Chapitre 21 : Récompenses pour services rendus.
Au sein de la salle d'honneur se déroulait une cérémonie rituelle pour récompenser les personnes s'étant le plus distinguées lors de la bataille. Le seigneur Oko n'était qu'un samouraï de faible importance gérant un domaine surtout rural et peu de nobles ont fait le déplacement. La plupart des invités extérieurs sont des chefs miliaires intrigués par la ruée et étant venus aux nouvelles pour obtenir officiellement des explications. Leurs espions doivent déjà savoir le plus gros mais ils sont tout de même venus par politesse. Et aussi parce qu'aucun d'entre eux ne peut résister à la possibilité de voir à quoi ressemblent les meilleurs guerriers dans d'autres cités que les leurs.
Les invités sont assis sur des coussins à la droite de la pièce. Sur la gauche se trouvent les hommes de confiance du seigneur et, à ses côtés, Hotomura le chef de son armée comme maître de cérémonie. Face à lui se trouvent les différentes personnes invitées, agenouillées plus ou moins loin de l'estrade officielle selon l'ordre du rang social ou sa force. C'est aussi l'ordre dans lequel les récompenses seront données. Une fois que le guerrier eu finit le discours honorant les dieux et l'empereur, il appela le premier récompensé.
Hotomura : Maître alchimiste Xian. Un pas en avant.
Il s'exécuta. Normalement, il aurait dû passer après les écoles mais ces dernières sont aussi punies pour avoir accumulées les dettes qui ont beaucoup aidées les mutins à envenimer la situation. Homme âgé vêtu d'une robe blanche ornée de décorations vertes sur le thème des plantes et de la nature, il reste digne et respectueux, étant un habitué des lieux.
Hotomura : Pour avoir fourni quantité de philtres, baumes et médicaments aux blessés sans paiement et avoir laissé l'usage de votre hôpital aux blessés sans demande du moindre frais, vous avez la gratitude du seigneur Oko. Recevez en récompense ces quelques objets du trésor qui devraient vous satisfaire.
À ce moment un serviteur pénètre dans la pièce, portant un grand plateau couvert d'un tissu richement brodé. Il le pose devant l'alchimiste et le découvre, révélant une perle verte à la surface trouble et trois flacons de verre de forme variées. L'homme en a le souffle coupé. Des années d'expérience en lutte politique lui permirent de garder le contrôle et de s'incliner plus avant encore.
Xian : Mille merci, mon seigneur.
Le serviteur ramassa alors le plateau et sortis de la pièce. Le cadeau sera récupéré de façon plus prosaïque des mains du gestionnaire des stocks plus près de l'entrée du palais.
Hotomura : Maître Shugenja Yuru Kam. Un pas en avant.
L'homme d'une cinquantaine d'années à la longue barbe grise et aux moustaches du même calibre s'avance d'un pas. Mage très puissant venu en costume de cérémonie rehaussé d'or il en impose jusqu'à la taille avec son double mètre tout en membres secs et noueux.
Hotomura : Pour votre initiative qui a immobilisées les tentatives de débordement ennemi jusqu'à la fin de la bataille le seigneur Oko vous offre dix parchemins de sorcellerie vierge de cinquième niveau. Nous sommes certains que vous les utiliserez pour le bien de la cité.
Une fois que le serviteur fut reparti avec les rouleaux magique, ce fut le tour de la personne suivante.
Hotomura : Le maître-instructeur Kakura de l'école Jumoken. Un pas en avant.
Venu dans une armure de cuir et de métal assez basique, l'instructeur est beaucoup plus sobre. Les habits sont propres mais le nombre d'entailles rafistolées et d'impact débosselés prouvait que cette tenue avait déjà vu des batailles plus d'une fois. L'école était discrète, n'ayant pas de guerriers de haut niveau ou de puissant Shugenja. Mais ses membres sont nombreux et présents dans la plupart des forces armées de la cité une fois arrivés à la fin de leur formation, raison pour laquelle ce genre de tenue n'est pas prise pour une insulte.
Hotomura : Pour récompenser la bravoure dont ils ont fait preuve, les membres de l'école qui ont participé au combat en première ligne pourront choisir le poste de leur choix au sein des forces du seigneur Oko une fois leur formation terminée. Qu'ils continuent d'honorer votre école pendant longtemps ! Instructeur Ishima de l'école Sinden. Un pas en avant.
N'importe quel autre représentant de Shinden aurait pris pour une insulte mortelle le fait de le faire passer après l'école Jumoken. Même si ils n'ont que le quart des élèves en quantité, presque tous sont de très haut niveau pour la région avec un grand-maître du huitième niveau dans l'élévation de Ki ! Mais Ishima n'en a cure. Sans les pires menaces de mort de son employeur, il serait venu en pyjama. Énorme guerrier à la masse musculaire presque surnaturelle, on ne dirait pas qu'il est le plus âgé dans la pièce, conservé qu'il est par la puissance du Ki qu'il exhale. Ses cheveux noirs veinés de gris longs et en bataille encadrent un visage souriant et balafré. Habillé de peaux de bêtes sur son dos et sa taille, il laisse sa puissante poitrine à l'air libre. Vu que ces fourrures impressionnantes viennent de créatures qu'il a vaincu en combat singulier, personne ne fait la moindre remarque.
Hotomura : Pour l'initiative et la diversion fournie au moment critique de la bataille, le seigneur Oko vous donne une lettre d'introduction au maître-forgeron Miura. Il vous fera trois lames. Choisissez soigneusement.
Ishima : Ce sera fait...
