Les choses commencent plus ou moins à se tasser pour mon corps.

Déjà, pour commencer, la tablette accepte d'augmenter mes stats au-delà de 15. Je ne le fais pas pour le moment, ne serait-ce qu'à cause du coût de l'opération. Je ne peux pas mettre de points dans l'histoire de Ki Niveau 1 ce qui signifie que ce score est soit le résultat d'un entraînement spécifique, soit le produit d'un calcul avec les niveaux des compétences de combat. Mes méditations m'ont permis de plus ou moins purger mes méridiens magiques et mes canaux d'énergie Ki. Ce n'est pas encore parfait mais j'arrive à frapper une ou deux fois de plus avant le début des crampes. Et il reste le fait de me débrouiller tout seul...

Survivre sans aide en forêt prends déjà beaucoup de temps pour un individu ayant suivi une formation en ce sens. Je triche un peu grâce aux packs de nourriture et au fait que je ne cherche pas à construire une installation en dur capable de survivre à l'hiver. Oui, j'ai toujours l'intention de rentrer dans cette ville. Mon trésor devrait me permettre d'avoir quelques moyens financiers et ma vigueur retrouvée me débloquera des missions plus gratifiantes à l'Union.

Je ne me fais pas beaucoup d'illusions par contre sur mes capacités telles qu'elles seront perçues par les habitants de ce monde. Même si ça fait des semaines que je m'entraîne comme une bête, je ne suis que niveau 1 dans la catégorie guerrier et mon arme principale pour maintenir les Yokais à distance, la lance, est encore au niveau -17.

Un gamin capable de défendre chèrement sa peau mais un gamin tout de même.

Les frappes de Ki sont trop aléatoires. Une réussite sur cinq à l'entraînement et une sur deux au combat. Le stress doit aider... Je continue encore mes chasses, traquant les Yokais des environs. Pas dans un délire de poursuite de l'art martial ultime, hein ! Il me faut toujours des fourrures pour ne pas avoir peur de perdre mon pantalon.

Si j'utilise la lance plutôt que la hachette ou le couteau c'est pour une raison bien simple : l'onde de choc libérée lors de l'usage de la Technique me fait mal. Je ne le remarque pas avec la lance vu que les dégâts ont lieu loin de moi mais vu les coupures sur les doigts que j'ai eu en tentant de m'entraîner au couteau, je vais me concentrer sur l'usage de la lance pour le moment.

C'est mieux pour mon épiderme.

Le passage au niveau 1 a aussi changé des choses pour certaines compétences. Par exemple, j'ai plus d'informations sur les plantes utiles à la survie ainsi que des conseils sur leur utilisation. J'ai ainsi pu préparer une pâte cicatrisante ou encore extraire une résine sucrée délicieuse. Le DLC ne me donnait au final que les trucs les plus basiques. C'est un peu la même chose pour Construction où j'arrive à présent à gérer la construction d'un foyer et l'évacuation des fumées.

Pas pour autant que je vais faire ça pour ma cabane dans les arbres ! Pas fou non plus parce que jusqu'à preuve du contraire, le bois ça brûle !

Bref, sur le plan des besoins matériels, ça va de mieux en mieux.

Pour le côté magique, ça fait un peu bizarre. Le fait de savoir que j'ai des espèces d'organes surnuméraires dans mon corps c'est une chose. Après tout, je n'ai palpé aucune bosse sous ma peau avant de l'apprendre et je n'arrive toujours pas à les détecter depuis. Mais sentir des variations de mana autour de soi, c'en est une autre. Je me fais l'effet de ces charlatans qui parlent de sentir les esprits ou d'ouvrir ses chakras. Sauf que c'est pour de vrai cette fois.

Attends...

C'étaient peut-être de vrais magiciens sur Terre ?

Huumm ?

Non.

Pour le bien de ma santé mentale, on va dire qu'il n'y a pas de magie sur Terre.

Déjà, si c'étaient de vraies sorcières au moyen-âge, ce ne sont pas elles qui auraient fini grillées.

Ma maîtrise du mana consiste surtout à sentir les flux autour de moi dans un rayon de deux mètres. Je peux différencier les différents type d'énergie et les concentrer pour avoir un effet. Par exemple, prendre la chaleur crée par les rayons du soleil sur une pierre pour la transférer sur le petit bois et démarrer un feu. Ou aspirer l'humidité de l'air pour remplir le fond d'un bol de bois avec de l'eau fade et fraîche. Cela tient des tours de passe-passe mais ça augmente rapidement mes niveaux dans les Compétences magiques.

Ainsi que dans Magie Élémentaire. Quand j'arriverai à +1 pour celle-là, il vaudra mieux que je me trouve à poil au beau milieu d'un désert. Je sens venir les gros ennuis...

Deux semaines après, alors que j'ai fini de faire le plein en fourrures et que je suis à nouveau bien équipé, je me réveille un matin en sentant comme un malaise. C'est l'Instinct de Danger. Je sors de sous les draps grossiers et empoigne la lance, me relevant doucement dans ma cabane pour ne pas faire de craquements révélateurs. J'écarte furtivement les fourrures déchirées formant ma porte. Rien en vue.

Carte ?

Rien.

Pas de points rouge à proximité.

Pourtant, le malaise est encore là ce qui m'agace tout en me faisant peur. C'est la première fois que je vis ça. Normalement, dès que je suis prêt au combat la sensation désagréable de se sentir visé disparaît mais là elle reste en place et... Oui, je crois qu'elle s'intensifie.

J'ai détecté un truc plus loin ?

Je dé-zoome la carte. Non, sur deux cent mètres à la ronde, rien à signaler. J'agrandis encore jusqu'à arriver au bidonville, me demandant si je détecte un danger pour mes alliés. Non, rien non plus... Minute. Pourquoi la bordure de la carte est en rouge à l'est. Je fais encore reculer davantage le point de vue, l'espace connu devenant une simple tâche au milieu de la carte et...

Merde !

Une grosse tâche rouge se trouve sur la droite, vers l'est justement.

Je zoome un peu dessus et... oui, elle se déplace.

Vers la ville.

Est-ce que c'est une armée ? Pas la moindre idée mais mon instinct me hurle, très clairement, que je ne peux pas espérer éviter ça même en étant planqué au milieu de cette forêt.

Je réunis mes affaires les plus vitales. Le kit de survie, mon sac en toile et bouts de bois, mes armes et vêtements. Pour les trésors, je creuse un trou grâce à la magie et ma hache avant de les mettre dedans en compagnie de mon matériel de cuisine. Je couvre le tout de ma plus grande fourrure et rebouche avec la même magie de terre. Pour plus de sûreté, je met aussi une pierre plate par-dessus.

Voilà.

Maintenant, courir. Et vite !