés si on voulais l'éliminer.

Motoko : Oh, ça ? Affaires personnelles !

Shindo : Quoi ?

Motoko : Je ne dis rien quand tu drague les jeunes élèves ou traîne le soir dans les bars. Ne viens pas mettre ton nez dans mon programme d'entraînement.

Shindo : Un... entraînement ?

Elle finit d'arranger ses affaires, rangeant le sabre dans son fourreau et mettant un chapeau de paille sur sa tête.

Motoko : Tout le monde a ses objectifs. Moi je me suis trouvé qui vaincre dans vingt ans. Bon, on y va ?

Tout le monde la regarda s'éloigner pendant quelques instants avant de secouer les épaules et de réunir leurs propres affaires. Toute l'école savait que les plus doués étaient toujours un peu excentriques et Karuma ne dérogeait pas à cette règle. Ils se sont battus à ses côtés pendant des jours et la savent fiable, courageuse et humble. Ils sont prêts à tolérer des défauts comme un esprit tortueux dans sa recherche d'adversaires à surpasser.

Tant qu'il ne s'agit pas d'eux.