Les suivants étaient les soldats des portes sud et est. Comme prévu, ils reçurent des marques de gloire qu'ils étaient autorisés à porter sur leur armure et une gratification en argent et en privilèges. Les derniers à passer furent les mercenaires, représentés par leur chef, Hiromi. Plus habitué aux forêts ou aux vastes plaines, l'homme au visage et pelage de loup noir est assez mal à l'aise. Heureusement qu'il se trouve derrière tous ces gens car sa tenue n'était qu'un habit de ville propre et bien coupé acheté pour l'occasion. Il trouvait que ça ne lui allait pas mais sa tenue officielle est restée à son camp de base, ne s'attendant pas un soucis protocolaire sur le trajet jusqu'aux forêts de l'est.
Hotomura : Pour le dévouement de vos hommes et leur victoire finale sur le chef de la meute par leurs flèches bien placées, le seigneur Oko sort de l'arsenal dix arcs de troisième rang de Ki. De plus, vous voilà autorisé à acheter un local au sein de la cité d'Okonda où vos hommes seront autorisés à se reposer ou s'équiper selon votre bon vouloir.
Avoir la possibilité de contacter à tout moment une troupe de mercenaire fiable est un plus très intéressant. Mais il ne pouvait forcer la main du chef d'entre eux vu qu'il s'agit d'une récompense. Il ne restait plus qu'à attendre la réaction dans les semaines à venir.
La cérémonie finie, le seigneur Oko quitta la pièce signalant le début du départ pour tout le monde une fois que les portes se furent refermées sur son dos. Dans les couloirs ramenant vers l'entrée les rangs sociaux restaient marqués. Les moins haut placés faisaient exprès de traîner le pas ou s'arrêtaient pour discuter entre eux afin de laisser les plus dignes sortir avant eux du palais avec leur récompense. Le chef des mercenaires se trouvait donc avec les soldats et l'instructeur de Jumoken. Quelque chose l'étonnais et il demanda alors aux gens présents s'ils avaient l'information.
Hiromi : Qu'en est-il du jeune guerrier qui s'est illustré tout seul au sein de la mêlée ? Il n'a pas survécu à ses blessures ?
*** : J'ai aussi demandé à mes chefs. Visiblement, il s'est abîmés les chakras dans la bataille. Il en a pour des mois à récupérer.
L'un des soldats lui répondit sur un ton détendu. La perspective de congés allongés a cet effet.
Kakura : J'ai déjà reçu des instructions du palais pour l'intégrer à ma formation de base.
Hiromi : L'école Shinden ne s'en offusque pas ?
Kakura : Notre position est un peu particulière. Nous sommes une école de sabre mais nous formons aussi toute la population lors des instructions obligatoires. Ce jeune guerrier n'a pas eu de maître et sa façon de se battre est imprudente. Il a besoin de barrières, qu'on lui impose des limites. Ce n'est pas ce … désinhibé ... d'Ishima qui lui en donnera.
La conversation ensuite repartis vers l'état des blessés. Vu que ce sont leurs groupes qui ont fait l'essentiel des combats il y avait une inquiétude respective sur la rémission de leurs frères d'arme. Vu que tout ce monde était resté à l'arrière, personne ne vit le visage colérique de l'alchimiste quand il sortit du palais. Il monta dans son chariot d'apparat et les deux chevaux se mirent au pas, prenant la direction de ses quartiers. Le bras droit de Xian était troublé par la rage à peine contrôlée du maître des potions.
*** : Y a t'il eu un drame lors de la cérémonie, maître ?
Xian : Non. Tout s'est très bien passé. Et ma récompense est digne de mes attentes.
Il révéla alors la perle entourée des trois bouteilles, coupant le souffle de son subordonné. Vu qu'elle n'avait pas été conservée dans une boîte à cet effet, la perle avait perdu la majorité de ses effets si on voulait en faire un philtre bénéfique et il avait été prévu de lui la confier après des courriers avec l'autorité impériale ce qui était un honneur incroyable mais la présence de ces trois flacons était un choc d'une toute autre amplitude. Le seigneur Xian est connu pour son amour des travaux du verre et il offre à ses meilleurs clients des productions rares découvertes à l'étranger de flacons ou de fioles de formes et de facture raffinées. Il avait eu un choc en découvrant les flasques venant du bidonville car elles étaient non-seulement parfaitement régulières à l'épaisseur d'un cheveu près mais, en plus, totalement identiques. Ce qui signifiait qu'il y avait un maître verrier, quelque part, capable de produire en série un travail impeccable et d'une qualité totalement contrôlée.
La source s'était brutalement tarie après son dernier achat et voilà que trois nouveaux flacons du maître lui tombaient entre les mains ! Même si leur apparence est différente et que leurs formes sont divergentes les unes par rapport aux autres le verre parfaitement pur est une signature claire pour l'expert qu'était le seigneur Xian. Le verrier est toujours là. Quelque part.
Xian : C'est aussi un message clair. Le seigneur Oko a un accès à ce verrier. C'est par lui qu'il faut passer pour avoir ce travail magnifique... Par tous les dieux ! Jamais je ne pourrai m'abaisser à ça ! Le travail de ce maître m'a totalement échappé !
Faire pression sur les gens qui lui sont inférieurs est chose aisé pour un homme du standing de l'alchimiste principal d'une cité. Quémander des faveurs auprès de celui qui assure déjà votre sécurité, celle de la livraison de vos ingrédients et réactifs et qui est aussi un de vos meilleurs clients payant est beaucoup plus périlleux.
Surtout si le verrier a révélé ce qui est arrivé à son précédent vendeur.
Le jeune homme avait fuit la cité dans la journée, disparaissant dans la nature. Il avait lancé ses hommes sur les routes en apprenant la gaffe de son ninja mais il était trop tard. Le vendeur était aussi insaisissable que son maître.
L'avenir ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices.
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